Texte grec :
[7,4,6] Τῆς δὲ Χερρονήσου, πλὴν τῆς ὀρεινῆς τῆς ἐπὶ τῇ θαλάττῃ μέχρι Θεοδοσίας, ἥ
γε ἄλλη πεδιὰς καὶ εὔγεώς ἐστι πᾶσα, σίτῳ δὲ καὶ σφόδρα εὐτυχής·
τριακοντάχουν ἀποδίδωσι, διὰ τοῦ τυχόντος ὀρυκτοῦ σχιζομένη. Φόρον τε
ἐτέλουν ὀκτωκαίδεκα μυριάδας μεδίμνων Μιθριδάτῃ, τάλαντα δ' ἀργυρίου
διακόσια σὺν τοῖς Ἀσιανοῖς χωρίοις τοῖς περὶ τὴν Σινδικήν. Κἀν τοῖς πρόσθεν
χρόνοις ἐντεῦθεν ἦν τὰ σιτοπομπεῖα τοῖς Ἕλλησι, καθάπερ ἐκ τῆς λίμνης αἱ
ταριχεῖαι· Λεύκωνα δέ φασιν ἐκ τῆς Θεοδοσίας Ἀθηναίοις πέμψαι μυριάδας
μεδίμνων διακοσίας καὶ δέκα. Οἱ δ' αὐτοὶ οὗτοι καὶ Γεωργοὶ ἐκαλοῦντο ἰδίως
διὰ τὸ τοὺς ὑπερκειμένους Νομάδας εἶναι, τρεφομένους κρέασιν ἄλλοις τε καὶ
ἱππείοις, ἱππείῳ δὲ καὶ τυρῷ καὶ γάλακτι καὶ ὀξυγάλακτι ( τοῦτο δὲ καὶ ὄψημά
ἐστιν αὐτοῖς κατασκευασθέν πως)· διόπερ ὁ ποιητὴς ἅπαντας εἴρηκε τοὺς
ταύτῃ Γαλακτοφάγους. Οἱ μὲν οὖν Νομάδες πολεμισταὶ μᾶλλόν εἰσιν ἢ
λῃστρικοί, πολεμοῦσι δὲ ὑπὲρ τῶν φόρων. Ἐπιτρέψαντες γὰρ ἔχειν τὴν γῆν
τοῖς ἐθέλουσι γεωργεῖν ἀντὶ ταύτης ἀγαπῶσι φόρους λαμβάνοντες τοὺς
συντεταγμένους μετρίους τινάς οὐκ εἰς περιουσίαν, ἀλλ' εἰς τὰ ἐφήμερα καὶ τὰ
ἀναγκαῖα τοῦ βίου· μὴ διδόντων δέ, αὐτοῖς πολεμοῦσιν. Οὕτω δὲ καὶ δικαίους
ἅμα καὶ ἀβίους ὁ ποιητὴς εἴρηκε τοὺς αὐτοὺς τούτους ἄνδρας· ἐπεὶ τῶν γε
φόρων ἀπευτακτουμένων, οὐδ' ἂν καθίσταντο εἰς πόλεμον. Οὐκ
ἀπευτακτοῦσι δ' οἱ δυνάμει πεποιθότες, ὥστε ἢ ἀμύνασθαι ῥᾳδίως ἐπιόντας ἢ
κωλῦσαι τὴν ἔφοδον· καθάπερ Ἄσανδρον ποιῆσαί φησιν Ὑψικράτης,
ἀποτειχίσαντα τὸν ἰσθμὸν τῆς χερρονήσου τὸν πρὸς τῇ Μαιώτιδι, τριακοσίων
ὄντα καὶ ἑξήκοντα σταδίων, ἐπιστήσαντα πύργους καθ' ἕκαστον στάδιον ἕνα.
Οἱ δὲ Γεωργοὶ ταύτῃ μὲν ἡμερώτε ροί τε ἅμα καὶ πολιτικώτεροι νομίζονται
εἶναι, χρηματισταὶ δ' ὄντες καὶ θαλάττης ἁπτόμενοι λῃστηρίων οὐκ
ἀπέχονται, οὐδὲ τῶν τοιούτων ἀδικιῶν καὶ πλεονεξιῶν.
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Traduction française :
[7,4,6] A l'exception de cette chaîne de montagnes qui borde la côte
jusqu'à Théodosie, la Chersonnèse ne se compose guère que de
plaines, et partout elle offre l'aspect de la fertilité : en blé, notamment,
elle est d'une richesse extrême, et le sol, remué avec le premier engin
venu, y rvend trente fois la valeur de la semence.
Jointe au district asiatique de la Sindique, elle payait à Mithridate un
tribut annuel de 180.000 médimnes de blé et de deux cents talents
d'argent. C'était elle aussi anciennement qui approvisionnait la Grèce
de blé, comme le Maeotis l'approvisionnait de salaisons, et l'on assure
que le tyran Leucon expédia, une année, de Théodosie pour Athènes
jusqu'à 2.100.000 médimnes de blé. Ajoutons qu'on donnait à ces
mêmes Scythes de la Chersonnèse le nom particulier de Geôrgi ou de
Laboureurs, pour les distinguer des Scythes qui habitent au-dessus de
l'isthme et qui mènent la vie nomade, se nourrissant surtout de viande
de cheval et de fromage et de lait de jument, non seulement de lait
frais, mais aussi de lait aigre, qui, préparé d'une certaine façon,
constitue même leur mets favori, et justifiant ainsi la dénomination de
Galactophages appliquée par Homère à toutes les populations de ces contrées.
Ces Scythes nomades ont plutôt les moeurs guerrières qu'ils n'ont le
goût du brigandage, et encore ne font-ils la guerre que pour exiger les
tributs qui leur sont dus. Habituellement, en effet, ils laissent la terre à
qui veut la cultiver, se contentant de prélever sur le tenancier quelques
modiques redevances, calculées de façon, non à les enrichir, mais à
défrayer les nécessités de leur vie et leurs besoins de chaque jour. Il
peut arriver seulement que le tributaire refuse de payer, auquel cas ils
lui font la guerre.
D'après cela on conçoit la double qualification de justes et d'abiens
donnée par Homère à ces peuples, qui n'auraient, en effet, jamais
l'idée de faire la guerre, si le tribut qui leur est dû était régulièrement
acquitté, mais en général on le refuse du moment qu'on se croit assez
fort soit pour repousser aisément une attaque de leur part, soit pour
leur fermer tout à fait l'entrée de son pays, comme fit Asandre, au
rapport d'Hypsicrate, en barrant l'isthme de la Chersonnèse, cet isthme
voisin du Maeotis, et dont la largeur est de 360 stades, au moyen
d'une muraille et de tours élevées de stade en stade.
On prête généralement aux Geôrgi de la Chersonnèse des moeurs
plus douces et plus policées qu'aux autres Scythes ; mais, comme ils
sont âpres au gain et qu'ils ont essayé de la mer, ils ne se font pas
toujours scrupule d'exercer la piraterie et de commettre tels autres
actes de violence et de déprédation.
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