Texte grec :
[7,3,18] Ἅπασα δ' ἡ χώρα δυσχείμερός ἐστι μέχρι τῶν ἐπὶ θαλάττῃ τόπων τῶν
μεταξὺ Βορυσθένους καὶ τοῦ στόματος τῆς Μαιώτιδος· αὐτῶν δὲ τῶν ἐπὶ
θαλάττῃ τὰ ἀρκτικώτατα, τό τε στόμα τῆς Μαιώτιδος καὶ ἔτι μᾶλλον τὸ τοῦ
Βορυσθένους {καὶ} ὁ μυχὸς τοῦ Ταμυράκου κόλπου, {τοῦ} καὶ Καρκινίτου, καθ'
ὃν ὁ ἰσθμὸς τῆς μεγάλης χερρονήσου. Δηλοῖ δὲ τὰ ψύχη, καίπερ ἐν πεδίοις
οἰκούντων· ὄνους τε γὰρ οὐ τρέφουσι (δύσριγον γὰρ τὸ ζῷον), οἵ τε βόες οἱ μὲν
ἄκερῳ γεννῶνται, τῶν δ' ἀπορρινῶσι τὰ κέρατα (καὶ γὰρ τοῦτο δύσριγον τὸ
μέρος), οἵ τε ἵπποι μικροί, τὰ δὲ πρόβατα μεγάλα· ῥήττονται δὲ χαλκαῖ ὑδρίαι,
τὰ δ' ἐνόντα συμπήττεται. Τῶν δὲ πάγων ἡ σφοδρότης μάλιστα ἐκ τῶν
συμβαινόντων περὶ τὸ στόμα τῆς Μαιώτιδος δῆλός ἐστιν. Ἁμαξεύεται γὰρ ὁ
διάπλους ὁ εἰς Φαναγόρειαν ἐκ τοῦ Παντικαπαίου, ὥστε καὶ πλοῦν εἶναι καὶ
ὁδόν. Ὀρυκτοί τέ εἰσιν ἰχθύες οἱ ἀποληφθέντες ἐν τῷ κρυστάλλῳ τῇ
προσαγορευομένῃ γαγγάμῃ, καὶ μάλιστα οἱ ἀντακαῖοι, δελφῖσι πάρισοι τὸ
μέγεθος. Νεοπτόλεμον δέ φασι, τὸν τοῦ Μιθριδάτου στρατηγόν, ἐν τῷ αὐτῷ
πόρῳ θέρους μὲν ναυμαχίᾳ περιγενέσθαι τῶν βαρβάρων, χειμῶνος δ'
ἱππομαχίᾳ. Φασὶ δὲ καὶ τὴν ἄμπελον ἐν τῷ Βοσπόρῳ κατορύττεσθαι χειμῶνος,
ἐπαμώντων πολὺ τῆς γῆς. Λέγεται δὲ καὶ τὰ καύματα σφοδρὰ γίνεσθαι, τάχα
μὲν τῶν σωμάτων ἀηθιζομένων, τάχα δὲ τῶν πεδίων ἀνηνεμούντων τότε, ἢ
καὶ τοῦ πάχους τοῦ ἀέρος ἐκθερμαινομένου πλέον, καθάπερ ἐν τοῖς νέφεσιν οἱ
παρήλιοι ποιοῦσιν. Ἀτέας δὲ δοκεῖ τῶν πλείστων ἄρξαι τῶν ταύτῃ βαρβάρων ὁ
πρὸς Φίλιππον πολεμήσας τὸν Ἀμύντου.
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Traduction française :
[7,3,18] La température est extrêmement rigoureuse dans tout le pays situé
au-dessus de la côte comprise entre le Borysthène et l'embouchure du
Maeotis et sur les points les plus septentrionaux de la côte elle-même,
c'est-à-dire à l'embouchure du Maeotis, et plus encore à l'embouchure
du Borysthène et au fond du golfe Tamyracès ou Carcinitès dans le
voisinage de l'isthme de la grande Chersonnèse. On retrouve là,
malgré l'absence de montagnes, tous les caractères des contrées les
plus froides : ainsi les habitants ne peuvent pas élever d'ânes, animal,
comme on sait, très sensible au froid ; leurs boeufs n'ont point de
cornes, ou, quand ils en ont, il faut les leur scier, parce que c'est la
partie de leur corps sur laquelle le froid a le plus de prise ; leurs
chevaux sont petits, leurs moutons, au contraire, sont de grande taille ;
enfin l'on y voit souvent les aiguières en cuivre éclater par suite de la
congélation du liquide qu'elles contiennent. Mais c'est surtout par ce
qui arrive à l'embouchure du Maeotis qu'on peut juger à quel point
l'hiver ici est rigoureux : les chariots, en effet, traversent aisément sur
la glace de Panticapée à Phanagorie, et le canal se trouve ainsi
converti en chaussée ; de plus, pour peu qu'on y creuse, on trouve des
poissons pris dans la glace, notamment des antacées, poissons à peu
près aussi gros que des dauphins, et qu'on en retire au moyen
d'engins nommés gangamés ; le même détroit vit aussi, dit-on,
Néoptolème, l'un des lieutenants de Mithridate, battre les barbares,
l'été, dans un combat naval, et, l'hiver, dans un combat de cavalerie ;
enfin l'on assure que, dans tout le Bosphore, on enfouit la vigne durant
l'hiver sous de grands amas de terre. Ajoutons que les chaleurs de
l'été passent pour être ici également très fortes, soit que les corps des
habitants aient perdu l'habitude du chaud, soit qu'en cette saison les
vents ne soufflent jamais sur ces vastes plaines, soit qu'un air épais
s'échauffe naturellement davantage, comme il arrive pour les nuages
ou vapeurs dans lesquels se forment les parélies.
De tous les chefs qui ont pu régner sur ces barbares, le plus puissant
paraît avoir été cet Atéas, qui fit longtemps la guerre à Philippe, fils d'Amyntas.
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