HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Strabon, Geographica, livre VII

σπάνιον



Texte grec :

[7,3,7] Νυνὶ δὲ περὶ Θρᾳκῶν ἐλέγομεν, Μυσῶν τ' ἀγχεμάχων καὶ ἀγαυῶν Ἱππημολγῶν, Γλακτοφάγων Ἀβίων τε, δικαιοτάτων ἀνθρώπων, βουλόμενοι συγκρῖναι τά τε ὑφ' ἡμῶν καὶ τὰ ὑπὸ Ποσειδωνίου λεχθέντα καὶ τὰ ὑπὸ τούτων· πρότερον δ' ὅτι τὴν ἐπιχείρησιν ὑπεναντίαν τοῖς προτεθεῖσι πεποίηνται. Προὔθεντο μὲν γὰρ διδάξαι διότι τῶν πόρρω τῆς Ἑλλάδος πλείων ἦν ἄγνοια τοῖς πρεσβυτέροις ἢ τοῖς νεωτέροις· ἔδειξαν δὲ τἀναντία, καὶ οὐ {κατὰ} τὰ πόρρω μόνον, ἀλλὰ καὶ τὰ ἐν αὐτῇ τῇ Ἑλλάδι. Ἀλλ', ὡς ἔφην, τὰ ἄλλα μὲν ὑπερκείσθω· τὰ δὲ νῦν σκοπῶμεν. Σκυθῶν μὲν γὰρ {μὴ} μεμνῆσθαι κατ' ἄγνοιάν φασι, μηδὲ τῆς περὶ τοὺς ξένους ὠμότητος αὐτῶν, καταθυόντων καὶ σαρκοφαγούντων καὶ τοῖς κρανίοις ἐκπώμασι χρωμένων, δι' οὓς Ἄξενος ὠνομάζετο ὁ πόντος, πλάττειν δ' ἀγαυούς τινας Ἱππημολγούς, Γαλακτοφάγους Ἀβίους τε, δικαιοτάτους ἀνθρώπους, τοὺς οὐδαμοῦ γῆς ὄντας. Πῶς οὖν Ἄξενον ὠνόμαζον, εἰ μὴ ᾖδεισαν τὴν ἀγριότητα, μηδ' αὐτοὺς τοὺς μάλιστα τοιούτους; Οὗτοι δ' εἰσὶ δήπου οἱ Σκύθαι. Πότερον δ' οὐδ' Ἱππημολγοὶ ἦσαν οἱ ἐπέκεινα τῶν Μυσῶν καὶ Θρᾳκῶν καὶ Γετῶν, οὐδὲ Γαλακτοφάγοι καὶ Ἄβιοι; Ἀλλὰ καὶ νῦν εἰσιν Ἁμάξοικοι καὶ Νομάδες καλούμενοι, ζῶντες ἀπὸ θρεμμάτων καὶ γάλακτος καὶ τυροῦ, καὶ μάλιστα ἱππείου, θησαυρισμὸν δ' οὐκ εἰδότες οὐδὲ καπηλείαν, πλὴν εἰ φόρτον ἀντὶ φόρτου. Πῶς οὖν ἠγνόει τοὺς Σκύθας ὁ ποιητής, Ἱππημολγοὺς καὶ Γαλακτοφάγους τινὰς προσαγορεύων; Ὅτι γὰρ οἱ τότε τούτους Ἱππημολγοὺς ἐκάλουν, καὶ Ἡσίοδος μάρτυς ἐν τοῖς ὑπ' Ἐρατοσθένους παρατεθεῖσιν ἔπεσιν· Αἰθίοπας τε Λίγυς τε ἰδὲ Σκύθας ἱππημολγούς. Τί δὲ θαυμαστόν, εἰ διὰ τὸ πλεονάζειν παρ' ἡμῖν τὴν περὶ τὰ συμβόλαια ἀδικίαν, δικαιοτάτους εἶπεν ἀνθρώπους τοὺς ἥκιστα ἐν τοῖς συμβολαίοις καὶ τῷ ἀργυρισμῷ ζῶντας, ἀλλὰ καὶ κοινὰ κεκτημένους πάντα πλὴν ξίφους καὶ ποτηρίου, ἐν δὲ τοῖς πρῶτον τὰς γυναῖκας πλατωνικῶς ἔχοντας κοινὰς καὶ τέκνα; Καὶ Αἰσχύλος δ' ἐμφαίνει συνηγορῶν τῷ ποιητῇ, φήσας περὶ τῶν Σκυθῶν, ἀλλ' ἱππάκης βρωτῆρες εὔνομοι Σκύθαι. Αὕτη δ' ἡ ὑπόληψις καὶ νῦν ἔτι συμμένει παρὰ τοῖς Ἕλλησιν· ἁπλουστάτους τε γὰρ αὐτοὺς νομίζομεν καὶ ἥκιστα κακεντρεχεῖς εὐτελεστέρους τε πολὺ ἡμῶν καὶ αὐταρκεστέρους· καίτοι ὅ γε καθ' ἡμᾶς βίος εἰς πάντας σχεδόν τι διατέτακε τὴν πρὸς τὸ χεῖρον μεταβολήν, τρυφὴν καὶ ἡδονὰς καὶ κακοτεχνίας καὶ πλεονεξίας μυρίας πρὸς ταῦτ' εἰσάγων. Πολὺ οὖν τῆς τοιαύτης κακίας καὶ εἰς τοὺς βαρβάρους ἐμπέπτωκε τούς τε ἄλλους καὶ τοὺς Νομάδας· καὶ γὰρ θαλάττης ἁψάμενοι χείρους γεγόνασι, λῃστεύοντες καὶ ξενοκτονοῦντες, καὶ ἐπιπλεκόμενοι πολλοῖς μεταλαμβάνουσι τῆς ἐκείνων πολυτελείας καὶ καπηλείας· ἃ δοκεῖ μὲν εἰς ἡμερότητα συντείνειν, διαφθείρει δὲ τὰ ἤθη καὶ ποικιλίαν ἀντὶ τῆς ἁπλότητος τῆς ἄρτι λεχθείσης εἰσάγει.

Traduction française :

[7,3,7] Ici nous n'avons voulu nous arrêter qu'à celle qui porte sur ce passage d'Homère relatif aux Thraces, aux Mysiens terribles dans la mêlée, aux vertueux HIPPEMOLGES, aux GALACTOPHAGES, et aux ARIENS, les plus justes des hommes, pour comparer ce que nous en disons Posidonius et moi avec ce qu'eux-mêmes en ont dit. Il y aurait bien à faire au préalable une observation générale, c'est qu'Eratosthène et Apollodore se trouvent avoir argumenté juste à l'encontre de leur thèse, puisque, d'après celle-ci, les anciens auraient été infiniment plus ignorants que les modernes de la géographie de ces pays lointains, et que le contraire, non seulement en ce qui concerne les pays éloignés de la Grèce, mais en ce qui concerne la Grèce elle-même, résulte des preuves ou exemples allégués par eux ; mais nous avons dit que nous réserverions provisoirement les autres parties de la discussion, n'en examinons donc actuellement que ce qui a trait à l'objet qui nous occupe. Suivant Eratosthène et Apollodore, si Homère n'a point nommé les Scythes, s'il n'a rien dit de la férocité avec laquelle ils immolaient les étrangers, se nourrissaient de leur chair et buvaient dans leurs crânes, de cette férocité qui avait fait appeler le Pont primitivement mer Axène ou Inhospitalière, tandis qu'il a mentionné sous les noms d'Hippémolges, de Galactophages et d'Abiens et représenté comme les plus vertueux et les plus justes des hommes, des peuples imaginaires qu'on ne retrouve en aucun lieu de la terre, c'est uniquement par ignorance. - Mais d'où vient, dirons-nous, que les anciens ont appelé le Pont mer Axène ou Inhospitalière, s'ils ignoraient cette férocité des peuples qui le bordent, et le nom justement du plus féroce d'entre eux, à savoir le nom des Scythes ? D'où vient, s'il n'a jamais existé par delà les Mysiens, les Thraces et les Gètes de peuples Hippémolges, Galactophages et Abiens, qu'aujourd'hui même nous en puissions signaler ? Car les peuples que nous nommons Hamaxoeques et Nomades vivent uniquement des produits de leurs troupeaux, ne se nourrissant que de lait et de fromage, d'hippacé surtout ou de fromage fait de lait de jument, et ils ne savent ni amasser, ni gagner de l'argent, le commerce se réduisant pour eux à un simple échange de marchandises. Comment se peut-il, maintenant, qu'Homère ait parlé d'Hippémolges et de Galactophages et qu'il n'ait pas connu les Scythes, les Scythes que les auteurs de ce temps-là qualifient expressément d'Hippémolges, témoin ce passage d'Hésiode cité par Eratosthène : «Les Aethiopiens, les Lygiens et les Scythes Hippémolges ?» Enfin qu'y a-t-il d'étonnant que la vue de tant d'injustices qui se produisent chez nous à l'occasion des contrats ait donné l'idée à Homère de représenter comme le type de la justice et de la vertu des hommes qui, loin de passer leur vie dans les contrats et les spéculations, ne possèdent rien en propre que leur coupe et leur épée, et mettent en commun tout le reste, à commencer par les femmes et les enfants, ainsi que le rêvait Platon ? Aeschyle, d'accord sur ce point avec Homère, n'a-t-il pas dit, lui aussi, en parlant des Scythes : «Ils vivent d'hippacé, mais possèdent des lois sages» ? Et n'est-ce pas là, aujourd'hui encore, l'idée qu'on se fait en Grèce du caractère des Scythes ? Ne les considérons-nous pas, tous tant que nous sommes, comme la simplicité et la franchise même, comme tout à fait exempts de malice, comme infiniment plus sobres et plus tempérants que nous, bien qu'en réalité l'influence de nos moeurs, qui a déjà altéré le caractère de presque tous les peuples, en introduisant chez eux le luxe et les plaisirs, source nouvelle de mille artifices et de mille convoitises, ait pénétré jusque chez les peuples barbares, et sensiblement corrompu leurs moeurs, celles des Nomades entre autres ? Il a suffi, par exemple, que ces peuples aient voulu essayer de la mer pour que leurs moeurs se soient aussitôt gâtées, et qu'on les ait vus se livrer à la piraterie, immoler des étrangers et prendre des différentes nations avec lesquelles ils se mêlaient le goût du luxe et les habitudes mercantiles, tendances qui semblent à vrai dire devoir adoucir les moeurs, mais aui, par le fait, les corrompent en substituant la duplicité à cette précieuse simplicité dont nous parlions tout à l'heure.





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Dernière mise à jour : 11/05/2006