Texte grec :
[7,7,10] Ἔστι δ', ὥς φησιν Ἔφορος, Πελασγῶν ἵδρυμα· οἱ δὲ Πελασγοὶ τῶν περὶ τὴν
Ἑλλάδα δυναστευσάντων ἀρχαιότατοι λέγονται· καὶ ὁ ποιητής φησιν οὕτω·
Ζεῦ ἄνα Δωδωναῖε, Πελασγικέ·
ὁ δ' Ἡσίοδος· Δωδώνην φηγόν τε, Πελασγῶν ἕδρανον ᾖεν.
Περὶ μὲν οὖν τῶν Πελασγῶν ἐν τοῖς Τυρρηνικοῖς εἴρηται, περὶ δὲ Δωδώνης
τοὺς μὲν περιοικοῦντας τὸ ἱερὸν διότι βάρβαροι διασαφεῖ καὶ ὁ Ὅμηρος ἐκ τῆς
διαίτης, ἀνιπτόποδας, χαμαιεύνας λέγων· πότερον δὲ χρὴ λέγειν Ἑλλούς, ὡς
Πίνδαρος, ἢ Σελλούς, ὡς ὑπονοοῦσι παρ' Ὁμήρῳ κεῖσθαι, ἡ γραφὴ ἀμφίβολος
οὖσα οὐκ ἐᾷ διισχυρίζεσθαι. Φιλόχορος δέ φησι καὶ τὸν περὶ Δωδώνην τόπον,
ὥσπερ τὴν Εὔβοιαν, Ἑλλοπίαν κληθῆναι· καὶ γὰρ Ἡσίοδον οὕτω λέγειν·
Ἔστι τις Ἑλλοπίη, πολυλήιος ἠδ' ἐυλείμων·
ἔνθα δὲ Δωδώνη τις ἐπ' ἐσχατιῇ πεπόλισται.
Οἴονται δέ, φησὶν ὁ Ἀπολλόδωρος, ἀπὸ τῶν ἑλῶν τῶν περὶ τὸ ἱερὸν οὕτω
καλεῖσθαι, τὸν μέντοι ποιητὴν {οὐχ} οὕτω λέγειν Ἑλλούς, ἀλλὰ Σελλούς,
ὑπολαμβάνει τοὺς περὶ τὸ ἱερόν, προσθεὶς ὅτι καὶ Σελλήεντα τινὰ ὀνομάζει
ποταμόν. Ὀνομάζει μὲν οὖν, ὅταν φῇ·
Τηλόθεν ἐξ Ἐφύρης ποταμοῦ ἄπο Σελλήεντος.
- - - ἐν δὲ Θεσπρωτοῖς Ἐφύρας, ἀλλὰ τῆς ἐν τοῖς Ἠλείοις· ἐκεῖ γὰρ εἶναι τὸν
Σελλήεντα, ἐν δὲ Θεσπρωτοῖς οὐδένα, οὐδ' ἐν Μολοττοῖς. Τὰ δὲ μυθευόμενα
περὶ τῆς δρυὸς καὶ τῶν πελειῶν, καὶ εἴ τινα ἄλλα τοιαῦτα, καθάπερ καὶ τὰ
περὶ Δελφῶν, τὰ μὲν ποιητικωτέρας ἐστὶ διατριβῆς τὰ δ' οἰκεῖα τῆς νῦν
περιοδείας.
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Traduction française :
[7,7,10] L'établissement de cet Oracle, suivant Ephore, appartient aux
Pélasges, et les Pélasges, on le sait, passent pour avoir été les plus
anciens maîtres de la Grèce. Homère lui-même a dit :
«Jupiter Dodonéen, Jupiter Pélasgique», (Iliade, XVI, 233),
et Hésiode : «Il visita Dodone et le hêtre fatidique, au pied duquel habitent les
Pélasges».
Mais nous avons plus haut, à propos de la Tyrrhénie, parlé tout au long
des Pélasges, bornons-nous ici à ce qui concerne Dodone.
Evidemment ce furent des peuples barbares qui d'abord environnèrent
le temple, ceci encore ressort du témoignage d'Homère et de la
peinture qu'il fait des habitudes de ces peuples, lorsqu'il les qualifie
d'aniptopodes et de chamaeeunes. Seulement s'appelaient-ils Helli,
comme le veut Pindare, ou Selli, comme ils sont censés nommés dans
Homère, le peu de certitude de cette dernière leçon dans le texte du
poète empêche de rien affirmer à cet égard. Philochore, lui, prétend
que, comme l'Eubée, le canton de Dodone s'était d'abord appelé
Hellopie et il s'appuie de ce passage d'Hésiode :
«Il existe une contrée aux champs fertiles et aux vertes prairies,
l'Hellopie : c'est là, vers l'extrémité du pays, qu'on a bâti une ville
appelée Dodone».
Apollodore, à son tour, constate l'opinion commune, qui est que le nom
en question doit être attribué à la présence de marais (g-elôn) autour du
temple, mais en même temps il estime qu'Homère a dû appeler Selli et
non Helli le peuple qui environnait Dodone, de même, ajoute-t-il, qu'il a
appelé certain fleuve du nom de Selléïs. Il est vrai, Homère a
mentionné un fleuve de ce nom, dans ce passage-ci par exemple :
«Loin d'Ephyre, loin du fleuve Selléïs» (Iliade, II, 659),
seulement, {comme l'a fait remarquer Démétrius de Scepsis,} ce n'est
pas de l'Ephyra de Thesprotie qu'il s'agit là, mais bien de l'Ephyra
d'Elide, car le Selléïs coule en Elide et il n'y a jamais eu de fleuve de
ce nom chez les Thesprotes, non plus que chez les Molosses. Quant
aux différentes fables qui ont cours sur Dodone, comme sur Delphes,
quant à ces traditions sur le chêne, sur les colombes, etc. etc., si l'on
peut dire qu'à certains égards elles rentrent plutôt dans le domaine de
la poésie, par d'autres côtés, cependant, elles nous ont paru devoir
trouver place dans une description du genre de celle que nous traçons ici.
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