[7,2,1] ΚΕΦ. Β.
1. Περὶ δὲ Κίμβρων τὰ μὲν οὐκ εὖ λέγεται, τὰ δ' ἔχει πιθανότητας οὐ μετρίας.
Οὔτε γὰρ τὴν τοιαύτην αἰτίαν τοῦ πλάνητας γενέσθαι καὶ λῃστρικοὺς
ἀποδέξαιτ' ἄν τις, ὅτι χερρόνησον οἰκοῦντες μεγάλῃ πλημμυρίδι ἐξελαθεῖεν
ἐκ τῶν τόπων· καὶ γὰρ νῦν ἔχουσι τὴν χώραν, ἣν εἶχον πρότερον, καὶ ἔπεμψαν
τῷ Σεβαστῷ δῶρον τὸν ἱερώτατον παρ' αὐτοῖς λέβητα, αἰτούμενοι φιλίαν καὶ
ἀμνηστίαν τῶν ὑπηργμένων· τυχόντες δέ, ὧν ἠξίουν, ἀπῆραν· γελοῖον δὲ τῷ
φυσικῷ καὶ αἰωνίῳ πάθει, δὶς ἑκάστης ἡμέρας συμβαίνοντι, προσοργισθέντας
ἀπελθεῖν ἐκ τοῦ τόπου. Ἔοικε δὲ πλάσματι τὸ συμβῆναί ποτε ὑπερβάλλουσαν
πλημμυρίδα· ἐπιτάσεις μὲν γὰρ καὶ ἀνέσεις δέχεται, τεταγμένας δὲ καὶ
περιοδιζούσας, ὁ ὠκεανὸς ἐν τοῖς τοιούτοις πάθεσιν. Οὐκ εὖ δ' οὐδὲ ὁ φήσας
ὅπλα αἴρεσθαι πρὸς τὰς πλημμυρίδας τοὺς Κίμβρους, οὐδ' ὅτι ἀφοβίαν οἱ
Κελτοὶ ἀσκοῦντες κατακλύζεσθαι τὰς οἰκίας ὑπομένουσιν, εἶτ' ἀνοικοδομοῦσι,
καὶ ὅτι πλείων αὐτοῖς συμβαίνει φθόρος ἐξ ὕδατος ἢ πολέμου, ὅπερ Ἔφορός
φησιν. Ἡ γὰρ τάξις ἡ τῶν πλημμυρίδων καὶ τὸ τὴν ἐπικλυζομένην χώραν
εἶναι γνώριμον οὐκ ἔμελλε τοιαύτας τὰς ἀτοπίας παρέξειν. Δὶς γὰρ ἑκάστης
ἡμέρας τούτου συμβαίνοντος τὸ μηδ' ἅπαξ αἰσθάνεσθαι φυσικὴν οὖσαν τὴν
παλίρροιαν καὶ ἀβλαβῆ, καὶ οὐ μόνοις τούτοις συμβαίνουσαν, ἀλλὰ τοῖς
παρωκεανίταις πᾶσι, πῶς οὐκ ἀπίθανον; Οὐδὲ Κλείταρχος εὖ· φησὶ γὰρ τοὺς
ἱππέας ἰδόντας τὴν ἔφοδον τοῦ πελάγους ἀφιππάσασθαι καὶ φεύγοντας
ἐγγὺς γενέσθαι τοῦ περικαταληφθῆναι. Οὔτε δὲ τοσούτῳ τάχει τὴν ἐπίβασιν
ὁρμωμένην ἱστοροῦμεν, ἀλλὰ λεληθότως προσιοῦσαν τὴν θάλατταν· οὔτε τὸ
καθ' ἡμέραν γινόμενον καὶ πᾶσιν ἔναυλον ἤδη ὂν τοῖς πλησιάζειν μέλλουσι,
πρὶν ἢ θεάσασθαι, τοσοῦτον ἔμελλε παρέξεσθαι φόβον ὥστε φεύγειν, ὡς ἂν εἰ
ἐξ ἀδοκήτου προσέπεσε.
| [7,2,1] CHAPITRE II.
1. Dans ce que l'histoire nous dit des Cimbres, tout n'est pas vrai, et, à
côté de faits d'une certitude absolue, il y a de notoires mensonges.
Ainsi, comment admettre que les Cimbres aient été chassés de la
Chersonnèse, leur primitive demeure, par une grande marée de
l'Océan, et que ce soit là la cause qui a fait d'eux un peuple de
brigands et de nomades, quand nous les voyons aujourd'hui encore
occuper les mêmes lieux qu'ils habitaient naguère ? Il est constant que
l'ambassade qu'ils ont envoyée à Auguste pour lui offrir en présent ce
qu'ils avaient de plus cher et de plus précieux, à savoir leur chaudière
sacrée, et pour solliciter, arec l'amitié du prince, le pardon de leurs
fautes, venait de la Chersonnèse et y est retournée après avoir obtenu
ce qu'elle demandait. N'est-il pas ridicule d'ailleurs de supposer que
c'est le dépit, le dépit contre un phénomène naturel et constant, contre
un phénomène se produisant deux fois par jour, qui a pu chasser tout
un peuple de ses foyers ? Sans compter que cette marée
extraordinaire a tout l'air d'une fiction : car, si les marées de l'Océan
sont susceptibles d'accroissement et de diminution, ces variations
elles-mêmes sont réglées et périodiques. Je ne crois pas non plus ce
que nous dit tel historien, que les Cimbres menacent et repoussent de
leurs armes le flot qui monte, ni ce qu'avance Ephore au sujet des
Celtes ou Gaulois, que, pour s'exercer à ne rien craindre, ils regardent
tranquillement la mer détruire leurs habitations, se contentant de les
rebâtir après, et que les inondations ont toujours fait chez eux plus de
victimes que la guerre : si ces historiens eussent réfléchi à la régularité
des marées et à cette circonstance, que des peuples habitant les
bords de l'Océan devaient connaître la limite atteinte par le flot, ils
n'eussent pas assurément écrit de semblables absurdités. Eh quoi !
des populations habituées à voir le flux et le reflux de l'Océan se
produire deux fois par jour ne se seraient jamais doutées que ce fût là
un phénomène naturel et sans danger, un phénomène commun à
toutes les côtes de l'Océan et non particulier à celle qu'ils habitaient !
La chose est inadmissible. Je n'admets pas non plus que les cavaliers
dont parle Clitarque se soient enfuis à toute bride en voyant la mer
monter et qu'ils aient encore failli être engloutis par les flots, car je ne
sache pas que la mer monte avec une telle rapidité ; c'est par degrés
au contraire et de façon insensible que le flot avance toujours. J'ajoute
qu'un phénomène comme celui-là, qui se renouvelle chaque jour et qui
frappe les oreilles de tous ceux qui approchent, avant même de
frapper leurs yeux, n'était point de nature à causer un tel effroi ni à
mettre les gens en fuite comme eût pu faire un danger subit et imprévu.
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