Texte grec :
[5,3,8] Ταῦτα μὲν οὖν ἡ φύσις τῆς χώρας παρέχεται τὰ εὐτυχήματα τῇ πόλει,
προσέθεσαν δὲ Ῥωμαῖοι καὶ τὰ ἐκ τῆς προνοίας. Τῶν γὰρ Ἑλλήνων περὶ τὰς
κτίσεις εὐστοχῆσαι μάλιστα δοξάντων, ὅτι κάλλους ἐστοχάζοντο καὶ
ἐρυμνότητος καὶ λιμένων καὶ χώρας εὐφυοῦς, οὗτοι προὐνόησαν μάλιστα ὧν
ὠλιγώρησαν ἐκεῖνοι, στρώσεως ὁδῶν καὶ ὑδάτων εἰσαγωγῆς καὶ ὑπονόμων
τῶν δυναμένων ἐκκλύζειν τὰ λύματα τῆς πόλεως εἰς τὸν Τίβεριν. Στρωσαν δὲ
καὶ τὰς κατὰ τὴν χώραν ὁδούς, προσθέντες ἐκκοπάς τε λόφων καὶ ἐγχώσεις
κοιλάδων, ὥστε τὰς ἁρμαμάξας δέχεσθαι πορθμείων φορτία· οἱ δ´ ὑπόνομοι
συννόμῳ λίθῳ κατακαμφθέντες ὁδοὺς ἁμάξαις χόρτου πορευτὰς ἐνίας
ἀπολελοί πασι. Τοσοῦτον δ´ ἐστὶ τὸ εἰσαγώγιμον ὕδωρ διὰ τῶν ὑδραγωγίων,
ὥστε ποταμοὺς διὰ τῆς πόλεως καὶ τῶν ὑπονόμων ῥεῖν, ἅπασαν δὲ οἰκίαν
σχεδὸν δεξαμενὰς καὶ σίφωνας καὶ κρουνοὺς ἔχειν ἀφθόνους, ὧν πλείστην
ἐπιμέλειαν ἐποιήσατο Μάρκος Ἀγρίππας, πολλοῖς καὶ ἄλλοις ἀναθήμασι
κοσμήσας τὴν πόλιν. Ὡς δ´ εἰπεῖν, οἱ παλαιοὶ μὲν τοῦ κάλλους τῆς Ῥώμης
ὠλιγώρουν, πρὸς ἄλλοις μείζοσι καὶ ἀναγκαιοτέροις ὄντες· οἱ δ´ ὕστερον καὶ
μάλιστα οἱ νῦν καὶ καθ´ ἡμᾶς, οὐδὲ τούτου καθυστέρησαν, ἀλλ´ ἀναθημάτων
πολλῶν καὶ καλῶν ἐπλήρωσαν τὴν πόλιν. Καὶ γὰρ Πομπήιος καὶ ὁ θεὸς
Καῖσαρ καὶ ὁ Σεβαστὸς καὶ οἱ τούτου παῖδες καὶ οἱ φίλοι καὶ γυνὴ καὶ ἀδελφὴ
πᾶσαν ὑπερεβάλοντο σπουδὴν καὶ δαπάνην εἰς τὰς κατασκευάς· τούτων δὲ τὰ
πλεῖστα ὁ Μάρτιος ἔχει κάμπος πρὸς τῇ φύσει προσλαβὼν καὶ τὸν ἐκ τῆς
προνοίας κόσμον. Καὶ γὰρ τὸ μέγεθος τοῦ πεδίου θαυμαστὸν ἅμα καὶ τὰς
ἁρματοδρομίας καὶ τὴν ἄλλην ἱππασίαν ἀκώλυτον παρέχον τῷ τοσούτῳ
πλήθει τῶν σφαίρᾳ καὶ κρίκῳ καὶ παλαίστρᾳ γυμναζομένων· καὶ τὰ
περικείμενα ἔργα καὶ τὸ ἔδαφος ποάζον δι´ ἔτους καὶ τῶν λόφων στεφάναι τῶν
ὑπὲρ τοῦ ποταμοῦ μέχρι τοῦ ῥείθρου σκηνογραφικὴν ὄψιν ἐπιδεικνύμεναι
δυσαπάλλακτον παρέχουσι τὴν θέαν. Πλησίον δ´ ἐστὶ τοῦ πεδίου τούτου καὶ
ἄλλο πεδίον καὶ στοαὶ κύκλῳ παμπληθεῖς καὶ ἄλση καὶ θέατρα τρία καὶ
ἀμφιθέατρον καὶ ναοὶ πολυτελεῖς καὶ συνεχεῖς ἀλλήλοις, ὡς πάρεργον ἂν
δόξαιεν ἀποφαίνειν τὴν ἄλλην πόλιν. Διόπερ ἱεροπρεπέστατον νομίσαντες τοῦ
τον τὸν τόπον καὶ τὰ τῶν ἐπιφανεστάτων μνήματα ἐν ταῦθα κατεσκεύασαν
ἀνδρῶν καὶ γυναικῶν. Ἀξιολογώτατον δὲ τὸ Μαυσώλειον καλούμενον, ἐπὶ
κρηπῖδος ὑψηλῆς λευκολίθου πρὸς τῷ ποταμῷ χῶμα μέγα, ἄχρι κορυφῆς τοῖς
ἀειθαλέσι τῶν δένδρων συνηρεφές· ἐπ´ ἄκρῳ μὲν οὖν εἰκών ἐστι χαλκῆ τοῦ
Σεβαστοῦ Καίσαρος, ὑπὸ δὲ τῷ χώματι θῆκαί εἰσιν αὐτοῦ καὶ τῶν συγγενῶν
καὶ οἰκείων, ὄπισθεν δὲ μέγα ἄλσος περιπάτους θαυμαστοὺς ἔχον· ἐν μέσῳ δὲ
τῷ πεδίῳ ὁ τῆς καύστρας αὐτοῦ περίβολος καὶ οὗτος λίθου λευκοῦ, κύκλῳ μὲν
περικείμενον ἔχων σιδηροῦν περίφραγμα, ἐντὸς δ´ αἰγείροις κατάφυτος. Πάλιν
δ´ εἴ τις εἰς τὴν ἀγορὰν παρελθὼν τὴν ἀρχαίαν ἄλλην ἐξ ἄλλης ἴδοι
παραβεβλημένην ταύτῃ καὶ βασιλικὰς στοὰς καὶ ναούς, ἴδοι δὲ καὶ τὸ
Καπιτώλιον καὶ τὰ ἐνταῦθα ἔργα καὶ τὰ ἐν τῷ Παλατίῳ καὶ τῷ τῆς Λιβίας
περιπάτῳ, ῥᾳδίως ἐκλάθοιτ´ ἂν τῶν ἔξωθεν. Τοιαύτη μὲν ἡ Ῥώμη.
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Traduction française :
[5,3,8] A ces avantages résultant pour Rome de la nature de son territoire, ses
habitants ont ajouté tous ceux que peut procurer l'industrie humaine ; car,
tandis que les Grecs, qui semblaient cependant avoir réalisé pour leurs
villes les meilleures conditions d'existence, n'avaient jamais visé qu'à la
beauté du site, à la force de la position, au voisinage des ports et à la
fertilité du sol, les Romains se sont surtout appliqués à faire ce que les
Grecs avaient négligé, c'est-à-dire à construire des chaussées, des
aqueducs et des égoûts destinés à entraîner dans le Tibre toutes les
immondices de la ville. Et notez qu'ils ne se sont pas bornés à prolonger
ces chaussées dans la campagne environnante, mais qu'ils ont percé les
collines et comblé les vallées pour que les plus lourds chariots pussent
venir jusqu'au bord de la mer prendre la cargaison des vaisseaux; qu'ils ne
se sont pas bornés non plus à voûter leurs égoûts en pierres de taille, mais
qu'ils les ont faits si larges qu'en certains endroits des chariots à foin
auraient encore sur les côtés la place de passer; qu'enfin leurs aqueducs
amènent l'eau à Rome en telle quantité que ce sont de véritables fleuves
qui sillonnent la ville en tous sens et qui nettoient les égoûts et
qu'aujourd'hui, grâce aux soins particuliers de M. Agrippa, à qui Rome doit
en outre tant de superbes édifices, chaque maison ou peu s'en faut est
pourvue de réservoirs, de conduits, et de fontaines intarissables ! Les
anciens Romains, à vrai dire, occupés comme ils étaient d'objets plus
grands, plus importants, avaient complètement négligé l'embellissement
de leur ville. Sans se montrer plus indifférents qu'eux aux grandes choses,
les modernes, surtout ceux d'à-présent, se sont plu à l'enrichir d'une foule
de monuments magnif r ques : Pompée, le divin César, Auguste, ses
enfants, ses amis, sa femme, sa soeur, tous à l'envi, avec une ardeur
extreme et une munificence sans bornes, se sont occupés de la décoration
monumentale de Rome. C'est dans le Champ de Mars que la plupart de
ces monuments ont été érigés, de sorte que ce lieu, qui devait déjà tant à
la nature, se trouve avoir reçu en outre tous les embellissements de l'art.
Aujourd'hui, avec son étendue prodigieuse, qui, en même temps qu'elle
laisse une ample et libre carrière aux courses de chars et à toutes les
évolutions équestres, permet encore à une jeunesse innombrable de
s'exercer à la paume, au disque, à la palestre; avec tous les beaux
ouvrages qui l'entourent, les gazons si verts qui toute l'année y recouvrent
le sol, les collines enfin d'au delà du Tibre, qui s'avancent en demi-cercle
jusqu'au bord du fleuve, comme pour encadrer toute la scène, cette plaine
du champ de Mars offre un tableau dont l'oeil a peine à se détacher.
Ajoutons que tout à côté, et indépendamment d'une autre grande plaine
bordée ou entourée de portiques, il existe plusieurs bois sacrés, trois
théâtres, un amphithéâtre et différents temples tous contigus les uns aux
autres, et que, comparé à ce quartier, le reste de la ville ne paraît plus à
proprement parler qu'un accessoire. Pour cette raison, et parce que ce
quartier avait pris à leurs yeux un caractère plus religieux, plus auguste
que les autres, les Romains y ont placé les tombeaux de leurs morts les
plus illustres, hommes ou femmes. Le plus considérable de ces tombeaux
est le Mausolée {d'Auguste}, énorme tumulus, qui s'élève à peu de
distance du fleuve, au-dessus d'un sou-bassement en marbre blanc déjà
très haut par lui-même. Ce tumulus, ombragé d'arbres verts jusqu'à son
sommet, est surmonté d'une statue d'airain représentant César-Auguste,
et recouvre, avec les restes de ce prince, les cendres de ses parents et de
ses amis ou familiers. Il se trouve qui plus est adossé à un grand bois,
dont les allées offrent de magnifiques promenades. Enfin le centre de la
plaine est occupé par l'enceinte du bûcher d'Auguste : bâtie également en
marbre blanc, cette enceinte est protégée par une balustrade en fer qui
règne tout autour. L'intérieur en est planté de peupliers. Supposons
pourtant que d'ici l'on se transporte dans l'antique Forum et qu'on y
promène ses regards sur cette longue suite de basiliques, de portiques et
de temples qui te bordent; ou bien encore que l'on aille au Capitole, au
Palatin, dans les jardins de Livie, contempler les chefs-d'oeuvre d'art qui y
sont déposés, on risque fort, une fois entré, d'oublier tout ce qu'on a laissé
dehors. - Telle est Rome.
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