Texte grec :
[5,3,5] Ἅπασα δ´ ἐστὶν εὐδαίμων καὶ παμφόρος, πλὴν ὀλίγων χωρίων τῶν κατὰ
τὴν παραλίαν ὅσα ἑλώδη καὶ νοσερά, οἷα τὰ τῶν Ἀρδεατῶν καὶ τὰ μεταξὺ
Ἀντίου καὶ Λανουίου μέχρι Πωμεντίνου καί τινων τῆς Σητίνης χωρίων καὶ τῆς
περὶ Ταρρακῖναν καὶ τὸ Κιρκαῖον ἢ εἴ τινα ὀρεινὰ καὶ πετρώδη· καὶ ταῦτα δ´ οὐ
τελέως ἀργὰ οὐδ´ ἄχρηστα, ἀλλὰ νομὰς παρέχει δαψιλεῖς ἢ ὕλην ἢ καρπούς
τινας ἑλείους ἢ πετραίους· τὸ δὲ Καίκουβον ἑλῶδες ὂν εὐοινοτάτην ἄμπελον
τρέφει τὴν δενδρῖτιν. Πόλεις δ´ ἐπὶ θαλάττῃ μὲν τῶν Λατίνων εἰσὶ τά τε Ὤστια,
πόλις ἀλίμενος διὰ τὴν πρόσχωσιν ἣν ὁ Τίβερις παρασκευάζει πληρούμενος ἐκ
πολλῶν ποταμῶν· παρακινδύνως μὲν οὖν ὁρμίζονται μετέωρα ἐν τῷ σάλῳ τὰ
ναυκλήρια, τὸ μέντοι λυσιτελὲς νικᾷ· καὶ γὰρ ἡ τῶν ὑπηρετικῶν σκαφῶν
εὐπορία τῶν ἐκδεχομένων τὰ φορτία καὶ ἀντιφορτιζόντων ταχὺν ποιεῖ τὸν
ἀπόπλουν πρὶν ἢ τοῦ ποταμοῦ ἅψασθαι. - - - Καὶ μέρους ἀποκουφισθέντος
εἰσπλεῖ καὶ ἀνάγεται μέχρι τῆς Ῥώμης, σταδίους ἑκατὸν ἐνενήκοντα. Κτίσμα δ´
ἐστὶ τὰ Ὤστια Ἄγκου Μαρκίου. Αὕτη μὲν ἡ πόλις τοιαύτη. Ἑξῆς δ´ ἐστὶν
Ἄντιον, ἀλίμενος καὶ αὐτὴ πόλις· ἵδρυται δ´ ἐπὶ πέτραις, διέχει δὲ τῶν Ὠστίων
περὶ διακοσίους ἑξήκοντα σταδίους. Νυνὶ μὲν οὖν ἀνεῖται τοῖς ἡγεμόσιν εἰς
σχολὴν καὶ ἄνεσιν τῶν πολιτικῶν, ὅτε λάβοιεν καιρόν, καὶ διὰ τοῦτο
κατῳκοδόμηνται πολυτελεῖς οἰκήσεις ἐν τῇ πόλει συχναὶ πρὸς τὰς τοιαύτας
ἐπιδημίας. Καὶ πρότερον δὲ ναῦς ἐκέκτηντο καὶ ἐκοινώνουν τῶν λῃστηρίων
τοῖς Τυρρηνοῖς, καίπερ ἤδη Ῥωμαίοις ὑπακούοντες. Διόπερ καὶ Ἀλέξανδρος
πρότερον ἐγκαλῶν ἐπέστειλε, καὶ Δημήτριος ὕστερον, τοὺς ἁλόντας τῶν
λῃστῶν ἀναπέμπων τοῖς Ῥωμαίοις, χαρίζεσθαι μὲν αὐτοῖς ἔφη τὰ σώματα διὰ
τὴν πρὸς τοὺς Ἕλληνας συγγένειαν, οὐκ ἀξιοῦν δὲ τοὺς αὐτοὺς ἄνδρας
στρατηγεῖν τε ἅμα τῆς Ἰταλίας καὶ λῃστήρια ἐκπέμπειν, καὶ ἐν μὲν τῇ ἀγορᾷ
Διοσκούρων ἱερὸν ἱδρυσαμένους τιμᾶν οὓς πάντες σωτῆρας ὀνομάζουσιν, εἰς
δὲ τὴν Ἑλλάδα πέμπειν τὴν ἐκείνων πατρίδα τοὺς λεηλατήσοντας. Ἔπαυσαν
δ´ αὐτοὺς Ῥωμαῖοι τῆς τοιαύτης ἐπιτηδεύσεως. Ἀνὰ μέσον δὲ τούτων τῶν
πόλεων ἐστὶ τὸ Λαουίνιον, ἔχον κοινὸν τῶν Λατίνων ἱερὸν Ἀφροδίτης·
ἐπιμελοῦνται δ´ αὐτοῦ διὰ προπόλων Ἀρδεᾶται· εἶτα Λαυρεντόν. Ὑπέρκειται δὲ
τούτων ἡ Ἀρδέα κατοικία Ῥουτούλων ἐν ἑβδομήκοντα σταδίοις ἀπὸ τῆς
θαλάττης. Ἔστι δὲ καὶ ταύτης πλησίον Ἀφροδίσιον, ὅπου πανηγυρίζουσι
Λατῖνοι. Σαυνῖται δ´ ἐπόρθησαν τοὺς τόπους καὶ λείπεται μὲν ἴχνη πόλεων,
ἔνδοξα δὲ διὰ τὴν Αἰνείου γέγονεν ἐπιδημίαν καὶ τὰς ἱεροποιίας, {ἃς} ἐξ
ἐκείνων τῶν χρόνων παραδεδόσθαι φασί.
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Traduction française :
[5,3,5] Le Latium {actuel} est une contrée généralement riche et fertile; il faut
excepter pourtant certaines parties du littoral qui sont ou bien
marécageuses et insalubres, comme le territoire d'Ardée et le pays qui
s'étend entre Antium et Lanuvium jusqu'à Pometia, comme tel point aussi
du territoire de Setia et des environs de Tarracine et du mont Circaeum, ou
bien montagneuses et d'une nature alors trop âpre, trop rocailleuse.
Éncore s'en faut-il bien que ces parties du littoral soient compléteraient
incultes et improductives, puisqu'on y trouve soit de gras pâturages, soit
de riches cultures propres aux terrains marécageux ou montagneux,
témoin Caecube, dont le sol, malgré sa nature marécageuse, convient
admirablement à l'espèce de vigne dite dendrites et produit de si excellent
vin. Dans l'énumération qui va suivre des principales villes du Latium, nous
commencerons par le littoral. La première de ces villes, Osties, n'a point de
port, et cela à cause des atterrissements formés à l'embouchure du Tibre
par le limon que charrient le fleuve et ses nombreux affluents; il faut donc
(ce qui n'est pas sans danger) que les bâtiments venant du large jettent
l'ancre à une certaine distancie de la côte et restent ainsi exposés à toute
l'agitation de la pleine mer. Mais l'appât du gain fait surmonter tous les
obstacles : il y a à Osties une foule d'embarcations légères toujours prêtes,
soit à venir prendre les marchandises des navires à l'ancre, soit à leur en
apporter d'autres en échange, ce qui permet à ces navires de repartir
promptement, sans avoir eu même à entrer dans le fleuve. Il n'est pas rare
pourtant que les navires, après avoir été allégés ainsi d'une partie de leur
cargaison, s'engagent dans le fleuve et remontent jusqu'à Rome, à 190
stades de la côte. C'est Ancus Marcius qui a été le fondateur d'Osties.
A cette ville, dont nous n'avons rien de plus à dire, en succède une autre,
Antium, qui n'a point de port non plus. Bâti sur les rochers, à 260 stades
d'Osties, Antium est actuellement le lieu de plaisance des empereurs, la
résidence préférée où ils viennent, toutes les fois qu'ils en.trouvent
l'occasion, se reposer des affaires publiques. En vue de ces fréquents
séjours des princes, on y a construit un très grand nombre d'édifices
somptueux. Les Antiates possédèrent longtemps une marine puissante et
leurs vaisseaux prenaient part encore aux pirateries des Tyrrhéniens,
qu'eux-mêmes comptaient déjà parmi les sujets du peuple romain. Cela
est si vrai que le roi Alexandre députa tout exprès à Rome pour s'y
plaindre d'eux; plus tard encore, le roi Démétrius faisait dire aux Romains,
en leur renvoyant quelques-uns de ces pirates qui s'étaient laissé prendre,
qu'il leur restituait volontiers ces prisonniers à cause des liens de parenté
qui unissaient Rome à la Grèce, mais qu'il ne pouvait approuver que les
dominateurs de l'Italie exerçassent en même temps la piraterie, ni qu'un
peuple qui avait érigé chez lui, en plein Forum, un temple aux Dioscures et
qui honorait ces dieux, comme le monde entier, sous le nom de Dieux
sauveurs, envoyât piller les côtes de la Grèce, leur patrie. Sur quoi les
Romains interdirent pour toujours cette pratique aux habitants d'Antium.
Éntre Osties et Antium, juste à moitié chemin, s'offre à nous la ville de
Lavinium avec un Aphrodisium ou temple de Vénus commun à tous les
peuples latins, mais confié plus particulièrement aux soins des Ardéates,
qui y tiennent toujours un intendant. Puis vient Laurentum et, au-dessus de
ces villes, à 70 stades de la mer, Ardée, principal établissement des
Rutules : tout près d'Ardée est un autre Aphrodisium, où les Latins tiennent
aussi certaines réunions solennelles. Malheureusement les Samnites
ont ravagé tout ce pays et il ne reste plus, à proprement parler, que des
vestiges de ces différentes villes, vestiges encore glorieux cependant
grâce au souvenir toujours présent d'Énée et à ces cérémonies religieuses
qui datent, suivant la tradition locale, de l'époque même du héros.
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