Texte grec :
[5,1,9] Τῆς δὲ τοῦ Διομήδους δυναστείας περὶ τὴν θάλατταν ταύτην αἵ τε
Διομήδειοι νῆσοι μαρτύρια καὶ τὰ περὶ Δαυνίους καὶ τὸ Ἄργος τὸ Ἵππιον
ἱστορούμενα· περὶ ὧν ἐροῦμεν ἐφ´ ὅσον πρὸς ἱστορίαν χρήσιμον, τὰ δὲ πολλὰ
τῶν μυθευομένων ἢ κατεψευσμένων ἄλλως ἐᾶν δεῖ, οἷον τὰ περὶ Φαέθοντα καὶ
τὰς Ἡλιάδας τὰς ἀπαιγειρουμένας περὶ τὸν Ἠριδανόν, τὸν μηδαμοῦ γῆς ὄντα,
πλησίον δὲ τοῦ Πάδου λεγόμενον, καὶ τὰς Ἠλεκτρίδας νήσους τὰς πρὸ τοῦ
Πάδου καὶ μελεαγρί δας ἐν αὐταῖς· οὐδὲ γὰρ τούτων οὐδέν ἐστιν ἐν τοῖς τόποις.
Τῷ δὲ Διομήδει παρὰ τοῖς Ἑνετοῖς ἀποδεδειγμέναι τινὲς ἱστοροῦνται τιμαί· καὶ
γὰρ θύεται λευ κὸς ἵππος αὐτῷ, καὶ δύο ἄλση τὸ μὲν Ἥρας Ἀργείας δείκνυται
τὸ δ´ Ἀρτέμιδος Αἰτωλίδος. Προσμυθεύουσι δ´, ὡς εἰκός, τὸ ἐν τοῖς ἄλσεσι
τούτοις ἡμεροῦσθαι τὰ θηρία καὶ λύκοις ἐλάφους συναγελάζεσθαι, προσιόν
των δὲ τῶν ἀνθρώπων καὶ καταψώντων ἀνέχεσθαι, τὰ δὲ διωκόμενα ὑπὸ τῶν
κυνῶν, ἐπειδὰν καταφύγῃ δεῦ ρο, μηκέτι διώκεσθαι. Φασὶ δέ τινα τῶν πάνυ
γνωριζόμενον ὡς εἴη φιλέγγυος καὶ σκωπτόμενον ἐπὶ τούτῳ πε ριτυχεῖν
κυνηγέταις λύκον ἐν τοῖς δικτύοις ἔχουσιν· εἰ πόντων δὲ κατὰ παιδιάν, εἰ
ἐγγυᾶται τὸν λύκον ἐφ´ ᾧτε τὰς ζημίας ἃς εἴργασται διαλύσειν, ἀφήσειν αὐτὸν
ἐκ τῶν λίνων, ὁμολογῆσαι. Ἀφεθέντα δὲ τὸν λύκον ἵππων ἀγέλην ἀπελάσαντα
ἀκαυτηριάστων ἱκανὴν προσαγαγεῖν πρὸς τὸν τοῦ φιλεγγύου σταθμόν· τὸν δ´
ἀπο λαβόντα τὴν χάριν καυτηριάσαι τε τὰς ἵππους λύκον, καὶ κληθῆναι
λυκοφόρους, τάχει μᾶλλον ἢ κάλλει διαφερούσας· τοὺς δ´ ἀπ´ ἐκείνου
διαδεξαμένους τό τε καυτήριον φυλάξαι καὶ τοὔνομα τῷ γένει τῶν ἵππων, ἔθος
δὲ ποιῆσαι θήλειαν μὴ ἐξαλλοτριοῦν, ἵνα μένοι παρὰ μόνοις τὸ γνήσιον γένος,
ἐνδόξου γενομένης ἐνθένδε ἱππείας. Νυνὶ δέ, ὥσπερ ἔφαμεν, πᾶσα ἐκλέλοιπεν
ἡ τοιαύτη ἄσκησις. Μετὰ δὲ τὸ Τίμαυον ἡ τῶν Ἰστρίων ἐστὶ παραλία μέχρι
Πόλας, ἣ πρόσκειται τῇ Ἰταλίᾳ. Μεταξὺ δὲ φρούριον Τεργέστε Ἀκυληίας διέχον
ἑκατὸν καὶ ὀγδοήκοντα σταδίους· ἡ δὲ Πόλα ἵδρυται μὲν ἐν κόλπῳ λιμενοειδεῖ
νησίδια ἔχοντι εὔορμα καὶ εὔκαρπα. Κτίσμα δ´ ἐστὶν ἀρχαῖον Κόλχων τῶν ἐπὶ
τὴν Μήδειαν ἐκπεμφθέντων, διαμαρτόντων δὲ τῆς πράξεως καὶ κα ταγνόντων
ἑαυτῶν φυγήν·
Τὸ μὲν φυγάδων κεν ἐνίσποι
Γραικὸς (ὡς Καλλίμαχος εἴρηκεν), ἀτὰρ κείνων γλῶσσ´ ὀνόμηνε Πόλας.
Τὰ μὲν δὴ πέραν τοῦ Πάδου χωρία οἵ τε Ἑνετοὶ νέμονται καὶ οἱ {Ἴστριοι} μέχρι
Πόλας. Ὑπὲρ δὲ τῶν Ἑνετῶν Κάρνοι καὶ Κενόμανοι καὶ Μεδόακοι καὶ
Ἴνσουβροι, ὧν οἱ μὲν πολέμιοι τοῖς Ῥωμαίοις ὑπῆρξαν, Κενόμανοι δὲ καὶ
Ἑνετοὶ συνεμάχουν καὶ πρὸ τῆς Ἀννίβα στρατείας, ἡνίκα Βοΐους καὶ Ἰν
σούβρους ἐπολέμουν, καὶ μετὰ ταῦτα.
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Traduction française :
[5,1,9] La domination de Diomède dans ces parages est attestée et par la
présence des îles Diomédéennes et par les traditions relatives aux
Dauniens et à Argos Hippium. De ces différentes traditions nous ne
rapporterons ici que ce qui peut avoir quelque utilité historique ; nous
écarterons, comme il convient, la partie purement mythique et ce qui n'est
que fiction; nous ne dirons rien, par exemple, de Phaéton ni des Héliades
changées en aunes sur les bords du fleuve Eridan, de ce fleuve soi-disant
voisin du Palus et qu'on ne retrouve en aucune contrée de la terre; rien
non plus de ces prétendues îles Electrides situées en avant des bouches
du Padus, et des Méléagrides leurs hôtes, car il n'existe rien de semblable
aujourd'hui dans ces parages. En revanche, il nous paraît constant que les
anciens Hénètes rendaient certains honneurs à Diomède, puisque
aujourd'hui encore on immole un cheval blanc à ce héros et qu'il existe
dans le pays deux bois sacrés, dédiés, l'un à Junon Argienne, l'autre à
Diane Étolide. Seulement, on a, comme toujours, ajouté à la réalité
quelques détails fabuleux : on a dit que, dans ces bois sacrés, les bêtes
féroces s'apprivoisaient d'elles-mêmes ; que les cerfs y faisaient société
avec les loups et s'y laissaient approcher et caresser par l'homme; que le
gibier poursuivi par les chiens n'avait qu'à s'y réfugier pour qu'aussitôt les
chiens cessassent de le poursuivre Le fait suivant pourtant nous est donné
comme positif : un homme de ces pays, que tout le monde connaissait et
plaisantait pour son empressement à cautionner les gens, rencontra un
jour des chasseurs qui avaient pris un loup dans leurs filets; ceux-ci lui
proposèrent en riant de se rendre caution pour le loup, disant que, s'il
voulait s'engager à réparer le dégât que leur prisonnier pourrait faire. ils lui
rendraient la liberté ; l'homme s'y étant engagé, le loup fut en effet relâché,
mais, une fois hors des filets, il se mit à donner la chasse à un fort
troupeau de cavales non marquées, jusqu'à ce qu'il l'eût poussé tout entier
dans l'étable de son généreux garant. Ainsi payé de son bienfait, l'homme,
ajoute-t-on, fit marquer le troupeau à l'effigie d'un loup; on l'appela le
troupeau des Lycophores; c'étaient toutes bêtes, sinon d'une beauté, au
moins d'une vitesse incomparable. Ses héritiers à leur tour conservèrent
soigneusement le nom et la marque du troupeau et se firent une loi de n'en
jamais aliéner ni une jument ni une pouliche, pour être seuls à posséder
dans toute sa pureté une race dont les rejetons naturellement étaient
devenus illustres. Seulement, comme nous l'avons dit, l'élève des chevaux
est une industrie complétement éteinte aujourd'hui dans le pays. Tout de
suite après le Timavum commence la côte d'Istrie, qui, jusqu'à Pola,
appartient encore à l'Italie. Dans l'intervalle se trouve Tergesté, place forte,
distante d'Aquilée de 180 stades. Quant à Pola, elle est située au fond d'un
golfe qui se trouve être aussi fermé qu'un port et qui contient plusieurs îlots
fertiles, pourvus eux-mêmes de bons, mouillages. Elle doit son origine à un
ancien établissement de ces Colkhes ou Colchidiens, envoyés à la
recherche de Médée, qui, pour avoir échoué dans leur mission , se
condamnèrent d'eux-mêmes à l'exil, ce que Callimaque rappelle ainsi :
«Un Grec l'appellerait LA VILLE DES EXILES; mais eux-mêmes, d'un mot
de leur langue, ils l'ont appelée POLAE.»
Indépendamment des Hénètes et des Istriens, lesquels s'étendent, avons-nous
dit, jusqu'à Pola, la Transpadane nous offre encore plusieurs autres
peuples : ainsi, au-dessus des Hénètes, habitent les Carnes, les
Cénomans, les Médoaques et les Insubres. Une partie de ces peuples
fut toujours hostile aux Romains. Quant aux Cénomans et aux Hénètes, ils
figurent, dès avant l'invasion d'Annibal, comme alliés des Romains et
prennent part en cette qualité non seulement aux guerres contre les
Boiens et les Insubres, mais encore à d'autres guerres plus récentes.
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