HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Strabon, Geographica, livre V

χρησμοῦ



Texte grec :

[5,4,5] Πλησίον δὲ τῆς Κύμης τὸ Μισηνὸν ἀκρωτήριον καὶ ἐν τῷ μεταξὺ Ἀχερουσία λίμνη, τῆς θαλάττης ἀνάχυσίς τις τεναγώδης. Κάμψαντι δὲ τὸ Μισηνὸν λιμὴν εὐθὺς ὑπὸ τῇ ἄκρᾳ, καὶ μετὰ τοῦτον ἐγκολπίζουσα ᾐὼν εἰς βάθος, ἐν ᾗ αἱ Βαῖαι καὶ τὰ θερμὰ ὕδατα τὰ καὶ πρὸς τρυφὴν καὶ πρὸς θεραπείαν νόσων ἐπιτήδεια. Ταῖς δὲ Βαίαις συνεχὴς ὅ τε Λοκρῖνος κόλπος καὶ ἐντὸς τούτου ὁ Ἄορνος χερρόνησον ποιῶν τὴν ἀπολαμβανομένην μέχρι Μισηνοῦ γῆν ἀπὸ τῆς μεταξὺ Κύμης καὶ αὐτοῦ. Λοιπὸς γάρ ἐστιν ὀλίγων σταδίων ἰσθμὸς διὰ τῆς διώρυγος ἐπ´ αὐτὴν Κύμην καὶ τὴν πρὸς αὐτῇ θάλατταν. Ἐμύθευον δ´ οἱ πρὸ ἡμῶν ἐν τῷ Ἀόρνῳ τὰ περὶ τὴν νέκυιαν τὴν Ὁμηρικήν· καὶ δὴ καὶ νεκυομαντεῖον ἱστοροῦσιν ἐνταῦθα γενέσθαι καὶ Ὀδυσσέα εἰς τοῦτ´ ἀφικέσθαι. Ἔστι δ´ ὁ μὲν Ἄορνος κόλπος ἀγχιβαθὴς καὶ ἀρτίστομος, λιμένος καὶ μέγεθος καὶ φύσιν ἔχων, χρείαν δ´ οὐ παρεχόμενος λιμένος διὰ τὸ προκεῖσθαι τὸν Λοκρῖνον κόλπον προσβραχῆ καὶ πολύν. Περικλείεται δ´ Ἄορνος ὀφρύσιν ὀρθίαις, ὑπερκειμέναις πανταχόθεν πλὴν τοῦ εἴσπλου, νῦν μὲν ἡμέρως ἐκπεπονημέναις πρότερον δὲ συνηρε φέσιν ἀγρίᾳ ὕλῃ μεγαλοδένδρῳ καὶ ἀβάτῳ, αἳ κατὰ δεισιδαιμονίαν κατάσκιον ἐποίουν τὸν κόλπον. Προσεμύθευον δ´ οἱ ἐπιχώριοι καὶ τοὺς ὄρνεις τοὺς ὑπερπε τεῖς γινομένους καταπίπτειν εἰς τὸ ὕδωρ φθειρομένους ὑπὸ τῶν ἀναφερομένων ἀέρων, καθάπερ ἐν τοῖς Πλουτωνίοις. Καὶ τοῦτο {τὸ} χωρίον Πλουτώνιόν τι ὑπελάμβανον καὶ τοὺς Κιμμερίους ἐνταῦθα λέγεσθαι· καὶ εἰσέπλεόν γε προθυσάμενοι καὶ ἱλασάμενοι τοὺς καταχθονίους δαίμονας, ὄντων τῶν ὑφηγουμένων τὰ τοιάδε ἱερέων ἠργολαβηκότων τὸν τόπον. Ἔστι δὲ πηγή τις αὐτόθι ποτίμου ὕδατος ἐπὶ τῇ θαλάττῃ· τούτου δ´ ἀπείχοντο πάντες τὸ τῆς Στυγὸς ὕδωρ νομίσαντες· καὶ τὸ μαντεῖον ἐνταῦθά που ἵδρυται· τόν τε Πυριφλεγέθοντα ἐκ τῶν θερμῶν ὑδάτων ἐτεκμαίροντο τῶν πλησίον τῆς Ἀχερουσίας. Ἔφορος δὲ τοῖς Κιμμερίοις προσοικειῶν τὸν τόπον φησὶν αὐτοὺς ἐν καταγείοις οἰκίαις οἰκεῖν ἃς καλοῦσιν ἀργίλλας, καὶ διά τινων ὀρυγμάτων παρ´ ἀλλήλους τε φοιτᾶν καὶ τοὺς ξένους εἰς τὸ μαντεῖον δέχεσθαι, πολὺ ὑπὸ γῆς ἱδρυμένον· ζῆν δ´ ἀπὸ μεταλλείας καὶ τῶν μαντευομένων, καὶ τοῦ βασιλέως ἀποδείξαντος αὐτοῖς συντάξεις. Εἶναι δὲ τοῖς περὶ τὸ χρηστήριον ἔθος πάτριον μηδένα τὸν ἥλιον ὁρᾶν, ἀλλὰ τῆς νυκτὸς ἔξω πορεύεσθαι τῶν χασμάτων· καὶ διὰ τοῦτο τὸν ποιητὴν περὶ αὐτῶν εἰπεῖν ὡς ἄρα Οὐδέ ποτ´ αὐτοὺς ἠέλιος φαέθων ἐπιδέρκεται. Ὕστερον δὲ διαφθαρῆναι τοὺς ἀνθρώπους ὑπὸ βασιλέως τινός, οὐκ ἀποβάντος αὐτῷ τοῦ χρησμοῦ, τὸ δὲ μαντεῖον ἔτι συμμένειν μεθεστηκὸς εἰς ἕτερον τόπον. Τοιαῦτα μὲν οἱ πρὸ ἡμῶν ἐμυθολόγουν, νυνὶ δὲ τῆς μὲν ὕλης τῆς περὶ τὸν Ἄορνον κοπείσης ὑπὸ Ἀγρίππα, τῶν δὲ χωρίων κατοικοδομηθέντων, ἀπὸ δὲ τοῦ Ἀόρνου διώρυγος ὑπονόμου τμηθείσης μέχρι Κύμης, ἅπαντ´ ἐκεῖνα ἐφάνη μῦθος, τοῦ Κοκκηίου τοῦ ποιήσαντος τὴν διώρυγα ἐκείνην τε καὶ ἐπὶ νέαν πόλιν ἐκ Δικαι αρχείας ἐπὶ ταῖς Βαίαις, ἐπακολουθήσαντός πως τῷ περὶ τῶν Κιμμερίων ἀρτίως λεχθέντι λόγῳ, τυχὸν ἴσως καὶ πάτριον νομίσαντος τῷ τόπῳ τούτῳ δι´ ὀρυγμάτων εἶναι τὰς ὁδούς.

Traduction française :

[5,4,5] Le cap Misène est à une faible distance de Cume; mais il y a encore entre deux le lac Achérusien, sorte de bas fond marécageux habituellement couvert par les eaux de la mer. Au pied même du cap Misène, tout de suite après avoir doublé ce cap, on voit s'ouvrir un port, puis le rivage se creuse de nouveau et plus profondément pour former le golfe sur les bords duquel se trouvent Baies et ces sources thermales devenues le rendez-vous des voluptueux aussi bien que des malades. A Baies succèdent le golfe Lucrin, et, plus intérieurement, le golfe Averne qui fait une véritable presqu'île de tout l'espace compris entre Misène et la ligne oblique tirée depuis ses rivages jusqu'à Cume, vu qu'il ne reste plus {pour relier cet espace de terre au continent} que l'isthme, large à peine de quelques stades, sous lequel passe la route souterraine qui va de l'Averne à Cume et à la mer. Les anciens interprètes de la fable ont placé sur les bords de l'Averne la fameuse scène de l'Évocation des Morts ou de la Necyomantie de l'Odyssée : ils affirment qu'il existait là très anciennement un Oracle de ce genre, un necyomanteum, et qu'Ulysse était venu le consulter. En réalité, l'Averne est un golfe extrêmement profond jusque près de ses bords, très étroit aussi d'ouverture et qui offre, en ou're, les dimensions et la disposition générale d'un port, sans qu'on puisse jamais cependant l'affecter d'une manière utile à un service de cette nature, vu qu'il se trouve séparé de la mer par le Lucrin, autre golfe de grande dimension et tout semé de bas-fonds. Il y a de plus autour de l'Averne une ceinture de hautes montagnes, interrompue seulement là où est l'entrée. Les flancs de ces montagnes, que nous voyons aujourd'hui défrichés et cultivés, étaient couverts anciennement d'une végétation sauvage, gigantesque, impénétrable, qui répandait sur les eaux du golfe une ombre épaisse, rendue plus ténébreuse encore par les terreurs de la superstition. Les gens du pays ajoutaient d'ailleurs ce détail fabuleux qu'aucun oiseau ne pouvait passer au-dessus du golfe sans y tomber aussitôt asphyxié par les vapeurs méphitiques qui s'en exhalent, comme il arrive dans les lieux connus sous le nom de Plutonium. L'Averne n'était même à leurs yeux qu'un de ces Plutonium, et précisément celui auprès duquel la tradition place la demeure des anciens Cimmériens. Si cependant quelqu'un voulait à toute force pénétrer dans le golfe et y naviguer, il devait au préalable offrir aux dieux infernaux un sacrifice propitiatoire, auquel présidaient des prêtres, gardiens et fermiers du lieu. Près de là, sur le bord de la mer, est une source d'eau douce excellente à boire, mais où l'on s'abstenait généralement de puiser, parce qu'on la regardait comme l'eau même du Styx. Le siége de l'Oracle se trouvait là aussi quelque part, et, de la présence de sources thermales dans les environs, de la présence aussi du lac Achérusien, on inférait que le Pyriphlégéthon était proche. Éphore croit au séjour des Cimmériens en ce lieu; suivant lui, ils y habitaient dans des souterrains dits argilles, ils se servaient de chemins couverts pour communiquer ensemble et pour introduire les étrangers jusqu'au siége de l'Oracle, placé également sous terre à une grande profondeur; ils vivaient là de l'extraction des métaux, du produit des réponses de leur Oracle et aussi des subsides qu'ils recevaient des rois de la contrée. Il ajoute qu'en vertu d'une coutume traditionnelle les populations groupées autour du siége de l'Oracle étaient tenues de ne jamais voir le soleil et de ne quitter leurs souterrains que pendant la nuit et que c'est là ce qui a fait dire au poète, en parlant des Cimmériens : «Jamais de ses rayons Phébus ne les éclaire. » Enfin, la nation tout entière aurait été exterminée par un des rois du pays, furieux d'avoir été trompé par l'Oracle, mais l'Oracle même, transporté en d'autres lieux, aurait survécu et subsisterait encore à présent. - Telles sont les traditions que l'antiquité nous a léguées relativement au golfe ou lac Averne. Aujourd'hui, que les forêts qui l'ombrageaient ont été coupées par ordre d'Agrippa, qu'on a bâti partout aux alentours, qu'on a creusé cette voie souterraine des bords de l'Averne à la ville de Cume, on reconnaît que c'étaient là de pures fables. Il semble pourtant qu'en perçant cette voie souterraine et cet autre chemin couvert qui va de Dicæarchie à Neapolis. Cocceius se soit encore guidé d'après la tradition dont nous parlions tout à l'heure et qui a rapport aux Cimmériens {de Baïes}, à moins qu'il n'ait cru, ce qui est possible également, se conformer de la sorte à une coutume ou pratique constante des habitants de la localité.





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Dernière mise à jour : 21/12/2005