Texte grec :
[5,4,2] Ἔστι δ´ ἡ Πικεντίνη μετὰ τὰς τῶν Ὀμβρικῶν πόλεις τὰς μεταξὺ Ἀριμίνου
καὶ Ἀγκῶνος. Ὥρμηνται δ´ ἐκ τῆς Σαβίνης οἱ Πικεντῖνοι, δρυοκολάπτου τὴν
ὁδὸν ἡγησαμένου τοῖς ἀρχηγέταις, ἀφ´ οὗ καὶ τοὔνομα· πῖκον γὰρ τὸν ὄρνιν
τοῦτον ὀνομάζουσι, καὶ νομίζουσιν Ἄρεως ἱερόν. Οἰκοῦσι δ´ ἀπὸ τῶν ὀρῶν
ἀρξάμενοι μέχρι τῶν πεδίων καὶ τῆς θαλάττης, ἐπὶ μῆκος ηὐξημένην ἔχοντες
μᾶλλον ἢ πλάτος τὴν χώραν, ἀγαθὴν πρὸς ἅπαντα, βελτίω δὲ τοῖς ξυλίνοις
καρποῖς ἢ τοῖς σιτικοῖς. Ἔστι δ´ εὖρος μὲν τὸ ἀπὸ τῶν ὀρῶν ἐπὶ θάλατταν
ἀνώμαλον τοῖς διαστήμασι· μῆκος δ´ ἀπὸ Αἴσιος ποταμοῦ μέχρι Κάστρου
παράπλουν ἔχον σταδίων ὀκτακοσίων. Πόλεις δ´ Ἀγκὼν μὲν Ἑλληνίς,
Συρακουσίων κτίσμα τῶν φυγόντων τὴν Διονυσίου τυραννίδα· κεῖται δ´ ἐπ´
ἄκρας μὲν λιμένα ἐμπεριλαμβανούσης τῇ πρὸς τὰς ἄρκτους ἐπιστροφῇ,
σφόδρα δ´ εὔοινός ἐστι καὶ πυροφόρος. Πλησίον δ´ αὐτῆς Αὔξουμον πόλις
μικρὸν ὑπὲρ τῆς θαλάττης· εἶτα Σεπτέμπεδα καὶ + Πνευεντία καὶ Ποτεντία καὶ
Φίρμον Πικηνόν· ἐπίνειον δὲ ταύτης Κάστελλον. Ἐφεξῆς δὲ τὸ τῆς Κύπρας
ἱερόν, Τυρρηνῶν ἵδρυμα καὶ κτίσμα· τὴν δ´ Ἥραν ἐκεῖνοι Κύπραν καλοῦσιν·
εἶτα Τρουεντῖνος ποταμὸς καὶ πόλις ἐπώνυμος· εἶτα Καστρουνόουν καὶ ὁ
Ματρῖνος ποταμός, ῥέων ἀπὸ τῆς Ἀδριανῶν πόλεως, ἔχων ἐπίνειον τῆς Ἀδρίας
ἐπώνυμον ἑαυτοῦ. Ἔστι δ´ ἐν τῇ μεσογαίᾳ καὶ αὕτη καὶ τὸ Ἄσκλον τὸ Πικηνόν,
ἐρυμνότατον χωρίον καὶ - - - ἐφ´ ᾧκεῖται τὸ τεῖχος, καὶ τὰ περικείμενα ὄρη
στρατοπέδοις οὐ βάσιμα. Ὑπὲρ δὲ τῆς Πικεντίνης Ὀυηστῖνοι τε καὶ Μαρσοὶ καὶ
Πελίγνοι καὶ Μαρρουκῖνοι καὶ Φρεντανοί, Σαυνιτικὸν ἔθνος, τὴν ὀρεινὴν
κατέχουσιν ἐφαπτόμενοι μικρὰ τῆς θαλάττης. Ἔστι δὲ τὰ ἔθνη ταῦτα μικρὰ
μὲν, ἀνδρικώτατα δὲ καὶ πολλάκις τὴν ἀρετὴν ταύτην ἐπιδεδειγμένα
Ῥωμαίοις, πρῶτον μὲν ἡνίκα ἐπολέμουν· δεύτερον δὲ, ὅτε συνεστράτευον·
τρίτον δ´, ὅτε δεόμενοι τυχεῖν ἐλευθερίας καὶ πολιτείας μὴ τυγχάνοντες
ἀπέστησαν καὶ τὸν Μαρσικὸν καλούμενον ἐξῆψαν πόλεμον, Κορφίνιον, τὴν
τῶν Πελίγνων μητρόπολιν, κοινὴν ἅπασι τοῖς Ἰταλιώταις ἀποδείξαντες πόλιν
ἀντὶ τῆς Ῥώμης, ὁρμητήριον τοῦ πολέμου, μετονομασθεῖσαν Ἰταλικήν, καὶ
ἐνταῦθα δὴ τοὺς συνεπομένους ἀθροίσαντες καὶ χειροτονήσαντες ὑπάτους καὶ
στρατηγούς· δύο δ´ ἔτη συνέμειναν ἐν τῷ πολέμῳ, μέχρι διεπράξαντο τὴν
κοινωνίαν, περὶ ἧς ἐπολέμουν. Μαρσικὸν δὲ ὠνόμασαν τὸν πόλεμον ἀπὸ τῶν
ἀρξάντων τῆς ἀποστάσεως, καὶ μάλιστα ἀπὸ Πομπαιδίου. Τὰ μὲν οὖν ἄλλα
κωμηδὸν ζῶσιν, ἔχουσι δὲ καὶ πόλεις ὑπὲρ μὲν τῆς θαλάττης τό τε Κορφίνιον
καὶ Σούλμωνα καὶ Μαρούιον καὶ Τεατέαν τὴν τῶν Μαρρουκίνων μητρόπολιν.
Ἐπ´ αὐτῇ δὲ τῇ θαλάττῃ τό τε Ἄτερνον, ὅμορον τῇ Πικεντίνῃ, ὁμώνυμον δὲ τῷ
ποταμῷ τῷ διορίζοντι τήν τε Ὀυηστίνην καὶ τὴν Μαρρουκίνην. Ῥεῖ γὰρ ἐκ τῆς
Ἀμιτερνίνης, διὰ δὲ Ὀυηστίνων, παραλιπὼν ἐν δεξιᾷ τοὺς Μαρρουκίνους ὑπὲρ
τῶν Πελίγνων κειμένους, ζεύγματι περατός. Τὸ δὲ πόλισμα τὸ ἐπώνυμον
αὐτοῦ Ὀυηστίνων μέν ἐστι, κοινῷ δ´ ἐπι νείῳ χρῶνται καὶ οἱ Πελίγνοι καὶ οἱ
Μαρρουκῖνοι· διέχει δὲ τὸ ζεῦγμα τέτταρας καὶ εἴκοσι σταδίους ἀπὸ Κορφινίου.
Μετὰ δὲ Ἄτερνον Ὄρτων ἐπίνειον Φρεντανῶν, καὶ Βοῦκα καὶ αὐτὴ Φρεντανῶν,
ὅμορος Τεάνῳ τῷ Ἀπούλῳ. Μεταξὺ δὲ Ὄρτωνος καὶ Ἀτέρνου ὁ Σάγρος
ποταμὸς ὁρίζων τοὺς Φρεντανοὺς ἀπὸ τῶν Πελίγνων. Ὁ δὲ παράπλους ἀπὸ
τῆς Πικεντίνης ἐπὶ τοὺς Ἀπούλους, οὓς οἱ Ἕλληνες Δαυνίους καλοῦσι, σταδίων
ἐστὶν ὅσον τετρακοσίων ἐνενήκοντα.
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Traduction française :
[5,4,2] La contrée qui succède immédiatement aux dernières villes de l'Ombrie
comprises entre Ariminum et Ancône est le Picenum. Les Picentins sont
sortis de la Sabine. Suivant la tradition, un pivert aurait servi de guide aux
chefs qui les conduisaient; de là leur nom, car le pivert dans leur langue
s'appelle picus et ils le considèrent comme l'oiseau sacré de Mars. Le
territoire qu'ils occupent et qui, partant de la montagne, se prolonge jusque
dans la plaine, voire jusqu'aux rivages de la mer, se trouve être plus
étendu en longueur qu'en largeur. Le sol y est propre à toute espèce de
culture, plus favorable cependant aux arbres fruitiers qu'aux céréales. Des
montagnes à la mer, c'est-à-dire dans le sens de la largeur, la distance
varie beaucoup; mais on trouve 800 stades juste pour la longueur en
mesurant par mer la distance du fleuve Aesis à Castrum. - En fait de
villes, le pays nous offre d'abord Ancône : d'origine grecque (car elle fut
fondée par des Syracusains qui fuyaient la tyrannie de Denys), cette ville
est située sur un promontoire qui, en se recourbant vers le nord, décrit
l'enceinte d'un port. Ses environs produisent d'excellent vin et une grande
quantité de blé. Tout près d'Ancône, mais un peu au-dessus de la mer, est
la ville d'Auxume, puis viennent Septempeda, Pneuentia, Potentia et
Firmum Picenum. Castellum sert de port à cette dernière. Cypræ Fanum,
qui suit, fut fondé, ou, pour mieux dire, dédié par les Tyrrhéniens, qui, sous
ce nom de Cypra, honorent la déesse Junon. A cette ville succèdent le
fleuve Truentinus, avec une ville de même nom, puis Castrum-Novum et le
fleuve Matrinus, qui vient d'Adria et nous offre {à son embouchure} une
petite ville, appelée aussi Matrinus, laquelle sert de port à Adria. Adria, du
reste, n'est pas la seule ville qui soit située dans l'intérieur des terres; on y
remarque aussi Aselum ou Asculum Picenum, lieu déjà très fort {par la
disposition de la colline} sur laquelle s'élèvent ses murs, mais qui l'est
rendu plus encore par cette circonstance que les montagnes
environnantes sont absolument impraticables pour une armée. Au-dessus
du Picenum s'étend le territoire occupé par les Vestins, les Pélignes, les
Marrucins et les Frentans, nation saunitique ou samnite. Ce territoire est
situé tout entier dans la montagne et ne touche à la mer que par un étroit
espace. Les montagnards qui l'occupent ne forment à vrai dire que de très
petites nations; mais il n'y a pas de peuple au monde plus courageux. Les
Romains ont eu souvent occasion d'en juger par eux-mêmes, et dans une
première guerre qu'ils leur firent, et dans les différentes campagnes où ils
les eurent ensuite pour auxiliaires, et, en troisième lieu, quand ces
peuples, fatigués de demander toujours, sans pouvoir les obtenir, la liberté
et le droit de cité romaine, renoncèrent à l'alliance de Rome et ne
craignirent pas d'allumer cette fameuse guerre Marsique. On les vit alors
substituer à Rome, comme métropole commune des nations Ilaliotes et
sous le nom nouveau d'Italica, le chef-lieu même du territoire des Pélignes,
Corfinium, faire de cette ville leur place d'armes, s'y réunir en assemblée
générale, y nommer les consuls, les préteurs de la ligue, rester ensuite
deux ans en lutte ouverte avec Rome et finir par lui arracher cette
communauté de droits, unique objet de la guerre. Ajoutons que la guerre
Marsique a été appelée de la sorte à cause du peuple qui l'avait
commencée, à cause surtout du Marse Pompaedius. Ces peuples
n'habitent guère que des bourgs; ils possèdent pourtant aussi quelques
villes, notamment, dans l'intérieur, Corfinium, Sulmum, Maruvium et
Teatea, capitale des Marrucins. Les autres villes sont sur la côte même :
Aternum, la première, touche à la frontière du Picenum et porte le nom du
fleuve qui sépare les Vestins des Marrucins. Ledit fleuve vient des
environs d'Amiternum, traverse tout le territoire des Vestins et laisse à
droite Ies Marrucins, lesquels habitent au-dessus des Pélignes : il y a, du
reste, un pont qni permet de passer aisément d'une rive à l'autre. Bien que
situé sur le territoire des Vestins, Aternum sert de port en même temps aux
Pélignes et aux Marrucins. Le pont en question est à 24 stades de
Corfinium. A Aternum, le long de la côte, succèdent le port des Frentans,
Ortôn, et une autre ville, Buca, qui appartient au même peuple et dont le
territoire confine à celui de Teanum Apulum. Entre Ortôn et Aternum
le fleuve Sagrus forme la limite commune aux Frentans et aux Pélignes. -
Du Picenum à la frontière de l'Apulie, ou, pour parler comme les Grecs, à
la frontière de la Daunie, le trajet en rangeant la côte mesure 490 stades.
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