[5,1,7] Αὗται μὲν οὖν πολὺ ὑπὲρ τῶν ἑλῶν ᾤκηνται, πλησίον δὲ τὸ Πατάουιον,
πασῶν ἀρίστη τῶν ταύτῃ πόλεων, ἥ γε νεωστὶ λέγεται τιμήσασθαι
πεντακοσίους ἱππικοὺς ἄνδρας, καὶ τὸ παλαιὸν δὲ ἔστελλε δώδεκα μυριάδας
στρατιᾶς. Δηλοῖ δὲ καὶ τὸ πλῆθος τῆς πεμπομένης κατασκευῆς εἰς τὴν Ῥώμην
κατ´ ἐμπορίαν, τῶν τε ἄλλων καὶ ἐσθῆτος παντοδαπῆς, τὴν εὐανδρίαν τῆς
πόλεως καὶ τὴν εὐτεχνίαν. Ἔχει δὲ θαλάττης ἀνάπλουν ποταμῷ διὰ τῶν ἑλῶν
φερομένῳ σταδίων πεντήκοντα καὶ διακοσίων ἐκ λιμένος μεγάλου· καλεῖται δ´
ὁ λιμὴν Μεδόακος ὁμωνύμως τῷ ποταμῷ. Ἐν δὲ τοῖς ἕλεσι μεγίστη μέν ἐστι
Ῥάουεννα, ξυλοπαγὴς ὅλη καὶ διάρρυτος, γεφύραις καὶ πορθμείοις ὁδευομένη.
Δέχεται δ´ οὐ μικρὸν τῆς θαλάττης μέρος ἐν ταῖς πλημμυρίσιν, ὥστε καὶ ὑπὸ
τούτων καὶ ὑπὸ ποταμῶν ἐκκλυζόμενον τὸ βορβορῶδες πᾶν ἰᾶται τὴν
δυσαερίαν. Οὕτως γοῦν ὑγιεινὸν ἐξήτασται τὸ χωρίον ὥστε ἐνταῦθα τοὺς
μονομάχους τρέφειν καὶ γυμνάζειν ἀπέδειξαν οἱ ἡγεμόνες. Ἔστι μὲν οὖν καὶ
τοῦτο θαυμαστὸν τῶν ἐνθάδε τὸ ἐν ἕλει τοὺς ἀέρας ἀβλαβεῖς εἶναι, καθάπερ
καὶ ἐν Ἀλεξανδρείᾳ τῇ πρὸς Αἰγύπτῳ τοῦ θέρους ἡ λίμνη τὴν μοχθηρίαν
ἀποβάλλει διὰ τὴν ἀνάβασιν τοῦ ποταμοῦ καὶ τὸν τῶν τελμάτων ἀφανισμόν.
Ἀλλὰ καὶ τὸ περὶ τὴν ἄμπελον πάθος θαυμάζειν ἄξιον· φύει μὲν γὰρ αὐτὴν τὰ
ἕλη καὶ ποιεῖ ταχὺ καὶ πολὺν ἀποδιδοῦσαν καρπόν, φθείρεται δὲ ἐν ἔτεσι
τέτταρσιν ἢ πέντε. Ἔστι δὲ καὶ τὸ Ἀλτῖνον ἐν ἕλει, παραπλήσιον ἔχον τῇ
Ῥαουέννῃ τὴν θέσιν. Μεταξὺ δὲ Βούτριον τῆς Ῥαουέννης πόλισμα καὶ ἡ Σπῖνα,
νῦν μὲν κωμίον πάλαι δὲ Ἑλληνὶς πόλις ἔνδοξος. Θησαυρὸς γοῦν ἐν Δελφοῖς
Σπινητῶν δείκνυται, καὶ τἆλλα ἱστορεῖται περὶ αὐτῶν ὡς
θαλασσοκρατησάντων. Φασὶ δὲ καὶ ἐπὶ θαλάττῃ ὑπάρξαι, νῦν δ´ ἐστὶν ἐν
μεσογαίᾳ τὸ χωρίον περὶ ἐνενήκοντα τῆς θαλάττης σταδίους ἀπέχον. Καὶ ἡ
Ῥάουεννα δὲ Θετταλῶν εἴρηται κτίσμα· οὐ φέροντες δὲ τὰς τῶν Τυρρηνῶν
ὕβρεις ἐδέξαντο ἑκόντες τῶν Ὀμβρικῶν τινάς, οἳ καὶ νῦν ἔχουσι τὴν πόλιν,
αὐτοὶ δ´ ἀπεχώρησαν ἐπ´ οἴκου. Αὗται μὲν οὖν ἐπὶ πλέον περιέχονται τοῖς
ἕλεσιν, ὥστε καὶ κλύζεσθαι.
| [5,1,7] Les différentes villes que nous venons d'énumérer sont situées bien
au-dessus des marais; mais Patavium a été bâti dans le voisinage même de
ceux-ci. Cette ville peut être considérée comme le chef-lieu de toute la
contrée. Lors du dernier recensement, elle comptait, dit-on, jusqu'à 500
chevaliers. Anciennement, elle en était arrivée à mettre sur pied des
armées de 120 000 hommes. Quelque chose qui peut nous donner aussi
une idée du chiffre élevé de sa population, en même temps que de
l'activité de son industrie, c'est la quantité de marchandises, notamment de
tissus de toute nature, qu'elle expédie sur le marché de Rome. On se rend
du reste aisément à Patavium depuis la mer en remontant le cours d'un
fleuve qui traverse les marais sur un espace de 250 stades : à cet effet,
l'on part d'un grand port, appelé Medoacus du nom même du fleuve. En
pleins marais, maintenant, s'élève Ravenne, ville également très
importante, bâtie tout entière sur pilotis et coupée en tous sens de canaux
qu'on passe sur des ponts ou à l'aide de bacs. A la marée haute, Ravenne
reçoit en outre une masse considérable des eaux de la mer, et ces eaux,
jointes à celles des rivières qui la traversent, lavent et entraînent toute la
fange des marais, prévenant ainsi toute exhalaison malsaine. La salubrité
de cette ville est même si bien constatée que les Empereurs en ont fait
exprès la résidence et le lieu d'exercice des gladiateurs. Mais. à cette
particularité déjà admirable de jouir d'une salubrité parfaite au milieu des
marais (particularité qui lui est commune, cependant, avec Alexandrie
d'Égypte, puisque là aussi, en été, le lac perd toute influence maligne par
suite de la crue du fleuve qui recouvre tous ses bas-fonds), Ravenne en
joint une autre, concernant la vigne, qui ne mérite pas moins d'être
admirée : les environs de cette ville, en effet, tout marécageux qu'ils sont,
conviennent merveilleusement bien à la vigne, si bien même que celle-ci y
vient hâtivement et y donne une très grande quantité de raisin, à la
condition, malheureusement, de dépérir en 4 ou 5 ans. Altinum se trouve
situé aussi dans les marais et sa position est tout à fait analogue à celle de
Ravenne. Dans l'intervalle de ces deux villes on rencontre Butrium,
dépendance de Ravenne, et Spina, simple bourgade aujourd'hui, mais qui
fut jadis une célèbre colonie grecque, comme l'attestent et le trésor des
Spinites qui se voit à Delphes et tout ce qu'on raconte de la
prépondérance exercée par la marine spinite en ces parages. On assure
seulement que Spina s'élevait alors sur le rivage même de la mer, tandis
qu'elle en est actuellement à une distance de 90 stades environ et qu'elle
peut être rangée, par le fait, au nombre des villes de l'intérieur. Ajoutons,
au sujet de Ravenne, qu'elle passe pour avoir été fonde par des
Thessaliens ; mais il paraît que ces Thesaliens ne purent tenir aux
agressions et aux outrages des Tyrrhènes, ils admirent alors dans leurs
murs les Ombriens, dont les descendants occupent la ville aujourd'hui
encore, et s'empressèrent, eux, de regagner leur patrie. — Nous avons dit
que toutes ces villes étaient presque complétement environnées de
marais, au point d'y être comme noyées.
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