[4,6,9] 9. Μετὰ δὲ τούτους οἱ ἐγγὺς ἤδη τοῦ Ἀδριατικοῦ μυχοῦ καὶ τῶν κατὰ Ἀκυληίαν
τόπων οἰκοῦσι, Νωρικῶν τέ τινες καὶ Κάρνοι· τῶν δὲ Νωρικῶν εἰσι καὶ οἱ
Ταυρίσκοι. Πάντας δ' ἔπαυσε τῶν ἀνέδην καταδρομῶν Τιβέριος καὶ ὁ ἀδελφὸς
αὐτοῦ Δροῦσος θερείᾳ μιᾷ, ὥστ' ἤδη τρίτον καὶ τριακοστὸν ἔτος ἐστὶν ἐξ οὗ
καθ' ἡσυχίαν ὄντες ἀπευτακτοῦσι τοὺς φόρους. Κατὰ πᾶσαν δὲ τὴν τῶν
Ἄλπεων ὀρεινὴν ἔστι μὲν καὶ γεώλοφα χωρία καλῶς γεωργεῖσθαι δυνάμενα
καὶ αὐλῶνες εὖ συνεκτισμένοι, τὸ μέντοι πλέον καὶ μάλιστα περὶ τὰς
κορυφάς, περὶ ὃ δὴ καὶ συνίσταντο οἱ λῃσταί, λυπρὸν καὶ ἄκαρπον διά τε τὰς
πάχνας καὶ τὴν τραχύτητα τῆς γῆς. Κατὰ σπάνιν οὖν τροφῆς τε καὶ ἄλλων
ἐφείδοντο ἔσθ' ὅτε τῶν ἐν τοῖς πεδίοις, ἵν' ἔχοιεν χορηγούς· ἀντεδίδοσαν δὲ
ῥητίνην, πίτταν δᾷδα, κηρὸν, τυρὸν, μέλι· τούτων γὰρ εὐπόρουν. Ὑπέρκειται
δὲ τῶν Κάρνων τὸ Ἀπέννινον ὄρος, λίμνην ἔχον ἐξιεῖσαν εἰς τὸν Ἰσάραν
Ἰσάραν ποταμόν, ὃς παραλαβὼν Ἄταγιν ἄλλον ποταμὸν εἰς τὸν Ἀδρίαν
ἐκβάλλει. Ἐκ δὲ τῆς αὐτῆς λίμνης καὶ ἄλλος ποταμὸς εἰς τὸν Ἴστρον ῥεῖ,
καλούμενος + Ἀτησῖνον. Καὶ γὰρ ὁ Ἴστρος τὰς ἀρχὰς ἀπὸ τούτων λαμβάνει
τῶν ὀρῶν, πολυσχιδῶν ὄντων καὶ πολυκεφάλων. Μέχρι μὲν γὰρ δεῦρο ἀπὸ
τῆς Λιγυστικῆς συνεχῆ τὰ ὑψηλὰ τῶν Ἄλπεων διέτεινε καὶ ἑνὸς ὄρους
φαντασίαν παρεῖχεν, εἶτ' ἀνεθέντα καὶ ταπεινωθέντα ἐξαίρεται πάλιν εἰς
πλείω μέρη καὶ πλείους κορυφάς. Πρώτη δ' ἐστὶ τούτων ἡ τοῦ Ῥήνου πέραν καὶ
τῆς λίμνης κεκλιμένη πρὸς ἕω ῥάχις μετρίως ὑψηλή, ὅπου αἱ τοῦ Ἴστρου πηγαὶ
πλησίον Σοήβων καὶ τοῦ Ἑρκυνίου δρυμοῦ· ἄλλαι δ' εἰσὶν ἐπιστρέφουσαι πρὸς
τὴν Ἰλλυρίδα καὶ τὸν Ἀδρίαν, ὧν ἐστι τό τε Ἀπέννινον ὄρος τὸ λεχθὲν καὶ τὸ
Τοῦλλον καὶ Φλιγαδία, τὰ ὑπερκείμενα τῶν Ὀυινδολικῶν, ἐξ ὧν ὁ Δούρας καὶ
Κλάνις καὶ ἄλλοι πλείους χαραδρώδεις ποταμοὶ συμβάλλουσιν εἰς τὸ τοῦ
Ἴστρου ῥεῖθρον.
| [4,6,9] 9. Tout près, maintenant, et du fond de l'Adriatique et du territoire
d'Aquilée, habitent différentes peuplades qui font partie des Noriques
et des Carnes. Les Taurisques eux-mêmes comptent parmi les
Noriques. Tous ces peuples faisaient de fréquentes incursions en
Italie, mais Tibère et Drusus, son frère, y mirent fin en une seule
campagne d'été et voilà déjà trente-trois ans qu'ils vivent dans une
paix profonde acquittant exactement leurs tributs. Dans toute l'étendue
de la chaîne des Alpes il y a bien, à vrai dire, quelques plateaux offrant
de bonnes terres arables ainsi qu'un certain nombre de vallées bien
cultivées; généralement pourtant, et surtout vers les sommets où
toutes ces populations de brigands s'étaient concentrées de
préférence, l'aspect des Alpes, par le froid qui y règne, comme par
l'âpreté naturelle du sol, est celui de la stérilité et de la désolation.
Souvent même c'est à la disette dont souffraient les populations de la
montagne, c'est au dénuement absolu dans lequel elles se trouvaient
que les habitants des plaines ont dû de se voir préservés de leurs
incursions, vu qu'alors les montagnards avaient tout intérêt à ne pas se
fermer les seuls marchés où ils pouvaient se procurer les denrées dont
ils manquaient en échange de la résine, de la poix, des torches, de la
cire, du fromage, et du miel qui font toute la richesse de leur pays. Au-
dessus des Carnes est le mont Apennin : on y remarque un grand
lac dont les eaux s'écoulent dans le fleuve {Isargus}, lequel va se
jeter dans l'Adriatique après s'être grossi de l'Atagis {ou Athesis}. Du
même lac sort un autre fleuve, {l'Aenus}, qui va s'unir à l'Ister. L'Ister
prend sa source aussi dans la chaîne des Alpes, mais c'est dans la
partie qui s'offre à nous divisée en plusieurs branches distinctes et
hérissée d'une infinité de pics ou de sommets. Les Alpes, on le sait,
présentent d'abord, en s'éloignant de la Ligystique, une ligne continue
et de hauteur uniforme, ce qui leur donne l'aspect d'une seule et même
montagne, puis elles s'interrompent et s'abaissent brusquement, mais
pour se relever bientôt et pour se fractionner alors en plusieurs
chaînes que dominent un très grand nombre de pics. Une première
chaîne ou arête, encore assez peu élevée, commence au delà du Rhin
et du lac formé par ce fleuve et court droit à l'E.: or, c'est là, dans le
voisinage des Suèves et de la forêt Hercynienne, que l'Ister a ses
sources. D'autres chaînes inclinent dans la direction de l'Illyrie et de la
mer Adriatique : les plus remarquables sont le mont Apennin, dont il a
été question plus haut, le mont Tulle, le mont Phligadie et la chaîne qui
domine le territoire des Vindoliciens et où prennent naissance le
Duras, le Clanis et plusieurs cours d'eau encore, véritables torrents,
tous tributaires de l'Ister.
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