[2,1,11] Ὅ τε ἐξ Ἀμισοῦ πλοῦς ἐπὶ τὴν Κολχίδα ὅτι ἐστὶν ἐπὶ ἰσημερινὴν
ἀνατολήν, καὶ τοῖς ἀνέμοις ἐλέγχεται καὶ ὥραις καὶ καρποῖς καὶ ταῖς
ἀνατολαῖς αὐταῖς· ὡς δ' αὕτως καὶ ἡ ἐπὶ τὴν Κασπίαν ὑπέρβασις καὶ ἡ
ἐφεξῆς ὁδὸς μέχρι Βάκτρων. Πολλαχοῦ γὰρ ἡ ἐνάργεια καὶ τὸ ἐκ
πάντων συμφωνούμενον ὀργάνου πιστότερόν ἐστιν, ἐπεὶ καὶ αὐτὸς ὁ
Ἵππαρχος τὴν ἀπὸ στηλῶν μέχρι τῆς Κιλικίας γραμμήν, ὅτι ἐστὶν ἐπ'
εὐθείας καὶ ὅτι ἐπὶ ἰσημερινὴν ἀνατολήν, οὐ πᾶσαν ὀργανικῶς καὶ
γεωμετρικῶς ἔλαβεν, ἀλλ' ὅλην τὴν ἀπὸ στηλῶν μέχρι πορθμοῦ τοῖς
πλέουσιν ἐπίστευσεν. Ὥστ' οὐδ' ἐκεῖνο εὖ λέγει τό ἐπειδὴ οὐκ ἔχομεν
λέγειν οὔθ' ἡμέρας μεγίστης πρὸς τὴν βραχυτάτην λόγον οὔτε
γνώμονος πρὸς σκιὰν ἐπὶ τῇ παρωρείᾳ τῇ ἀπὸ Κιλικίας μέχρι Ἰνδῶν,
οὐδ' εἰ ἐπὶ παραλλήλου γραμμῆς ἐστιν ἡ λόξωσις ἔχομεν εἰπεῖν, ἀλλ'
ἐᾶν ἀδιόρθωτον, λοξὴν φυλάξαντες, ὡς οἱ ἀρχαῖοι πίνακες παρέχουσι.
Πρῶτον μὲν γὰρ τὸ μὴ ἔχειν εἰπεῖν ταὐτόν ἐστι τῷ ἐπέχειν, ὁ δ'
ἐπέχων οὐδετέρωσε ῥέπει, ἐᾶν δὲ κελεύων, ὡς οἱ ἀρχαῖοι, ἐκεῖσε ῥέπει.
Μᾶλλον δ' ἂν τἀκόλουθον ἐφύλαττεν, εἰ συνεβούλευε μηδὲ
γεωγραφεῖν ὅλως· οὐδὲ γὰρ τῶν ἄλλων ὀρῶν τὰς θέσεις, οἷον Ἄλπεων
καὶ τῶν Πυρηναίων καὶ τῶν Θρᾳκίων καὶ Ἰλλυρικῶν καὶ Γερμανικῶν,
οὕτως ἔχομεν εἰπεῖν. Τίς δ' ἂν ἡγήσαιτο πιστοτέρους τῶν ὑστέρων
τοὺς παλαιοὺς τοσαῦτα πλημμελήσαντας περὶ τὴν πινακογραφίαν,
ὅσα εὖ διαβέβληκεν Ἐρατοσθένης, ὧν οὐδενὶ ἀντείρηκεν Ἵππαρχος;
| [2,1,11] Ce qui prouve maintenant que le trajet par mer d'Amisus en Colchide
se fait bien réellement dans la direction du levant équinoxial, c'est que
partout, sur cette ligne, on observe mêmes vents, mêmes saisons,
mêmes productions, mêmes levers du soleil. On vérifie pareillement que
telle est bien la direction du col qui débouche sur la mer Caspienne et de
la route de Bactres qui y fait suite. C'est qu'il n'est pas rare en effet que
l'évidence et l'accord unanime des voyageurs méritent plus de créance
que l'indication des instruments. Cela est si vrai, qu'Hipparque lui-même,
qui nous affirme que la ligne tirée depuis les Colonnes d'Hercule
jusqu'en Cilicie est droite et se dirige au levant équinoxial, n'a pas relevé
cette ligne tout entière à l'aide d'instruments et par les procédés
géométriques, mais qu'il a dû, pour toute la partie comprise entre les
Colonnes d'Hercule et le détroit de Sicile, s'en rapporter aux témoignages
des navigateurs. Aussi a-t-il tort de prétendre que, du moment que nous
ne pouvons pas dire quel est le rapport du jour le plus long au jour le plus
court et le rapport de l'ombre au gnomon pour toute la chaîne de
montagnes qui court depuis la Cilicie jusqu'à l'Inde, nous ne pouvons pas
dire non plus que cette chaîne soit plutôt parallèle qu'oblique, et qu'en
conséquence nous devons maintenir sans correction l'obliquité telle que
les anciennes cartes nous la présentent. Car, en premier lieu, ne pas
pouvoir dire une chose, c'est proprement s'abstenir de l'affirmer; et
s'abstenir, c'est n'incliner ni d'un côté ni de l'autre; or vouloir, comme fait
Hipparque, qu'on laisse les choses dans l'état où les anciens nous les ont
présentées, n'est-ce pas incliner d'un côté plutôt que de l'autre?
Hipparque eût été plus conséquent en nous dissuadant absolument de
toute étude géographique, puisqu'en effet sur la situation exacte des
autres chaînes de montagnes et notamment des Alpes, des Pyrénées,
des montagnes de la Thrace, de l'Illyrie et de la Germanie, nous n'avons
rien de plus précis à dire ; mais, qui voudra jamais croire que les anciens
méritent plus de foi que les modernes, après toutes les erreurs qu'ils ont
commises dans leurs cartes géographiques, et qu'Ératosthène a relevées
à si juste titre, sans qu'Hipparque ait pu y trouver à redire.
|