Texte grec :
[1,1,17] Καὶ τοῦτο καὶ ἐν μικροῖς μὲν δῆλόν ἐστιν, οἷον ἐν τοῖς
κυνηγεσίοις. Ἄμεινον γὰρ ἂν θηρεύσειέ τις εἰδὼς τὴν ὕλην, ὁποία τις
καὶ πόση· καὶ στρατοπεδεῦσαι δὲ καλῶς ἐν χωρίῳ τοῦ εἰδότος ἐστὶ καὶ
ἐνεδρεῦσαι καὶ ὁδεῦσαι. Ἀλλ' ἐν τοῖς μεγάλοις ἐστὶ τηλαυγέστερον,
ὅσῳπερ καὶ τὰ ἆθλα μείζω τὰ τῆς ἐμπειρίας καὶ τὰ σφάλματα {τὰ} ἐκ
τῆς ἀπειρίας. Ὁ μέντοι Ἀγαμέμνονος στόλος τὴν Μυσίαν ὡς τὴν
Τρῳάδα πορθῶν ἐπαλινδρόμησεν αἰσχρῶς. Πέρσαι δὲ καὶ Λίβυες,
τοὺς πορθμοὺς ὑπονοήσαντες εἶναι τυφλοὺς στενωπούς, ἐγγὺς μὲν
ἦλθον κινδύνων μεγάλων, τρόπαια δὲ τῆς ἀγνοίας κατέλιπον· οἱ μὲν
τὸν τοῦ Σαλγανέως τάφον πρὸς τῷ Εὐρίπῳ τῷ Χαλκιδικῷ τοῦ
σφαγέντος ὑπὸ τῶν Περσῶν ὡς καθοδηγήσαντος φαύλως ἀπὸ
Μαλιέων ἐπὶ τὸν εὔριπον τὸν στόλον· οἱ δὲ τὸ τοῦ Πελώρου μνῆμα
καὶ τούτου διαφθαρέντος κατὰ τὴν ὁμοίαν αἰτίαν· πλήρης τε
ναυαγίων ἡ Ἑλλὰς ὑπῆρξε κατὰ τὴν Ξέρξου στρατείαν, καὶ ἡ τῶν
Αἰολέων δὲ καὶ ἡ τῶν Ἰώνων ἀποικία πολλὰ τοιαῦτα πταίσματα
παραδέδωκεν. Ὁμοίως δὲ καὶ κατορθώματα, ὅπου τι κατορθωθῆναι
συνέβη παρὰ τὴν ἐμπειρίαν τῶν τόπων· καθάπερ ἐν τοῖς περὶ
Θερμοπύλας στενοῖς ὁ Ἐφιάλτης λέγεται δείξας τὴν διὰ τῶν ὀρῶν
ἀτραπὸν τοῖς Πέρσαις ὑποχειρίους αὐτοῖς ποιῆσαι τοὺς περὶ
Λεωνίδαν καὶ δέξασθαι τοὺς βαρβάρους εἴσω Πυλῶν. Ἐάσας δὲ τὰ
παλαιὰ τὴν νῦν Ῥωμαίων στρατείαν ἐπὶ Παρθυαίους ἱκανὸν ἡγοῦμαι
τούτων τεκμήριον· ὡς δ' αὕτως τὴν ἐπὶ Γερμανοὺς καὶ Κελτούς, ἐν
ἕλεσι καὶ δρυμοῖς ἀβάτοις ἐρημίαις τε τοπομαχούντων τῶν βαρβάρων
καὶ τὰ ἐγγὺς πόρρω ποιούντων τοῖς ἀγνοοῦσι καὶ τὰς ὁδοὺς
ἐπικρυπτομένων καὶ τὰς εὐπορίας τροφῆς τε καὶ τῶν ἄλλων.
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Traduction française :
[1,1,17] 17. Ce que nous avons dit {de l'utilité de la géographie} se vérifie même
dans les petites opérations, à la chasse par exemple, car on chassera
mieux connaissant la disposition et l'étendue de la forêt; et, en général,
quiconque con naît les lieux s'entendra mieux qu'un autre à -choisir un
campement, à disposer une embuscade, à diriger une marche. Mais dans
les grandes opérations l'évidence de notre assertion devient plus
éclatante encore, d'autant qu'alors on est plus chèrement récompensé
d'avoir su, plus chèrement puni d'avoir ignoré. Ainsi la flotte
d'Agamemnon se trompe, ravage la Mysie pour la Troade et se voit
réduite à une retraite honteuse. Ainsi les Perses et les Libyens, pour avoir
cru reconnaître dans des passes libres et ouvertes des détroits sans
issue, s'exposent aux plus grands périls, et laissent derrière eux, comme
trophées de leur ignorance, les Perses, le tombeau de Salganée près de
l'Euripe de Chalcis, de cet infortuné Salganée immolé par eux comme un
traître pour avoir, soi-disant, mené perdre leur flotte des rivages Maliens
tout au fond de l'Euripe ; les Libyens le monument de Pélore, mort victime
d'une semblable erreur. La même cause encore, lors de l'expédition de
Xerxès, remplit la Grèce de débris de naufrages, et longtemps auparavant
l'émigration des Éoliens et celle des Ioniens avaient offert le spectacle de
maints désastres pareils, tous occasionnés par l'ignorance. D'autre part,
que de victoires dans lesquelles le vainqueur doit tout son succès à la
connaissance des lieux ! Au défilé des Thermopyles, par exemple, n'est-
ce pas Ephialte, qui, en indiquant aux Perses ce sentier dans la
montagne, leur livre Léonidas et introduit en deçà des Pyles l'armée
barbare ? Mais sans remonter si haut, je trouve une preuve suffisante de
ce que j'avance soit dans la récente campagne des Romains contre les
Parthes, soit dans leurs expéditions contre les Germains et les Celtes, où
l'on voit ces barbares retranchés au fond de leurs marais, de leurs forêts
de chênes et de leurs solitudes impénétrables, combattre en s'aidant de
leur connaissance des lieux contre un ennemi qui les ignore, . le trompant
sur les distances, lui fermant les passages et interceptant ses convois de
vivres et ses autres approvisionnements.
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