Texte grec :
[1,1,8] Ὅτι δὲ ἡ οἰκουμένη νῆσός ἐστι, πρῶτον μὲν ἐκ τῆς αἰσθήσεως, καὶ
τῆς πείρας ληπτέον. Πανταχῆ γάρ, ὁπουποτοῦν ἐφικτὸν γέγονεν
ἀνθρώποις ἐπὶ τὰ ἔσχατα τῆς γῆς προελθεῖν, εὑρίσκεται θάλαττα, ἣν
δὴ καλοῦμεν ὠκεανόν. Καὶ ὅπου δὲ τῇ αἰσθήσει λαβεῖν οὐχ ὑπῆρξεν,
ὁ λόγος δείκνυσι. Τὸ μὲν γὰρ ἑωθινὸν πλευρόν, τὸ κατὰ τοὺς Ἰνδούς,
καὶ τὸ ἑσπέριον, τὸ κατὰ τοὺς Ἴβηρας καὶ τοὺς Μαυρουσίους,
περιπλεῖται πᾶν ἐπὶ πολὺ τοῦ τε νοτίου μέρους καὶ τοῦ βορείου· τὸ δὲ
λειπόμενον ἄπλουν ἡμῖν μέχρι νῦν τῷ μὴ συμμῖξαι μηδένας ἀλλήλοις
τῶν ἀντιπεριπλεόντων οὐ πολύ, εἴ τις συντίθησιν ἐκ τῶν
παραλλήλων διαστημάτων τῶν ἐφικτῶν ἡμῖν. Οὐκ εἰκὸς δὲ
διθάλαττον εἶναι τὸ πέλαγος τὸ Ἀτλαντικόν, ἰσθμοῖς διειργόμενον
οὕτω στενοῖς τοῖς κωλύουσι τὸν περίπλουν, ἀλλὰ μᾶλλον σύρρουν
καὶ συνεχές. Οἵ τε γὰρ περιπλεῖν ἐγχειρήσαντες, εἶτα
ἀναστρέψαντες, οὐχ ὑπὸ ἠπείρου τινὸς ἀντιπιπτούσης καὶ κωλυούσης
τὸν ἐπέκεινα πλοῦν ἀνακρουσθῆναι φασίν, ἀλλὰ ὑπὸ ἀπορίας καὶ
ἐρημίας, οὐδὲν ἧττον τῆς θαλάττης ἐχούσης τὸν πόρον. Τοῖς τε
πάθεσι τοῦ ὠκεανοῦ τοῖς περὶ τὰς ἀμπώτεις καὶ τὰς πλημμυρίδας
ὁμολογεῖ τοῦτο μᾶλλον· πάντη γοῦν ὁ αὐτὸς τρόπος τῶν τε
μεταβολῶν ὑπάρχει καὶ τῶν αὐξήσεων καὶ μειώσεων, ἣ οὐ πολὺ
παραλλάττων, ὡς ἂν ἐπὶ ἑνὸς πελάγους τῆς κινήσεως ἀποδι δομένης
καὶ ἀπὸ μιᾶς αἰτίας.
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Traduction française :
[1,1,8] Au surplus, que la terre habitée soit une île, la chose ressort tout d'abord
du témoignage de nos sens, du témoignage de l'expérience. Car partout
où il a été. donné aux hommes d'atteindre les extrémités mêmes de la
terre, ils ont trouvé la mer, celle précisément. que nous nommons Océan,
et, pour les parties où le fait n'a pu être vérifié directement par les sens, le
raisonnement l'a établi de même. Les périples exécutés, soit autour du
côté oriental de la terre, qui est celui qu'habitent les Indiens, soit autour
du côté occidental, qui est celui qu'occupent les Ibères et les Maurusiens,
ont été poussés loin, tant au nord qu'au midi, et l'espace qui demeure
encore fermé à nos vaisseaux, faute de relations établies entre nos
marins et ceux qui exécutent en sens contraire des périples analogues,
cet espace, disons-nous, est peu considérable, à en juger par les
distances parallèles que nos vaisseaux ont déjà parcourues. Cela étant, il
n'est guère vraisemblable que l'Océan Atlantique puisse être divisé en
deux mers distinctes par des isthmes aussi étroits qui intercepteraient la
circumnavigation, et il paraît beaucoup plus probable que ledit Océan est
un et continu; d'autant que ceux qui, ayant entrepris le périple de la terre,
sont revenus sur leurs traces, ne l'ont point fait, de leur aveu même, pour
s'être vu barrer et intercepter le passage par quelque continent, mais
uniquement à cause du manque de vivres et par peur de la solitude, la
mer demeurant toujours aussi libre devant eux. Cette manière de voir
s'accorde mieux aussi avec le double phénomène du flux et du reflux de
l'Océan, car partout les changements qu'il éprouve, notamment ceux qui
consistent à élever et à abaisser le niveau de ses eaux, ont un caractère
uniforme ou n'offrent que d'imperceptibles différences, comme cela se
conçoit de mouvements produits au sein de la même mer et en vertu
d'une seule et même cause.
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