Texte grec :
[1,1,7] Καὶ ἄλλως δ' ἐμφαίνει τὸ κύκλῳ περικεῖσθαι τῇ γῇ τὸν ὠκεανόν,
ὅταν οὕτω φῇ ἡ Ἥρα·
Εἶμι γὰρ ὀψομένη πολυφόρβου πείρατα γαίης
Ὠκεανόν τε θεῶν γένεσιν.
Τοῖς γὰρ πέρασι πᾶσι συνήθη λέγει τὸν ὠκεανόν· τὰ δὲ πέρατα κύκλῳ
περίκειται· ἔν τε τῇ ὁπλοποιίᾳ τῆς Ἀχιλλέως ἀσπίδος κύκλῳ
περιτίθησι τὸν ὠκεανὸν ἐπὶ τῆς ἴτυος. Ἔχεται δὲ τῆς αὐτῆς
φιλοπραγμοσύνης καὶ τὸ μὴ ἀγνοεῖν τὰ περὶ τὰς πλημμυρίδας τοῦ
ὠκεανοῦ καὶ τὰς ἀμπώτεις « ἀψορρόου ὠκεανοῖο », λέγοντα καί
Τρὶς μὲν γάρ τ' ἀνίησιν ἐπ' ἤματι, τρὶς δ' ἀναροιβδεῖ.
Καὶ γὰρ εἰ μὴ τρὶς ἀλλὰ δίς, τάχα τῆς ἱστορίας παραπεσόντος, ἢ τῆς
γραφῆς διημαρτημένης · ἀλλ' ἥ γε προαίρεσις τοιαύτη. Καὶ τὸ « ἐξ
ἀκαλαρρείταο » δὲ ἔχει τινὰ ἔμφασιν τῆς πλημμυρίδος, ἐχούσης τὴν
ἐπίβασιν πραεῖαν καὶ οὐ τελέως ῥοώδη. Ποσειδώνιος δὲ καὶ ἐκ τοῦ
σκοπέλους λέγειν τοτὲ μὲν καλυπτομένους, τοτὲ δὲ γυμνουμένους,
καὶ ἐκ τοῦ ποταμὸν φάναι τὸν ὠκεανὸν εἰκάζει τὸ ῥοῶδες αὐτοῦ τὸ
περὶ τὰς πλημμυρίδας ἐμφανίζεσθαι. Τὸ μὲν οὖν πρῶτον εὖ, τὸ δὲ
δεύτερον οὐκ ἔχει λόγον· οὔτε γὰρ ποταμίῳ ῥεύματι ἔοικεν ἡ τῆς
πλημμυρίδος ἐπίβασις, πολὺ δὲ μᾶλλον ἡ ἀναχώρησις οὐ τοιαύτη. Ὅ
τε τοῦ Κράτητος λόγος διδάσκει τι πιθανώτερον. Βαθύρρουν μὲν γὰρ
καὶ ἄψορρον λέγει, ὁμοίως δὲ καὶ ποταμὸν τὸν ὅλον ὠκεανόν· λέγει
δὲ καὶ μέρος τοῦ ὠκεανοῦ τι ποταμὸν καὶ ποταμοῖο ῥόον, οὐ τοῦ ὅλου
ἀλλὰ τοῦ μέρους, ὅταν οὕτω φῇ·
Αὐτὰρ ἐπεὶ ποταμοῖο λίπεν ῥόον ὠκεανοῖο
νηῦς, ἀπὸ δ' ἵκετο κῦμα θαλάσσης εὐρυπόροιο.
Οὐ γὰρ τὸν ὅλον, ἀλλὰ τὸν ἐν τῷ ὠκεανῷ τοῦ ποταμοῦ ῥόον μέρος
ὄντα τοῦ ὠκεανοῦ, ὅν φησιν ὁ Κράτης ἀνάχυσίν τινα καὶ κόλπον ἐπὶ
τὸν νότιον πόλον ἀπὸ τοῦ χειμερινοῦ τροπικοῦ διήκοντα. Τοῦτον γὰρ
δύναιτ' ἄν τις ἐκλιπὼν ἔτι εἶναι ἐν τῷ ὠκεανῷ· τὸν δὲ ὅλον ἐκλιπόντα
ἔτι εἶναι ἐν τῷ ὅλῳ οὐχ οἷόν τε. Ὅμηρος δέ γε οὕτω φησί·
Ποταμοῖο λίπεν ῥόον,
ἀπὸ δ' ἵκετο κῦμα θαλάσσης,
ἥτις οὐκ ἄλλη τίς ἐστιν ἀλλὰ ὠκεανός. γίνεται οὖν, ἐὰν ἄλλως δέχῃ,
ἐκβὰς ἐκ τοῦ ὠκεανοῦ ἦλθεν εἰς τὸν ὠκεανόν. Ἀλλὰ ταῦτα μὲν
μακροτέρας ἐστὶ διαίτης.
|
|
Traduction française :
[1,1,7] 7. Il s'y prend encore d'autre façon pour nous donner à entendre que
l'Océan entoure circulairement la terre; il mettra par exemple dans la
bouche de Junon les paroles suivantes.
«Car je veux aller visiter les bornes de la terre féconde et l'Océan, père des dieux,»
ce qui revient à dire que l'Océan confine à toutes les extrémités de !a
terre; or on sait que lesdites extrémités figurent proprement un cercle,
Dans l'Hopolée aussi, il fait de l'Océan la bordure cime laies du
bouclier d'Achille. Ajoutons comme une nouvelle preuve de la curiosité
scientifique qui possédait Homère, que le double phénomène du flux et
du reflux de l'Océan ne lui était pas demeuré inconnu, témoin l'expression
suivante, «l'Océan aux flots rétrogrades» et ce passage {à propos
de Charybde} :
«Trois fois par jour elle vomit, et trois fois elle ravale ses ondes.»
Il est vrai qu'il eût fallu dire ici deux fois au lieu de trois; mais, que la
différence tienne à une erreur d'observation ou à une erreur de copie,
toujours est-il que le but du poète était bien de décrire le phénomène en
question. L'épithète «au courant paisible,» semble aussi une image
exacte de la marée montante, qui, de fait, a l'allure plutôt douce
qu'impétueuse. Posidonius, de son côté, croit voir dans ce que dit
Homère de rochers alternativement couverts et découverts et dans le
nom de fleuve qu'il prête à l'Océan une double allusion aux
phénomènes des marées : passe pour la première raison, mais la
seconde n'a pas de sens, car jamais le mouvement de la marée montante
n'a ressemblé au courant d'un fleuve, et celui du reflux bien moins
encore. L'explication de Cratès a quelque chose de plus plausible :
suivant lui, les qualifications de courant profond, de courant rétrograde,
voire même celle de fleuve, désignent bien, dans Homère, l'Océan tout
entier, mais ce même nom de fleuve et celui de courant fluvial ne
désignent plus qu'une partie de l'Océan, et de l'Océan pris dans le sens
restreint, non dans le sens étendu, quand le poète vient à dire :
«Une fois le vaisseau sorti du courant du fleuve Océan pour a entrer au
sein de la vaste mer.»
Ici, en effet, il s'agit, non pas de la totalité de l'Océan, mais d'un courant
fluvial au sein de l'Océan, autrement dit d'une portion quelconque de
l'Océan, que Cratès se représente comme une espèce d'estuaire ou de
golfe se prolongeant, à partir du tropique d'hiver, dans la direction du pôle
austral. De la sorte, en quittant ledit fleuve, un vaisseau aura pu se
trouver encore en plein Océan; s'agit-il, au contraire, de la totalité de
l'Océan, on ne conçoit plus qu'après en être une fois sorti le vaisseau s'y
retrouve encore. Homère dit bien, à la vérité,
«Quand sorti du courant du fleuve, il fut entré au sein de la mer,»
mais la mer ici ne saurait s'entendre que de l'Océan lui-même. Il demeure
donc avéré que le passage, interprété autrement que nous ne le faisons,
reviendrait à ceci, «qu'un vaisseau est sorti de l'Océan pour entrer dans
l'Océan. La question, pourtant, demanderait une plus ample discussion.
|
|