[11b,2] Φέρεται μὲν οὖν ἀπὸ τῶν ἀρκτικῶν μερῶν, οὐ μὴν ὡς ἂν κατὰ διάμετρον ἀντίρρους τῷ Νείλῳ, καθάπερ νομίζουσιν οἱ πολλοί, ἀλλὰ ἑωθινώτερος ἐκείνου, παραπλησίως ἐκείνῳ τὰς ἀρχὰς ἀδήλους ἔχων· ἀλλὰ τοῦ μὲν πολὺ τὸ φανερὸν χώραν διεξιόντος πᾶσαν εὐεπίμικτον καὶ μακροὺς ἀνάπλους ἔχοντος, τοῦ δὲ Τανάιδος τὰς μὲν ἐκβολὰς ἴσμεν δύο δ' εἰσὶν εἰς τὰ ἀρκτικώτατα μέρη τῆς Μαιώτιδος ἑξήκοντα σταδίους ἀλλήλων διέχουσαἰ, τοῦ δ' ὑπὲρ τῶν ἐκβολῶν ὀλίγον τὸ γνώριμόν ἐστι διὰ τὰ ψύχη καὶ τὰς ἀπορίας τῆς χώρας, ἃς οἱ μὲν αὐτόχθονες δύνανται φέρειν σαρξὶ καὶ γάλακτι τρεφόμενοι νομαδικῶς, οἱ δ' ἀλλοεθνεῖς οὐχ ὑπομένουσιν. Ἄλλως τε οἱ νομάδες δυσεπίμικτοι τοῖς ἄλλοις ὄντες καὶ πλήθει καὶ βίᾳ διαφέροντες ἀποκεκλείκασιν εἰ καί τι πορεύσιμον τῆς χώρας ἐστὶν ἢ εἴ τινας τετύχηκεν ἀνάπλους ἔχων ὁ ποταμός. Ἀπὸ δὲ τῆς αἰτίας ταύτης οἱ μὲν ὑπέλαβον τὰς πηγὰς ἔχειν αὐτὸν ἐν τοῖς Καυκασίοις ὄρεσι, πολὺν δ' ἐνεχθέντα ἐπὶ τὰς ἄρκτους εἶτ' ἀναστρέψαντα ἐκβάλλειν εἰς τὴν Μαιῶτιν τούτοις δὲ ὁμοδοξεῖ καὶ Θεοφάνης ὁ Μιτυληναῖοσ̓, οἱ δ' ἀπὸ τῶν ἄνω μερῶν τοῦ Ἴστρου φέρεσθαι· σημεῖον δὲ φέρουσιν οὐδὲν τῆς πόρρωθεν οὕτω ῥύσεως καὶ ἀπ' ἄλλων κλιμάτων, ὥσπερ οὐ δυνατὸν ὂν καὶ ἐγγύθεν καὶ ἀπὸ τῶν ἄρκτων.
| [11b,2] Le Tanaïs vient du nord, mais il n'est pas vrai, comme on le croit généralement, qu'il coule juste à l'opposite du Nil, sous le même méridien : celui sous lequel il coule est plus oriental que le méridien du Nil. Toute l'analogie qu'il offre avec ce fleuve, c'est que, comme lui, il cache ses sources ; seulement, tandis qu'une grande partie du cours du Nil nous est parfaitement connue, grâce à cette double circonstance que la contrée qu'il traverse est partout d'un accès facile et que lui-même peut être remonté très haut, du Tanaïs nous ne connaissons guère que les bouches (il y en a deux, comme chacun sait, qui se déversent dans la partie la plus septentrionale du Palus Maeotis à 60 stades de distance l'une de l'autre). Au-dessus de ces bouches, maintenant, l'excès du froid et le peu de ressources du pays (inconvénients supportables peut-être pour les indigènes qui ne vivent, comme tontes les populations nomades, que de la chair et du lait de leurs troupeaux, mais auxquels les étrangers ne résistent pas) ont toujours entravé le progrès de nos connaissances. Ajoutons que ces nomades, peu sociables de leur nature, profitaient de ce qu'ils étaient les plus nombreux et les plus forts pour intercepter tous les chemins pouvant donner accès par terre dans leur pays, ou pour empêcher qu'on ne remontât la partie navigable du fleuve. Aussi que n'a-t-on point supposé ? Les uns ont prétendu que le Tanaïs prenait sa source dans le Caucase, que de là il se portait au N. et qu'après avoir coulé longtemps dans cette direction il se détournait brusquement pour aller se jeter dans le Palus Maeotis (Théophane de Mitylène lui-même se range à cette opinion) ; les autres ont fait du Tanaïs un bras du haut Ister, mais sans produire aucun indice certain d'une origine aussi lointaine et aussi excentrique, et sans paraître se douter que le Tanaïs pouvait tout aussi bien avoir ses sources situées à peu de distance dans le nord.
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