[11b,19] Τῶν δὲ συνερχομένων ἐθνῶν εἰς τὴν Διοσκουριάδα καὶ οἱ Φθειροφάγοι εἰσίν, ἀπὸ τοῦ αὐχμοῦ καὶ τοῦ πίνου λαβόντες τοὔνομα. Πλησίον δὲ καὶ οἱ Σοάνες, οὐδὲν βελτίους τούτων τῷ πίνῳ δυνάμει δὲ βελτίους, σχεδὸν δέ τι καὶ κράτιστοι κατὰ ἀλκὴν καὶ δύναμιν· δυναστεύουσι γοῦν τῶν κύκλῳ τὰ ἄκρα τοῦ Καυκάσου κατέχοντες τὰ ὑπὲρ τῆς Διοσκουριάδος· βασιλέα δ' ἔχουσι καὶ συνέδριον ἀνδρῶν τριακοσίων, συνάγουσι δ' ὥς φασι στρατιὰν καὶ εἴκοσι μυριάδων· ἅπαν γάρ ἐστι τὸ πλῆθος μάχιμον, οὐ συντεταγμένον {δέ}. Παρὰ τούτοις δὲ λέγεται καὶ χρυσὸν καταφέρειν τοὺς χειμάρρους, ὑποδέχεσθαι δ' αὐτὸν τοὺς βαρβάρους φάτναις κατατετρημέναις καὶ μαλλωταῖς δοραῖς· ἀφ' οὗ δὴ μεμυθεῦσθαι καὶ τὸ χρυσόμαλλον δέρος· εἰ μὴ καὶ Ἴβηρας ὁμωνύμως τοῖς ἑσπερίοις καλοῦσιν ἀπὸ τῶν ἑκατέρωθι χρυσείων. Χρῶνται δ' οἱ Σοάνες φαρμάκοις πρὸς τὰς ἀκίδας θαυμαστοῖς καὶ τοὺς ἀφαρμάκτοις τετρωμένους βέλεσι λυπεῖ κατὰ τὴν ὀσμήν. Τὰ μὲν οὖν ἄλλα ἔθνη τὰ πλησίον τὰ περὶ τὸν Καύκασον λυπρὰ καὶ μικρόχωρα, τὸ δὲ τῶν Ἀλβανῶν ἔθνος καὶ τὸ τῶν Ἰβήρων, ἃ δὴ πληροῖ μάλιστα τὸν λεχθέντα ἰσθμόν, Καυκάσια {μὲν} καὶ αὐτὰ λέγοιτ' ἄν, εὐδαίμονα δὲ χώραν ἔχει καὶ σφόδρα καλῶς οἰκεῖσθαι δυναμένην.
| [11b,19] Au nombre des peuples qui fréquentent l'emporium ou marché de Dioscurias figurent aussi les Phthirophages, ainsi nommés à cause de leur saleté et de la vermine qui les couvre. Leurs voisins, les Soanes, ne valent guère mieux qu'eux sous le rapport de la propreté, mais ils leur sont bien supérieurs en puissance ; on peut même dire qu'ils surpassent en force et en bravoure tous les autres peuples de ces contrées. Aussi exercent-ils une sorte de domination sur les tribus circonvoisines du haut des cimes escarpées du Caucase qu'ils occupent en arrière de Dioscurias. Ils ont pour les gouverner un roi assisté d'un conseil de trois cents guerriers et peuvent mettre sur pied, à ce qu'on assure, jusqu'à des armées de
200.000 hommes. Chez eux, en effet, tout le monde est soldat, {mais} sans pouvoir se plier à la discipline des armées régulières. Un autre fait qu'on nous donne pour certain, c'est que les torrents de leur pays roulent des paillettes d'or que ces Barbares recueillent à l'aide de vans percés de trous et de toisons à longue laine, circonstance qui aurait suggéré, dit-on, le mythe de la Toison d'or. {Quelques auteurs} prétendent aussi à ce propos que, si l'on a donné à un peuple du Caucase le même nom qu'aux peuples de l'extrême Occident, à savoir le nom d'Ibères, c'est parce que les deux pays se trouvent posséder des mines d'or. Les Soanes trempent la pointe de leurs flèches dans des poisons qui ont cela de particulier que leur odeur insupportable aggrave encore, s'il est possible, la blessure faite par les flèches ainsi préparées. En général, les peuples du Caucase voisins de la Colchide habitent des terres arides et de peu d'étendue ; toutefois les deux nations des Albani et des Ibères, qui à elles seules occupent l'isthme presque tout entier, et qu'on peut à la rigueur ranger aussi parmi les nations caucasiennes, se trouvent posséder une région fertile et capable de suffire amplement aux besoins d'une population nombreuse.
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