| [10d,6] Ἄλλη δ' ἄλλων γλῶσσα μεμιγμένη φησὶν ὁ ποιητής
 Ἐν μὲν Ἀχαιοί, ἐν δ' Ἐτεόκρητες μεγαλήτορες, ἐν δὲ Κύδωνες, 
Δωριέες τε τριχάικες δῖοί τε Πελασγοί.
Τούτων φησὶ Στάφυλος τὸ μὲν πρὸς ἕω Δωριεῖς κατέχειν, τὸ δὲ δυσμικὸν Κύδωνας, τὸ 
{δὲ} νότιον Ἐτεόκρητας, ὧν εἶναι πολίχνιον Πρᾶσον, ὅπου τὸ τοῦ Δικταίου Διὸς ἱερόν· τοὺς 
δ' ἄλλους ἰσχύοντας πλέον οἰκῆσαι τὰ πεδία. Τοὺς μὲν οὖν Ἐτεόκρητας καὶ τοὺς Κύδωνας 
αὐτόχθονας ὑπάρξαι εἰκός, τοὺς δὲ λοιποὺς ἐπήλυδας, οὓς ἐκ Θετταλίας φησὶν ἐλθεῖν 
Ἄνδρων τῆς Δωρίδος μὲν πρότερον νῦν δὲ Ἑστιαιώτιδος λεγομένης· ἐξ ἧς ὡρμήθησαν, ὥς 
φησιν, οἱ περὶ τὸν Παρνασσὸν οἰκήσαντες Δωριεῖς καὶ ἔκτισαν τήν τε Ἐρινεὸν καὶ Βοιὸν καὶ 
Κυτίνιον, ἀφ' οὗ καὶ τριχάικες ὑπὸ τοῦ ποιητοῦ λέγονται. Οὐ πάνυ δὲ τὸν τοῦ Ἄνδρωνος 
λόγον ἀποδέχονται, τὴν μὲν τετράπολιν Δωρίδα τρίπολιν ἀποφαίνοντος, τὴν δὲ 
μητρόπολιν τῶν Δωριέων ἄποικον Θετταλῶν· τριχάικας δὲ δέχονται ἤτοι ἀπὸ τῆς τριλοφίας 
ἢ ἀπὸ τοῦ τριχίνους εἶναι τοὺς λόφους. 
 | [10d,6] «Divers idiomes ici se mêlent pour former la langue du pays» ainsi s'exprime 
Homère (Od. XIX, 175). Puis il ajoute :
 «Ici vivent côte à côte et les Achéens et les Etéocrètes au coeur vaillant, et les 
Cydones, et les Doriens trichaïces et les divins Pélasges».
Or, de ces différents peuples, les Doriens, s'il faut en croire Staphylus, avaient 
occupé tout le levant, les Cydones tout le couchant et les Etéocrètes tout le midi, avec la 
petite ville de Prasus où est le temple de Jupiter Dictéen, pour chef-lieu. Quant aux deux 
autres peuples, plus forts et plus puissants que les premiers, ils avaient pris possession 
des plaines. Il y a lieu de croire que les Etéocrètes et les Cydones étaient seuls 
autochtones, tandis que les autres formaient autant de populations advènes. Suivant 
Andron, c'est de la Thessalie, du canton appelé anciennement Doride et actuellement 
Hestiaeotide, que ceux-ci étaient venus, et Andron fait remarquer que c'est du même 
canton précisément qu'étaient sortis déjà ces Doriens qui s'établirent dans le Parnasse 
et y fondèrent les trois villes d'Erinéum, de Beeum et de Cytinium, et il ajoute que c'est 
sans doute en mémoire de ces trois mêmes villes que le poète a joint au nom des 
Doriens l'épithète de trichaices. Mais cette explication d'Andron est généralement 
rejetée, {comme reposant sur une double erreur} : la substitution d'une tripolis à la 
tétrapole dorienne {traditionnelle}, et l'origine thessalienne attribuée à la métropole des 
Doriens. On aime mieux croire que l'épithète de trichaïces, dans Homère, fait allusion 
simplement soit au triple cimier (trilophia) qui surmontait le casque des Doriens, soit à 
cette autre circonstance, que ledit cimier était fait de crins de cheval (trichinous).
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