Texte grec :
[10b,8] Αὕτη δ' ἦν τὸ παλαιὸν μὲν χερρόνησος τῆς Ἀκαρνάνων γῆς, καλεῖ δ' ὁ ποιητὴς
αὐτὴν ἀκτὴν ἠπείροιο, τὴν περαίαν τῆς Ἰθάκης καὶ τῆς Κεφαλληνίας ἤπειρον καλῶν· αὕτη
δ' ἐστὶν ἡ Ἀκαρνανία· ὥστε, ὅταν φῇ ἀκτὴν ἠπείροιο, τῆς Ἀκαρνανίας ἀκτὴν δέχεσθαι δεῖ.
Τῆς δὲ Λευκάδος ἥ τε Νήριτος, ἥν φησιν ἑλεῖν ὁ Λαέρτης
Ἦ μὲν Νήριτον εἷλον ἐϋκτίμενον πτολίεθρον,
ἀκτὴν ἠπείροιο, Κεφαλλήνεσσιν ἀνάσσων,
καὶ ἃς ἐν καταλόγῳ φησί
Καὶ Κροκύλει' ἐνέμοντο καὶ Αἰγίλιπα τρηχεῖαν.
Κορίνθιοι δὲ πεμφθέντες ὑπὸ Κυψέλου καὶ Γόργου ταύτην τε κατέσχον τὴν ἀκτὴν καὶ
μέχρι τοῦ Ἀμβρακικοῦ κόλπου προῆλθον, καὶ ἥ τε Ἀμβρακία συνῳκίσθη καὶ Ἀνακτόριον,
καὶ τῆς χερρονήσου διορύξαντες τὸν ἰσθμὸν ἐποίησαν νῆσον τὴν Λευκάδα, καὶ
μετενέγκαντες τὴν Νήριτον ἐπὶ τὸν τόπον, ὃς ἦν ποτὲ μὲν ἰσθμὸς νῦν δὲ πορθμὸς γεφύρᾳ
ζευκτός, μετωνόμασαν Λευκάδα, ἐπώνυμον δοκῶ μοι τοῦ Λευκάτα· πέτρα γάρ ἐστι λευκὴ
τὴν χρόαν, προκειμένη τῆς Λευκάδος εἰς τὸ πέλαγος καὶ τὴν Κεφαλληνίαν, ὡς ἐντεῦθεν
τοὔνομα λαβεῖν.
|
|
Traduction française :
[10b,8] Leucade était anciennement une presqu'île de l'Acarnanie, car Homère l'appelle
Aktên Epeiroio, et, comme le mot Epeiroio s'appliquait dans sa pensée à la côte de
terre-ferme qui fait face à Ithaque et à Céphallénie, laquelle n'est autre que l'Acarnanie,
il est clair qu'il faut entendre l'expression tout entière Aktên Epeiroio d'une presqu'île de
l'Acarnanie. Cette presqu'île renfermait plusieurs villes, Nérite d'abord, que Laërte se
vante d'avoir prise de vive force,
«{Que n'étais-je hier}, comme je fus jadis... quand, à la tête des Céphalléniens,
j'enlevai d'assaut la fière Nérite, à l'extrémité du continent» (Od. XXIV, 376),
puis ces deux autres villes qu'Homère mentionne dans son Catalogue des vaisseaux,
«Et {les Céphalléniens} de Crocylée, et ceux qui occupaient l'âpre canton
d'Aegilips» (Il. II, 633).
Mais il arriva que des Corinthiens envoyés par Cypsélus et Gorgus prirent
possession de toute cette portion avancée du continent jusqu'au golfe Ambracique, et
qu'après avoir fondé les villes d'Ambracie et d'Anactorium ils jugèrent à propos de faire
de Leucade une île et à cet effet percèrent l'isthme qui la réunissait au continent, puis
ayant transporté la ville de Nérite à l'endroit même où avait été l'isthme, au bord du bras
de mer qui l'avait remplacé et sur lequel on a depuis jeté un pont, donnèrent à cette ville
ainsi déplacée le nom nouveau de Leucade, emprunté, j'imagine, au cap Leucate,
c'est-à-dire à ce rocher tout blanc qui s'avance dans la direction de la haute mer, juste en
face de Céphallénie, et qui lui-même probablement n'a dû son nom qu'à sa couleur.
{L'auteur de l'Alcméonide cependant parle de deux frères de Pénélope, nommés Alyzée
et Leucadius, nés comme elle d'Icarius, et qui auraient partagé avec leur père le trône
de l'Acarnanie, et Ephore incline à penser que c'est plutôt de ces deux princes que les
villes d'Alyzée et de Leucade auront emprunté leurs noms}.
|
|