Texte grec :
[1250] οἷον ἔφυ κακόν.
(Ὀρέστης)
ἔξοιδα, παῖ, ταῦτ᾽· ἀλλ᾽ ὅταν παρουσία
φράζῃ, τότ᾽ ἔργων τῶνδε μεμνῆσθαι χρεών.
(Ἠλέκτρα)
ὁ πᾶς ἐμοί,
ὁ πᾶς ἂν πρέποι παρὼν ἐννέπειν
1255 τάδε δίκᾳ χρόνος·
μόλις γὰρ ἔσχον νῦν ἐλεύθερον στόμα.
(Ὀρέστης)
ξύμφημι κἀγώ· τοιγαροῦν σῴζου τόδε.
(Ἠλέκτρα)
τί δρῶσα;
(Ὀρέστης)
οὗ μή ᾽στι καιρὸς μὴ μακρὰν βούλου λέγειν.
1260 (Ἠλέκτρα)
τίς οὖν ἂν ἀξίαν γε σοῦ πεφηνότος
μεταβάλοιτ᾽ ἂν ὧδε σιγὰν λόγων;
ἐπεί σε νῦν ἀφράστως
ἀέλπτως τ᾽ ἐσεῖδον.
(Ὀρέστης)
τότ᾽ εἶδες, εὖτε θεοί μ᾽ ἐπώτρυναν μολεῖν
1265 (Ἠλέκτρα)
ἔφρασας ὑπερτέραν
τᾶς πάρος ἔτι χάριτος, εἴ σε θεὸς ἐπόρισεν
ἁμέτερα πρὸς μέλαθρα· δαιμόνιον
1270 αὐτὸ τίθημ᾽ ἐγώ.
(Ὀρέστης)
τὰ μέν σ᾽ ὀκνῶ χαίρουσαν εἰργαθεῖν, τὰ δὲ
δέδοικα λίαν ἡδονῇ νικωμένην.
(Ἠλέκτρα)
ἰὼ χρόνῳ μακρῷ φιλτάταν ὁδὸν
ἐπαξιώσας ὧδέ μοι φανῆναι,
1275 μή τί με, πολύπονον ὧδ᾽ ἰδὼν
(Ὀρέστης)
τί μὴ ποήσω;
(Ἠλέκτρα)
- μή μ᾽ ἀποστερήσῃς
τῶν σῶν προσώπων ἁδονὰν μεθέσθαι.
(Ὀρέστης)
ἦ κάρτα κἂν ἄλλοισι θυμοίμην ἰδών.
1280 (Ἠλέκτρα)
ξυναινεῖς;
(Ὀρέστης)
- τί μὴν οὔ;
(Ἠλέκτρα)
ὦ φίλαι, ἔκλυον ἃν ἐγὼ οὐδ᾽ ἂν ἤλπισ᾽ αὐδάν,
οὐδ᾽ ἂν ἔσχον ὁρμὰν
ἄναυδον οὐδὲ σὺν βοᾷ κλύουσα,
1285 τάλαινα. νῦν δ᾽ ἔχω σε· προυφάνης δὲ
φιλτάταν ἔχων πρόσοψιν,
ἇς ἐγὼ οὐδ᾽ ἂν ἐν κακοῖς λαθοίμαν.
(Ὀρέστης)
τὰ μὲν περισσεύοντα τῶν λόγων ἄφες,
καὶ μήτε μήτηρ ὡς κακὴ δίδασκέ με,
1290 μήθ᾽ ὡς πατρῴαν κτῆσιν Αἴγισθος δόμων
ἀντλεῖ, τὰ δ᾽ ἐκχεῖ, τὰ δὲ διασπείρει μάτην·
χρόνου γὰρ ἄν σοι καιρὸν ἐξείργοι λόγος.
ἃ δ᾽ ἁρμόσει μοι τῷ παρόντι νῦν χρόνῳ
σήμαιν᾽, ὅπου φανέντες ἢ κεκρυμμένοι
1295 γελῶντας ἐχθροὺς παύσομεν τῇ νῦν ὁδῷ.
οὕτω δ᾽ ὅπως μήτηρ σε μὴ ᾽πιγνώσεται
φαιδρῷ προσώπῳ νῷν ἐπελθόντοιν δόμους·
ἀλλ᾽ ὡς ἐπ᾽ ἄτῃ τῇ μάτην λελεγμένῃ
στέναζ᾽· ὅταν γὰρ εὐτυχήσωμεν, τότε
|
|
Traduction française :
[1250] Un malheur indicible
Que rien, jamais, n'abolira !
ORESTE
Je le connais aussi, mais pour nous souvenir
De lui, attendons que quelqu'un nous fasse signe.
ÉLECTRE
Pour moi, tout instant
Est favorable pour le relater !
Ma souffrance fut si ténue
Que, désormais, j'ai le droit
De ne plus tenir ma langue.
ORESTE
J'en conviens ! Et pourtant n'abuse pas de ce droit.
ÉLECTRE
Que faire alors ?
ORESTE
Assez d'effusions, ce n'est guère opportun.
ÉLECTRE
Serait-il indécent de garder le silence,
Alors que tu reparais devant moi,
Alors que, contre tout espoir,
Je te revois enfin ?
ORESTE
Tu me revois à l'heure où les dieux l'ont voulu.
ÉLECTRE
Si cela est, ma joie
N'en est que plus profonde,
Si c'est un dieu qui a tracé le sillon
Jusqu'à notre demeure.
Oui, d'un sort heureux je reconnais l'empreinte.
ORESTE
J'hésite à réfréner tes élans, mais je crains
Que tant de liesse de ta part soit dangereuse.
ÉLECTRE
Ô toi, qui, après une aussi longue absence,
A daigné reparaître, ne va pas,
A la vue d'un horrible chagrin...
ORESTE
Que crains-tu donc ?
ÉLECTRE
Que tu me prives du bonheur
Que me procure ton visage.
ORESTE
Que quelqu'un essaie et je serai intraitable !
ÉLECTRE
Tu me promets cela ?
ORESTE
Par hasard, te méfierais-tu de ma parole ?
ÉLECTRE
Mon bien-aimé, en entendant soudain
Ce que je n'espérais même plus,
J'ai tenté de résister à l'effusion :
Je n'ai pu ! Mais je n'ai point hurlé ma joie !
Et pourtant, je t'ai entendu... J'étais si malheureuse.
Aujourd'hui, tu es là,
Avec ce visage que je vénère,
Ce visage, que, malgré l'adversité,
Je n'oublierai jamais.
ORESTE
Foin des discours superflus : je connais par coeur
L'infamie de ma mère, ainsi que la manière
Honteuse avec laquelle Égisthe a gaspillé
Les biens constitués lentement par nos pères.
À trop parler, on laisserait passer la chance.
Dis-moi plutôt ce qui s'accorde aux circonstances
Présentes. Où faut-il me montrer - me cacher -,
Afin que mon retour pétrifie l'ennemi ?
Autre chose aussi : fais en sorte que ta mère
Ne devine point la vérité à la vue
De ton visage joyeux, quand nous entrerons
Au palais. Pour l'instant, gémis sur ce malheur,
Bien qu'il ait disparu. Nous aurons tout loisir
|
|