Texte grec :
[1100] (Χορός)
τί δ᾽ ἐξερευνᾷς καὶ τί βουληθεὶς πάρει;
(Ὀρέστης)
Αἴγισθον ἔνθ᾽ ᾤκηκεν ἱστορῶ πάλαι.
(Χορός)
ἀλλ᾽ εὖ θ᾽ ἱκάνεις χὠ φράσας ἀζήμιος.
(Ὀρέστης)
τίς οὖν ἂν ὑμῶν τοῖς ἔσω φράσειεν ἂν
ἡμῶν ποθεινὴν κοινόπουν παρουσίαν;
1105 (Χορός)
ἥδ᾽, εἰ τὸν ἄγχιστόν γε κηρύσσειν χρεών.
(Ὀρέστης)
ἴθ᾽, ὦ γύναι, δήλωσον εἰσελθοῦσ᾽ ὅτι
Φωκῆς ματεύουσ᾽ ἄνδρες Αἴγισθόν τινες,
(Ἠλέκτρα)
οἴμοι τάλαιν᾽, οὐ δή ποθ᾽ ἧς ἠκούσαμεν
φήμης φέροντες ἐμφανῆ τεκμήρια;
1110 (Ὀρέστης)
οὐκ οἶδα τὴν σὴν κληδόν᾽· ἀλλά μοι γέρων
ἐφεῖτ᾽ Ὀρέστου Στρόφιος ἀγγεῖλαι πέρι.
(Ἠλέκτρα)
τί δ᾽ ἔστιν, ὦ ξέν᾽; ὥς μ᾽ ὑπέρχεται φόβος.
(Ὀρέστης)
φέροντες αὐτοῦ σμικρὰ λείψαν᾽ ἐν βραχεῖ
τεύχει θανόντος, ὡς ὁρᾷς, κομίζομεν.
1115 (Ἠλέκτρα)
οἲ ᾽γὼ τάλαινα, τοῦτ᾽ ἐκεῖν᾽ ἤδη σαφὲς
πρόχειρον ἄχθος, ὡς ἔοικε, δέρκομαι.
(Ὀρέστης)
εἴπερ τι κλαίεις τῶν Ὀρεστείων κακῶν,
τόδ᾽ ἄγγος ἴσθι σῶμα τοὐκείνου στέγον.
(Ἠλέκτρα)
ὦ ξεῖνε, δός νυν, πρὸς θεῶν, εἴπερ τόδε
1120 κέκευθεν αὐτὸν τεῦχος, εἰς χεῖρας λαβεῖν,
ὅπως ἐμαυτὴν καὶ γένος τὸ πᾶν ὁμοῦ
ξὺν τῇδε κλαύσω κἀποδύρωμαι σποδῷ.
(Ὀρέστης)
δόθ᾽, ἥτις ἐστί, προσφέροντες· οὐ γὰρ ὡς
ἐν δυσμενείᾳ γ᾽ οὖσ᾽ ἐπαιτεῖται τάδε,
1125 ἀλλ᾽ ἢ φίλων τις ἢ πρὸς αἵματος φύσιν.
(Ἠλέκτρα)
ὦ φιλτάτου μνημεῖον ἀνθρώπων ἐμοὶ
ψυχῆς Ὀρέστου λοιπόν, ὥς σ᾽ ἀπ᾽ ἐλπίδων
οὐχ ὧνπερ ἐξέπεμπον εἰσεδεξάμην.
νῦν μὲν γὰρ οὐδὲν ὄντα βαστάζω χεροῖν,
1130 δόμων δέ σ᾽, ὦ παῖ, λαμπρὸν ἐξέπεμψ᾽ ἐγώ.
ὡς ὤφελον πάροιθεν ἐκλιπεῖν βίον,
πρὶν ἐς ξένην σε γαῖαν ἐκπέμψαι χεροῖν
κλέψασα ταῖνδε κἀνασώσασθαι φόνου,
ὅπως θανὼν ἔκεισο τῇ τόθ᾽ ἡμέρᾳ,
1135 τύμβου πατρῴου κοινὸν εἰληχὼς μέρος.
νῦν δ᾽ ἐκτὸς οἴκων κἀπὶ γῆς ἄλλης φυγὰς
κακῶς ἀπώλου, σῆς κασιγνήτης δίχα,
κοὔτ᾽ ἐν φίλαισι χερσὶν ἡ τάλαιν᾽ ἐγὼ
λουτροῖς σ᾽ ἐκόσμησ᾽ οὔτε παμφλέκτου πυρὸς
1140 ἀνειλόμην, ὡς εἰκός, ἄθλιον βάρος,
ἀλλ᾽ ἐν ξέναισι χερσὶ κηδευθεὶς τάλας
σμικρὸς προσήκεις ὄγκος ἐν σμικρῷ κύτει.
οἴμοι τάλαινα τῆς ἐμῆς πάλαι τροφῆς
ἀνωφελήτου, τὴν ἐγὼ θάμ᾽ ἀμφὶ σοὶ
1145 πόνῳ γλυκεῖ παρέσχον· οὔτε γάρ ποτε
μητρὸς σύ γ᾽ ἦσθα μᾶλλον ἢ κἀμοῦ φίλος,
οὔθ᾽ οἱ κατ᾽ οἶκον ἦσαν, ἀλλ᾽ ἐγὼ τροφός,
ἐγὼ δ᾽ ἀδελφὴ σοὶ προσηυδώμην ἀεί.
νῦν δ᾽ ἐκλέλοιπε ταῦτ᾽ ἐν ἡμέρᾳ μιᾷ
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Traduction française :
[1100] LE CORYPHÉE
Que veux-tu ? Que viens-tu faire dans les parages
ORESTE
Je cherche non sans peine le palais d'Égisthe.
LE CORYPHÉE
C'est ici ! Oui, tu as été bien informé.
ORESTE
Qui de vous préviendra les maîtres de ces lieux
De notre arrivée ? Nous sommes très attendus.
LE CORYPHÉE
C'est à elle qu'il revient de vous annoncer.
ORESTE
Va, femme, entre dans le palais, et fais savoir
Que des Phocidiens veulent parler à Égisthe.
ÉLECTRE
Malheur à moi ! Seriez-vous venu en ces lieux
Pour confirmer la rumeur qui s'est répandue ?
ORESTE
Je ne connais pas la rumeur. Le vieux Strophios
M'envoie pour vous donner des nouvelles d'Oreste.
ÉLECTRE
Qu'est-ce, étranger ? Je sens l'angoisse m'envahir.
ORESTE
Nous apportons sa cendre : elle gît en cette urne
Modeste, comme tu le vois. Oreste est mort !
ÉLECTRE
Je suis si malheureuse ! Ah ! la chose est donc vraie !
Ma douleur est là, sous mon doigt : mon oeil l'atteste !
ORESTE
Si tu pleures ce pauvre Oreste, oui, en effet,
C'est bel et bien son corps que renferme ce vase.
ÉLECTRE
Ah ! étranger, autorise-moi par le ciel,
Si sa cendre est dedans, de la prendre en mes mains
Pour verser des sanglots, pour gémir à la fois
Sur mon malheur et sur celui de ma famille.
ORESTE
Apportez-lui ce qu'elle veut ; qui qu'elle soit,
Sa réclamation n'est pas très malveillante :
Elle doit être une amie ou de sa famille.
{Les serviteurs donnent l'urne à Électre}
ÉLECTRE
Relique de celui qui fut si cher aux hommes,
Reste du souffle de vie d'Oreste : Ah ! espoirs
Fracassés ! Quel gouffre entre celui qui partit
Grâce à moi, et celui que j'accueille aujourd'hui !
Désormais tu n'es plus que néant dans mes mains.
Ah ! ton avenir était si prometteur
Quand tu quittas ces lieux. Oui, j'aurais dû mourir
Avant de t'envoyer de par ma volonté
En terre étrangère afin de te préserver
Du meurtre. Bien sûr, on t'aurait assassiné
Comme ton père, mais au moins reposerais-tu
Auprès de lui, dans son tombeau. Car aujourd'hui,
Tu es mort atrocement, loin de ta patrie,
En exil, loin de moi. Quelle infinie tristesse
Que mes mains si tendres n'aient point lavé ton corps,
Et ne l'aient point paré. Je n'ai pas recueilli
Tes restes consumés par un feu frénétique :
Ce sont des mains étrangères qui t'ont soigné ;
Et ce qui nous revient n'est qu'une pauvre cendre
Au fond d'un petit vase, ô malheureux enfant !
Quelle misère ! Vaine fut la douce ardeur
Avec laquelle je t'ai couvé autrefois.
En ce temps, c'était moi qui t'aimait, pas ta mère !
Tu n'étais point dans les bras de quelques nourrices,
Mais dans les miens. Souvent tu aimais m'appeler
« Soeurette ». Et maintenant, dans l'espace d'un jour,
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