HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Sophocle, Électre

χρόνος



Texte grec :

[750] δίφρων, ἀνωλόλυξε τὸν νεανίαν,
οἷ᾽ ἔργα δράσας οἷα λαγχάνει κακά,
φορούμενος πρὸς οὖδας, ἄλλοτ᾽ οὐρανῷ
σκέλη προφαίνων, ἔς τέ νιν διφρηλάται,
μόλις κατασχεθόντες ἱππικὸν δρόμον,
755 ἔλυσαν αἱματηρόν, ὥστε μηδένα
γνῶναι φίλων ἰδόντ᾽ ἂν ἄθλιον δέμας.
καί νιν πυρᾷ κέαντες εὐθὺς ἐν βραχεῖ
χαλκῷ μέγιστον σῶμα δειλαίας σποδοῦ
φέρουσιν ἄνδρες Φωκέων τεταγμένοι,
760 ὅπως πατρῴας τύμβον ἐκλάχῃ χθονός.
τοιαῦτά σοι ταῦτ᾽ ἐστίν, ὡς μὲν ἐν λόγῳ
ἀλγεινά, τοῖς δ᾽ ἰδοῦσιν, οἵπερ εἴδομεν,
μέγιστα πάντων ὧν ὄπωπ᾽ ἐγὼ κακῶν.
(Χορός)
φεῦ φεῦ· τὸ πᾶν δὴ δεσπόταισι τοῖς πάλαι
765 πρόρριζον, ὡς ἔοικεν, ἔφθαρται γένος.
(Κλυταιμνήστρα)
ὦ Ζεῦ, τί ταῦτα, πότερον εὐτυχῆ λέγω,
ἢ δεινὰ μέν, κέρδη δέ; λυπηρῶς δ᾽ ἔχει,
εἰ τοῖς ἐμαυτῆς τὸν βίον σῴζω κακοῖς.
(Παιδαγωγός)
τί δ᾽ ὧδ᾽ ἀθυμεῖς, ὦ γύναι, τῷ νῦν λόγῳ;
770 (Κλυταιμνήστρα)
δεινὸν τὸ τίκτειν ἐστίν· οὐδὲ γὰρ κακῶς
πάσχοντι μῖσος ὧν τέκῃ προσγίγνεται.
(Παιδαγωγός)
μάτην ἄρ᾽ ἡμεῖς, ὡς ἔοικεν, ἥκομεν.
(Κλυταιμνήστρα)
οὔτοι μάτην γε· πῶς γὰρ ἂν μάτην λέγοις,
εἴ μοι θανόντος πίστ᾽ ἔχων τεκμήρια
775 προσῆλθες, ὅστις τῆς ἐμῆς ψυχῆς γεγώς,
μαστῶν ἀποστὰς καὶ τροφῆς ἐμῆς, φυγὰς
ἀπεξενοῦτο καί μ᾽, ἐπεὶ τῆσδε χθονὸς
ἐξῆλθεν, οὐκέτ᾽ εἶδεν, ἐγκαλῶν δέ μοι
φόνους πατρῴους δείν᾽ ἐπηπείλει τελεῖν;
780 ὥστ᾽ οὔτε νυκτὸς ὕπνον οὔτ᾽ ἐξ ἡμέρας
ἐμὲ στεγάζειν ἡδύν, ἀλλ᾽ ὁ προστατῶν
χρόνος διῆγέ μ᾽ αἰὲν ὡς θανουμένην.
νῦν δ᾽ - ἡμέρᾳ γὰρ τῇδ᾽ ἀπήλλαγμαι φόβου
πρὸς τῆσδ᾽ ἐκείνου θ᾽· ἥδε γὰρ μείζων βλάβη
785 ξύνοικος ἦν μοι, τοὐμὸν ἐκπίνουσ᾽ ἀεὶ
ψυχῆς ἄκρατον αἷμα - νῦν δ᾽ ἕκηλά που
τῶν τῆσδ᾽ ἀπειλῶν οὕνεχ᾽ ἡμερεύσομεν.
(Ἠλέκτρα)
οἴμοι τάλαινα· νῦν γὰρ οἰμῶξαι πάρα,
Ὀρέστα, τὴν σὴν ξυμφοράν, ὅθ᾽ ὧδ᾽ ἔχων
790 πρὸς τῆσδ᾽ ὑβρίζει μητρός. ἆρ᾽ ἔχει καλῶς;
(Κλυταιμνήστρα)
οὔτοι σύ· κεῖνος δ᾽ ὡς ἔχει καλῶς ἔχει.
(Ἠλέκτρα)
ἄκουε, Νέμεσι τοῦ θανόντος ἀρτίως.
(Κλυταιμνήστρα)
ἤκουσεν ὧν δεῖ κἀπεκύρωσεν καλῶς.
(Ἠλέκτρα)
ὕβριζε· νῦν γὰρ εὐτυχοῦσα τυγχάνεις.
795 (Κλυταιμνήστρα)
οὔκουν Ὀρέστης καὶ σὺ παύσετον τάδε.
(Ἠλέκτρα)
πεπαύμεθ᾽ ἡμεῖς, οὐχ ὅπως σὲ παύσομεν.
(Κλυταιμνήστρα)
πολλῶν ἂν ἥκοις, ὦ ξέν᾽, ἄξιος τυχεῖν,
εἰ τήνδ᾽ ἔπαυσας τῆς πολυγλώσσου βοῆς.
(Παιδαγωγός)
οὐκοῦν ἀποστείχοιμ᾽ ἄν, εἰ τάδ᾽ εὖ κυρεῖ.

Traduction française :

[750] Jeta un cri d'horreur, plaignant la destinée
Amère de ce garçon qui avait accompli
De si brillants exploits. Désormais son cadavre
Était traîné au sol, jambes dressés en l'air...
Non sans peine, les autres cochers arrêtèrent
Les chevaux emballés, et purent dégager
Ce corps disloqué, devenu méconnaissable
À ses amis. Très vite, on le brûla sur un bûcher.
Lui, cet homme si fort n'est plus qu'une poussière
Que l'on a déposée dans une urne chétive,
Donnée aux Phocidiens. Ceux-ci vont l'apporter
Ici, pour qu'il ait sa tombe dans sa patrie.
Tels sont les faits : les relater fut douloureux.
Mais plus douloureuse encore la vision
D'un trépas, parmi toutes, le plus lamentable.
LE CORYPHÉE
Hélas ! Hélas ! toute la lignée des anciens
Seigneurs est anéantie jusqu'à la racine.
CLYTEMNESTRE
Zeus ! Quel évènement ! Est-il heureux ? Est-il
Affreux ? En tous cas utile ! Mais je suis triste
À l'idée qu'un malheur permette ma survie.
LE PRÉCEPTEUR
Femme, pourquoi as-tu l'âme si abattue ?
CLYTEMNESTRE
Être mère vous brise ! On peut nous affliger,
Un coeur de mère ne peut haïr son enfant.
LE PRÉCEPTEUR
Visiblement, je suis venu ici pour rien.
CLYTEMNESTRE
Pour rien ? Sûrement pas ! Pourquoi dire « pour rien »,
Alors que tu viens annoncer, preuve à l'appui,
La mort de celui qui tenait sa vie de moi,
Et qui a déserté mon sein et ma tendresse
Pour s'exiler. Depuis son départ, il ne m'a
Plus revue, en raison du meurtre de son père,
Présageant contre moi l'implacable vengeance,
Si bien que ni la nuit, ni le jour, le sommeil
Ne me consolait plus, convaincue que le temps
Travaillait contre moi. Mais maintenant... Voici
Le jour où je respire, où je suis délivrée
De lui, et de celle-ci ! Celle-ci surtout,
Qui me persécutait sous mon toit, sans répit,
Buvant mon sang, buvant ma vie. Dorénavant,
Elle est inoffensive, et je suis bien tranquille.
ÉLECTRE
Malheur à moi ! Je peux enfin t'offrir mes pleurs,
Oreste infortuné ! Dire que tu es mort
Et que ta mère t'insulte ! Et tout serait au mieux ?
CLYTEMNESTRE
Non, pas pour toi. Pour lui, la chose est pour le mieux.
ÉLECTRE
Écoute, ô Némésis ! Il vient de nous quitter !
CLYTEMNESTRE
Elle a bien écouté et réglé à merveille.
ÉLECTRE
Vas-y ! Outrage à volonté ! Tu es heureuse !
CLYTEMNESTRE
Bien sûr ! Et désormais, vous ne m'atteindrez point.
ÉLECTRE
Nous, nous sommes atteints, car pour toi, c'est exclu.
CLYTEMNESTRE
Ah ! je te dois beaucoup, étranger : grâce à toi,
C'en est bien terminé de sa langue assassine.
LE PRÉCEPTEUR
Je peux me retirer si tout semble parfait.





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Dernière mise à jour : 13/04/2006