Texte grec :
[800] (Κλυταιμνήστρα)
ἥκιστ᾽· ἐπείπερ οὔτ᾽ ἐμοῦ κατάξι᾽ ἂν
πράξειας οὔτε τοῦ πορεύσαντος ξένου.
ἀλλ᾽ εἴσιθ᾽ εἴσω· τήνδε δ᾽ ἔκτοθεν βοᾶν
ἔα τά θ᾽ αὑτῆς καὶ τὰ τῶν φίλων κακά.
(Ἠλέκτρα)
ἆρ᾽ ὑμὶν ὡς ἀλγοῦσα κὠδυνωμένη
805 δεινῶς δακρῦσαι κἀπικωκῦσαι δοκεῖ
τὸν υἱὸν ἡ δύστηνος ὧδ᾽ ὀλωλότα;
ἀλλ᾽ ἐγγελῶσα φροῦδος· ὦ τάλαιν᾽ ἐγώ.
Ὀρέστα φίλταθ᾽, ὥς μ᾽ ἀπώλεσας θανών.
ἀποσπάσας γὰρ τῆς ἐμῆς οἴχει φρενὸς
810 αἵ μοι μόναι παρῆσαν ἐλπίδων ἔτι,
σὲ πατρὸς ἥξειν ζῶντα τιμωρόν ποτε
κἀμοῦ ταλαίνης. νῦν δὲ ποῖ με χρὴ μολεῖν;
μόνη γάρ εἰμι, σοῦ τ᾽ ἀπεστερημένη
καὶ πατρός. ἤδη δεῖ με δουλεύειν πάλιν
815 ἐν τοῖσιν ἐχθίστοισιν ἀνθρώπων ἐμοὶ
φονεῦσι πατρός. ἆρά μοι καλῶς ἔχει;
ἀλλ᾽ οὔ τι μὴν ἔγωγε τοῦ λοιποῦ χρόνου
ξύνοικος, εἴσειμ᾽, ἀλλὰ τῇδε πρὸς πύλῃ
παρεῖσ᾽ ἐμαυτὴν ἄφιλος αὐανῶ βίον.
820 πρὸς ταῦτα καινέτω τις, εἰ βαρύνεται,
τῶν ἔνδον ὄντων· ὡς χάρις μέν, ἢν κτάνῃ,
λύπη δ᾽, ἐὰν ζῶ· τοῦ βίου δ᾽ οὐδεὶς πόθος.
(Χορός)
ποῦ ποτε κεραυνοὶ Διὸς ἢ ποῦ φαέθων
825 Ἅλιος, εἰ ταῦτ᾽ ἐφορῶντες κρύπτουσιν ἕκηλοι;
(Ἠλέκτρα) ἒ ἔ, αἰαῖ.
(Χορός) ὦ παῖ, τί δακρύεις;
(Ἠλέκτρα) φεῦ.
830 (Χορός) μηδὲν μέγ᾽ ἀΰσῃς.
(Ἠλέκτρα) ἀπολεῖς.
(Χορός) - πῶς;
(Ἠλέκτρα)
εἰ τῶν φανερῶς οἰχομένων
εἰς Ἀΐδαν ἐλπίδ᾽ ὑποίσεις, κατ᾽ ἐμοῦ τακομένας
835 μᾶλλον ἐπεμβάσει.
(Χορός)
οἶδα γὰρ ἄνακτ᾽ Ἀμφιάρεων χρυσοδέτοις
ἕρκεσι κρυφθέντα γυναικῶν· καὶ νῦν ὑπὸ γαίας
840 (Ἠλέκτρα) ἒ ἔ, ἰώ.
(Χορός) πάμψυχος ἀνάσσει.
(Ἠλέκτρα) φεῦ.
(Χορός) φεῦ δῆτ᾽· ὀλοὰ γὰρ
845 (Ἠλέκτρα) ἐδάμη.
(Χορός) - ναί.
(Ἠλέκτρα)
οἶδ᾽ οἶδ᾽· ἐφάνη γὰρ μελέτωρ
ἀμφὶ τὸν ἐν πένθει· ἐμοὶ δ᾽ οὔτις ἔτ᾽ ἔσθ᾽· ὃς γὰρ ἔτ᾽ ἦν,
φροῦδος ἀναρπασθείς.
(Χορός)
δειλαία δειλαίων κυρεῖς.
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Traduction française :
[800] CLYTEMNESTRE
Non, non ! Te traiter ainsi ne serait pas digne
De moi, ni de l'ami dont tu es l'envoyé.
Entre ici sur-le-champ ! Et l'autre, laisse-la
Geindre dehors sur ses parents et ses amis.
{Elle entre avec lui dans le palais.}
ÉLECTRE
Compagnes, croyez-vous qu'elle soit aux alarmes ?
Qu'elle soit torturée de chagrin ? Qu'elle crie
Sa douleur sur son fils emporté par une mort
Odieuse ? Eh bien, non, Elle part en riant !
Malheureuse je suis ! Mon Oreste adoré,
Ta mort me porte un coup fatal ! Oui, tu t'en vas,
Arrachant à mon coeur mon ultime espérance,
Celle de te revoir pour venger notre père,
Et ma douleur. Hélas, me voici seule aujourd'hui,
Sans toi et sans mon père... Il faut donc que je vive
Esclave en compagnie des êtres que j'exècre
Le plus au monde, les assassins de mon père !
Et tout serait pour le mieux ? Non, pas question
De rentrer au palais ! Je vais rester devant
La porte, et, solitaire, attendre que ma vie
Y pourrisse. Et si j'ennuie quelqu'un, qu'il me tue !
Ma vie est un martyre et je veux en finir.
CHOEUR
Mais où est la foudre de Zeus ?
Où est l'éclat d'Hélios, cet OEil qui voit tout ?
Sur tout cela ne laissent-ils qu'une ombre épaisse ?
ÉLECTRE
Hélas ! Hélas !
CHOEUR
Ma fille, à quoi bon pleurer ?
ÉLECTRE
Hélas !
CHOEUR
Cesse de gémir !
ÉLECTRE
Tu brises mon coeur !
CHOEUR
Et Pourquoi ?
ÉLECTRE
Vouloir maintenir l'espérance,
Alors qu'il est clair que mon recours
Est descendu vers Hadès,
N'est-ce point piétiner sans vergogne ma douleur ?
CHOEUR
Il est un roi Amphiaraos
Qui, pour un collier d'or, fut jeté dans un piège
Par sa femme, et aujourd'hui, sous terre...
ÉLECTRE
Hélas ! Hélas !
CHOEUR
... il est en vie, il règne !
ÉLECTRE
Hélas !
CHOEUR
C'est le mot, car cette créature infâme...
ÉLECTRE
... fut vaincue par la mort !
CHOEUR
En effet !
ÉLECTRE
Je sais tout cela : un vengeur apparut
Sur le tombeau de cette âme affligée.
Mais moi, je n'ai personne : mon vengeur,
S'en est allé, emporté si loin.
CHOEUR
Tu es vouée au malheur.
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