Texte grec :
[500] τοῖς δρῶσι καὶ συνδρῶσιν. ἤ τοι μαντεῖαι βροτῶν
οὐκ εἰσὶν ἐν δεινοῖς ὀνείροις οὐδ᾽ ἐν θεσφάτοις,
εἰ μὴ τόδε φάσμα νυκτὸς εὖ κατασχήσει.
ὦ Πέλοπος ἁ πρόσθεν
505 πολύπονος ἱππεία,
ὡς ἔμολες αἰανὴς
τᾷδε γᾷ.
εὖτε γὰρ ὁ ποντισθεὶς
Μυρτίλος ἐκοιμάθη,
510 παγχρύσων δίφρων
δυστάνοις αἰκίαις
πρόρριζος ἐκριφθείς,
οὔ τί πω
ἔλειπεν ἐκ τοῦδ᾽ οἴκου
515 πολύπονος αἰκία.
(Κλυταιμνήστρα)
ἀνειμένη μέν, ὡς ἔοικας, αὖ στρέφει·
οὐ γὰρ πάρεστ᾽ (Αἴγισθος), ὅς σ᾽ ἐπεῖχ᾽ ἀεὶ
μή τοι θυραίαν γ᾽ οὖσαν αἰσχύνειν φίλους·
νῦν δ᾽ ὡς ἄπεστ᾽ ἐκεῖνος, οὐδὲν ἐντρέπει
520 ἐμοῦ γε· καίτοι πολλὰ πρὸς πολλούς με δὴ
ἐξεῖπας ὡς θρασεῖα καὶ πέρα δίκης
ἄρχω, καθυβρίζουσα καὶ σὲ καὶ τὰ σά·
ἐγὼ δ᾽ ὕβριν μὲν οὐκ ἔχω, κακῶς δέ σε
λέγω κακῶς κλύουσα πρὸς σέθεν θαμά.
525 πατὴρ γάρ, οὐδὲν ἄλλο, σοὶ πρόσχημ᾽ ἀεὶ
ὡς ἐξ ἐμοῦ τέθνηκεν. ἐξ ἐμοῦ· καλῶς
ἔξοιδα· τῶνδ᾽ ἄρνησις οὐκ ἔνεστί μοι·
ἡ γὰρ Δίκη νιν εἷλεν, οὐκ ἐγὼ μόνη,
ᾗ χρῆν σ᾽ ἀρήγειν, εἰ φρονοῦσ᾽ ἐτύγχανες·
530 ἐπεὶ πατὴρ σὸς οὗτος, ὃν θρηνεῖς ἀεί,
τὴν σὴν ὅμαιμον μοῦνος Ἑλλήνων ἔτλη
θῦσαι θεοῖσιν, οὐκ ἴσον καμὼν ἐμοὶ
λύπης, ὅς ἔσπειρ᾽, ὥσπερ ἡ τίκτουσ᾽ ἐγώ.
εἶεν, δίδαξον δή με τοῦ χάριν, τίνων
535 ἔθυσεν αὐτήν· πότερον Ἀργείων ἐρεῖς;
ἀλλ᾽ οὐ μετῆν αὐτοῖσι τήν γ᾽ ἐμὴν κτανεῖν.
ἀλλ᾽ ἀντ᾽ ἀδελφοῦ δῆτα Μενέλεω κτανὼν
τἄμ᾽, οὐκ ἔμελλε τῶνδέ μοι δώσειν δίκην;
πότερον ἐκείνῳ παῖδες οὐκ ἦσαν διπλοῖ,
540 οὓς τῆσδε μᾶλλον εἰκὸς ἦν θνῄσκειν, πατρὸς
καὶ μητρὸς ὄντας, ἧς ὁ πλοῦς ὅδ᾽ ἦν χάριν;
ἢ τῶν ἐμῶν Ἅιδης τιν᾽ ἵμερον τέκνων
ἢ τῶν ἐκείνης ἔσχε δαίσασθαι πλέον;
ἢ τῷ πανώλει πατρὶ τῶν μὲν ἐξ ἐμοῦ
545 παίδων πόθος παρεῖτο, Μενέλεω δ᾽ ἐνῆν;
οὐ ταῦτ᾽ ἀβούλου καὶ κακοῦ γνώμην πατρός;
δοκῶ μέν, εἰ καὶ σῆς δίχα γνώμης λέγω·
φαίη δ᾽ ἂν ἡ θανοῦσά γ᾽, εἰ φωνὴν λάβοι.
ἐγὼ μὲν οὖν οὐκ εἰμὶ τοῖς πεπραγμένοις
|
|
Traduction française :
[500] Des flots de larmes amères.
Il n'est plus de prodiges,
Ni de songes prophétiques,
Si cette vision nocturne
Ne se réalise pas.
Ô course de chevaux
Mené par Pélops autrefois,
Tu fus la cause de malheurs sans nombre
Dans le royaume. Depuis que Myrtilos
Fut jeté dans les flots,
Après qu'on l'eût tiré de son char d'or,
Avec une violence accrue,
Des souffrance infinies,
Depuis, accablent ce palais, misérablement.
ÉPISODE II : CLYTEMNESTRE (à Électre)
Tiens, tu t'es échappée ! Toujours à tournoyer !
C'est vrai qu'Égisthe n'est pas là : ah ! lui, au moins,
Il savait t'empêcher d'insulter tes parents.
Lui absent, je suis le moindre de tes soucis.
Pourtant tu n'as cessé de crier à la foule
Que j'étais brutale, un monstre de tyrannie,
Qui jetait son venin sur toi et tes amis.
C'est faux ! Je ne t'outrage point. Si je te parle
Avec rudesse, c'est parce que je t'entends
Toi même vociférer contre ma personne.
Toujours à parler de ton père, à répéter
Que je l'ai égorgé ! Bien sûr, je l'ai tué,
Je l'avoue sans détour. En fait, c'est la Justice
Qui l'a vaincu, plutôt que moi, et tu devrais
Plier devant elle si tu étais sensée.
Ce père dont la mort te rend inconsolable,
C'est lui qui, de tous les Grecs, eut l'outrecuidance
D'immoler aux dieux ta propre soeur ! Ah ! lui,
Il n'a pas eu grand mal à la semer en moi,
Moi, qui ai tant souffert pour lui donner naissance.
Rappelle-moi ! Pour qui l'a-t-il sacrifiée ?
Tu me diras : pour les Argiens ? Bon, et alors ?
Ils n'avaient pas de le droit d'égorger mon enfant.
Il me l'a tuée pour sauver son Ménélas
De frère. Pour cela, il l'a payé très cher !
Ce Ménélas n'avait-il pas deux rejetons ?
Ne pouvait-il pas les immoler à la place
De ma fille : en effet, leur père - leur mère aussi -
N'ont-il pas provoqué cette expédition ?
Hadès aurait-il eu l'irrépressible envie
De faire grand régal de ma progéniture
Plutôt que de la sienne ? Ou ce père odieux
N'avait-il que mépris pour ceux nés de son sang,
Leur préférant de loin les enfants de son frère ?
Pour un père, quelle perversion absolue !
Tel est mon avis, tant pis si ce n'est le tien !
Notre pauvre morte aurait eu les mêmes mots
Que moi, si elle pouvait s'exprimer encore.
Je ne me repens pas de ce que j'ai commis.
|
|