Texte grec :
[150] ἰὼ παντλάμων Νιόβα, σὲ δ᾽ ἔγωγε νέμω θεόν,
ἅτ᾽ ἐν τάφῳ πετραίῳ
αἰεὶ δακρύεις.
(Χορός)
οὔτοι σοὶ μούνᾳ, τέκνον,
155 ἄχος ἐφάνη βροτῶν,
πρὸς ὅ τι σὺ τῶν ἔνδον εἶ περισσά,
οἷς ὁμόθεν εἶ καὶ γονᾷ ξύναιμος,
οἵα (Χρυσόθεμις) ζώει καὶ Ἰφιάνασσα,
κρυπτᾷ τ᾽ ἀχέων ἐν ἥβᾳ,
160 ὄλβιος, ὃν ἁ κλεινὰ
γᾶ ποτε Μυκηναίων
δέξεται εὐπατρίδαν, Διὸς εὔφρονι
βήματι μολόντα τάνδε γᾶν Ὀρέσταν.
(Ἠλέκτρα)
ὅν γ᾽ ἐγὼ ἀκάματα προσμένουσ᾽, ἄτεκνος,
165 τάλαιν᾽, ἀνύμφευτος αἰὲν οἰχνῶ,
δάκρυσι μυδαλέα, τὸν ἀνήνυτον
οἶτον ἔχουσα κακῶν· ὁ δὲ λάθεται
ὧν τ᾽ ἔπαθ᾽ ὧν τ᾽ ἐδάη. τί γὰρ οὐκ ἐμοὶ
170 ἔρχεται ἀγγελίας ἀπατώμενον;
ἀεὶ μὲν γὰρ ποθεῖ,
ποθῶν δ᾽ οὐκ ἀξιοῖ φανῆναι.
(Χορός)
θάρσει μοι, θάρσει, τέκνον.
175 ἔτι μέγας οὐρανῷ
Ζεύς, ὃς ἐφορᾷ πάντα καὶ κρατύνει·
ᾧ τὸν ὑπεραλγῆ χόλον νέμουσα
μήθ᾽ οἷς ἐχθαίρεις ὑπεράχθεο μήτ᾽ ἐπιλάθου·
χρόνος γὰρ εὐμαρὴς θεός.
180 οὔτε γὰρ ὁ τὰν Κρῖσαν
βούνομον ἔχων ἀκτὰν
παῖς Ἀγαμεμνονίδας ἀπερίτροπος
οὔθ᾽ ὁ παρὰ τὸν Ἀχέροντα θεὸς ἀνάσσων.
185 (Ἠλέκτρα)
ἀλλ᾽ ἐμὲ μὲν ὁ πολὺς ἀπολέλοιπεν ἤδη
βίοτος ἀνέλπιστος, οὐδ᾽ ἔτ᾽ ἀρκῶ·
ἅτις ἄνευ τεκέων κατατάκομαι,
ἇς φίλος οὔτις ἀνὴρ ὑπερίσταται,
ἀλλ᾽ ἁπερεί τις ἔποικος ἀναξία
190 οἰκονομῶ θαλάμους πατρός, ὧδε μὲν
ἀεικεῖ σὺν στολᾷ,
κεναῖς δ᾽ ἀμφίσταμαι τραπέζαις.
(Χορός)
οἰκτρὰ μὲν νόστοις αὐδά,
οἰκτρὰ δ᾽ ἐν κοίταις πατρῴαις
195 ὅτε οἱ παγχάλκων ἀνταία
γενύων ὡρμάθη πλαγά.
δόλος ἦν ὁ φράσας, ἔρος ὁ κτείνας,
δεινὰν δεινῶς προφυτεύσαντες
μορφάν, εἴτ᾽ οὖν θεὸς εἴτε βροτῶν
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Traduction française :
[150] Ô reine inconsolée,
Niobé, je te loue comme une déesse,
Toi qui,ensevelie sous un habit de pierre,
Te désoles sans cesse.
CHOEUR
Ma fille, tu n'es pas seule en ce monde
À éprouver les affres du chagrin.
Et tu te laisses trop ravager par lui.
Regarde ceux de ton lignage et de ton sang,
Vois Chrysothémis,
Vois Iphaniassa : elles savent vivre, elles !
Pense aussi à lui,
À cet être point mortifié, jeune et heureux,
Et qui de Mycènes la glorieuse
Sera l'hôte bienvenu,
Dès que Zeus, dans sa grande mansuétude,
Permettra son retour, Oreste.
ÉLECTRE
Je vis dans son attente, malheureuse,
Sans époux, sans enfant !
Je suis engloutie par les larmes,
Harcelée par le cortège incessant des tourments.
Et lui, ne sait plus tout ce que j'ai fait pour lui.
Ce que j'apprends à son sujet n'est qu'insignifiance.
Il « voudrait », tel est son voeu,
Mais il ne vient pas...
CHOEUR
Courage, mon enfant, courage !
Dans le ciel trône le grand Zeus :
Il voit tout et régit tout.
Adresse-lui ta rancune implacable,
Et ne poursuis pas ainsi
Tes ennemis d'une haine tenace,
Même s'il ne faut rien oublier.
Vois-tu, le temps est un dieu compatissant...
Après tout, celui qui habite là-bas,
Aux rives de Crisa, ces riches pâturages,
Le fils d'Agamemnon,
Est loin sans doute d'abdiquer sa mission,
Tout comme le dieu qui règne
Sur le triste Achéron.
ÉLECTRE
Hélas ! j'ai espéré en vain
Et j'ai vu se dérober
Mes jours les plus charmants.
Et je me ronge ici, orpheline,
Sans un parent se dressant pour défendre ma cause.
Voyez : je fais la servante au palais de mes pères,
Allant autour des tables
Perpétuellement vides.
CHOEUR
Ah ! ce cri effroyable à l'heure du retour,
Ce cri qui retentit du lit de ton père,
Lorsque, soudain, la hache au tranchant de bronze
S'abattit de plein fouet sur son front !
La Trahison trama, l'Amour exécuta :
Oui, tous deux ont engendré
Cet acte monstrueux, et qu'importe que le bras armé
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