HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Procope, Anekdota ou Histoire secrète de Justinien, texte complet

Chapitre 28

  Chapitre 28

[28] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΗ' 1. Ὅπως δὲ καὶ τοὺς νόμους οὐδεμιᾷ ὀκνήσει κατέσειε, χρημάτων κειμένων βραχυτάτῳ δηλωθήσεται λόγῳ. Πρίσκος τις ἐν τῇ Ἐμεσηνῶν ἐγένετο πόλει, ὅσπερ ἀλλότρια γράμματα μιμεῖσθαι εὐφυῶς ἐξηπίστατο· τεχνίτης τε ἦν περὶ τὸ κακὸν τοῦτο δεξιὸς ἄγαν. Ἐτύγχανε δὲ τῶν Ἐμεσηνῶν ἐκκλησία, τῶν τινος ἐπιφανῶν κληρονόμος γεγενημένη, χρόνοις τισὶ πολλοῖς ἔμπροσθεν. Ἦν δὲ οὗτος ἀνὴρ πατρίκιος μὲν τὸ ἀξίωμα, Μαμμιανὸς δὲ ὄνομα, γένει λαμπρὸς καὶ περιουσίᾳ χρημάτων. Ἐπὶ δὲ Ἰουστινιανοῦ βασιλεύοντος, Πρίσκος διερευνησάμενος πόλεως τῆς εἰρημένης τὰς οἰκίας πάσας, εἴ τινας εὗρέ τε πλούτῳ ἀκμάζοντας, καὶ πρὸς ζημίαν χρημάτων μεγάλων διαρκῶς ἔχοντας, τούτων διερευνησάμενος ἐς τὸ ἀκριβὲς τοὺς προπάτορας, γράμμασιν αὐτῶν παλαιοῖς ἐντυχὼν, βιβλίδια πολλὰ ὡς παρ' ἐκείνων γεγραμμένα πεποίηται· ὁμολογούντων πολλὰ χρήματα τῷ Μαμμιανῷ ἀποδώσειν, ἅτε παρακαταθήκης λόγῳ ταῦτα πρὸς ἐκείνου κεκομισμένων. 2. Τό τε ὡμολογημένον ἐν τούτοις δὴ τοῖς καταπλάστοις γραμματείοις χρυσίον ξυνῄει, οὐχ ἧσσον ἐς ἑκατὸν κεντηνάρια. Καὶ ἀνδρὸς δέ τινος, ὅσπερ ἐπὶ τῆς ἀγορᾶς τηνικάδε τοῦ χρόνου καθήμενος, ἡνίκα Μαμμιανὸς περιῆν, δόξαν τε πολλὴν ἐπὶ τῇ ἀληθείᾳ καὶ τῇ ἄλλῃ ἀρετῇ ἔχων, ἅπαντα ἐπετέλει τὰ τῶν πολιτῶν γραμματεῖα, ἕκαστον οἰκείοις ἐπισφραγίζων αὐτὸς γράμμασιν, ὅνπερ ταβελλίωνα καλοῦσι Ῥωμαῖοι, τὰ γράμματα δαιμονίως μιμησάμενος, τοῖς διοικουμένοις τὰ πράγματα τῆς Ἐμεσηνῶν ἐκκλησίας παρέδωκεν, ὡμολογηκόσι μοῖραν αὐτῷ τινα κεῖσθαι τῶν ἐνθένδε πορισθησομένων χρημάτων. 3. Ἐπεὶ δὲ νόμος ἐμποδὼν ἵστατο, τὰς μὲν ἄλλας δίκας ἁπάσας ἐς τριακοντοῦτιν παραγραφὴν ἄγων· ὀλίγας δὲ ἄττας καὶ τὰς ὑποθηκαρίας καλουμένας τεσσαράκοντα ἐνιαυτῶν μήκει ἐκκρούων, μηχανῶνται τοιάδε. Ἐς Βυζάντιον ἀφικόμενοι, καὶ χρήματα μεγάλα τῷ βασιλεῖ τούτῳ προέμενοι, ἐδέοντο σφίσι τὸν τῶν πολιτῶν ὄλεθρον, οὐδὲν ὠφληκότων, ξυγκατεργάζεσθαι. δὲ τὰ χρήματα κεκομισμένος, μελλήσει οὐδεμιᾷ νόμον ἔγραψεν, οὐ χρόνοις τὰς ἐκκλησίας τοῖς καθήκουσιν, ἀλλ' ἐνιαυτῶν ἑκατὸν πλήθει, δικῶν τῶν αὐταῖς προσηκουσῶν ἀποκεκλεῖσθαι· καὶ ταῦτα οὐκ ἐν Ἐμέσῃ μόνον κύρια εἶναι, ἀλλὰ καὶ ἀνὰ πᾶσαν τὴν Ῥωμαίων ἀρχήν. 4. Ἐμεσηνοῖς τε τὸ πρᾶγμα τοῦτο διαιτᾶν ἔταξε Λογγῖνόν τινα, δραστήριόν τε ἄνδρα, καὶ τὸ σῶμα ἰσχυρὸν ἄγαν· ὃς καὶ τὴν τοῦ δήμου ἀρχὴν ἐν Βυζαντίῳ ὕστερον ἔσχεν. Οἱ δὲ τῆς ἐκκλησίας τὰ πράγματα διοικούμενοι, τὰ μὲν πρῶτα τῶν τινι τῶν πολιτῶν δίκην κεντηναρίοιν ἐκ βιβλίων τῶν εἰρημένων λαχόντες δυοῖν, κατεδικάσαντο τοῦ ἀνθρώπου εὐθὺς, τι καὶ ἀπολογήσαιτο οὐδαμῆ ἔχοντος, διά τε χρόνου τοσόνδε μῆκος, καὶ ἄγνοιαν τῶν τότε πεπραγμένων. Ἐν πένθει δὲ μεγάλῳ ἐκάθηντο οἵ τε ἄλλοι ξύμπαντες ἄνθρωποι, ὁμῶς τοῖς συκοφάνταις ἐκκείμενοι, καὶ πάντων μάλιστα οἱ τῶν Ἐμεσηνῶν λογιμώτατοι. 5. Τοῦ δὲ κακοῦ ἐς τοὺς πλείστους ἤδη τῶν πολιτῶν ἐπιρρέοντος, προμήθειάν τινα τοῦ θεοῦ ξυνη νέχθη γενέσθαι τοιάνδε. Πρίσκον Λογγῖνος, τὸν τοῦτο δὴ τὸ σκαιώρημα ἐργασάμενον, ἅπαντα ὁμοῦ κομίζειν οἱ τὰ γράμματα ἐκέλευσεν· ἀναδυόμενόν τε τὴν πρᾶξιν ἐρράπισε δυνάμει τῇ πάσῃ. δὲ ἀνδρὸς ἰσχυροῦ λίαν τὴν πληγὴν οὐδαμῆ ἐνεγκὼν ἔπεσεν ὕπτιος, τρέμων δὲ ἤδη καὶ περιδεὴς γεγονὼς, ὅλως τε Λογγῖνον ᾐσθῆσθαι τὰ πεπραγμένα {ὑπονοῶν} ὡμολόγει, οὕτω τε τῆς σκαιωρίας ἁπάσης ἐς φῶς ἐνεχθείσης, τὴν συκοφαντίαν πεπαῦσθαι ξυνέβη. Ταῦτα δὲ οὐ μόνον ἐς τοὺς νόμους ἀεὶ καὶ καθ' ἑκάστην εἰργάζετο τοὺς Ῥωμαίων. 6. Ἀλλὰ καὶ οὓς Ἑβραῖοι τιμῶσι, καταλύειν ὅδε βασιλεὺς ἐν σπουδῇ εἶχεν. Ἢν γάρ ποτε αὐτοῖς ἐπανιὼν χρόνος τὴν Πασχαλίαν ἑορτὴν πρὸ τῶν Χριστιανῶν ἀγαγὼν τύχοι, οὐκ εἴα ταύτην τοὺς Ἰουδαίους καιροῖς τοῖς καθήκουσιν ἄγειν, οὐδέ τι ἐν ταύτῃ ἐξοσιοῦσθαι τῷ θεῷ, ἐπιτελεῖν τῶν ἐν σφίσιν αὐτοῖς νομίμων. Πολλούς τε αὐτῶν οἱ ἐπὶ τῶν ἀρχῶν τεταγμένοι, ἅτε προβατείων κρεῶν ἐν τούτῳ γευσαμένους τῷ χρόνῳ, τῆς ἐς τὴν πολιτείαν παρανομίας ὑπάγοντες, χρήμασιν ἐζημίουν πολλοῖς. Ἔργα μὲν οὖν καὶ ἄλλα τοιαῦτα Ἰουστινιανοῦ ἀνάριθμα ἐξεπιστάμενος οὐκ ἄν τι ἐνθείην, ἐπεὶ πέρας δοτέον τῷ λόγῳ. Ἀποχρήσει γὰρ καὶ δι' αὐτῶν τὸ τοῦ ἀνθρώπου ἦθος σημῆναι. [28] CHAPITRE XXVIII. 1. Je vais rapporter maintenant très brièvement, comment à prix d'argent il a, sans aucune retenue, brisé aussi les lois de l'empire. Il y avait dans la ville des Éméséniens un certain Priscus, fort habile dans l'art d'imiter les écritures, et très disposé à faire un mauvais usage de cette facilité de main. L'église d'Émèse avait été longtemps auparavant instituée légataire universelle des biens d'un des citoyens distingués de cette cité. Le donateur était un patrice, nommé Mammien, illustre par sa naissance et par son opulence. Sous le règne de Justinien, ce Priscus fut chargé du recensement de toutes les maisons de la ville; il rechercha celles qui étaient florissantes par leur fortune, et qui pouvaient répondre de fortes sommes, ainsi que les noms et les écritures de ceux qui en avaient été anciennement les chefs. Il fabriqua nombre d'écrits qu'il supposa émanés d'eux, et par lesquels ils reconnaissaient devoir à Mammien des sommes considérables, avec affectation d'hypothèque en sa faveur. 2. Le montant de toutes les reconnaissances supposées s'élevait, en or, à cent centenaires au moins (dix mille livres de poids, valant 10,383,000 fr.). Il imita aussi, avec une perfide habileté, l'écriture d'un officier que les Romains appellent Tabellion (notaire), qui exerçait publiquement sa profession, du vivant de Mammien, et avait joui de beaucoup de considération pour sa fidélité dans ses fonctions et pour ses autres qualités. (Il supposa que) ce tabellion avait écrit de sa main les reconnaissances particulières dont il s'agit. Il livra ces documents aux procurateurs de l'église des Eméséniens, sous la condition qu'on lui donnerait une part des sommes qu'on pourrait en tirer. 3. Mais il y avait une loi qui limitait à trente ans la durée de toutes les actions, et à quarante celle de quelques autres, et notamment des actions hypothécaires. Voilà ce qu'ils imaginèrent pour écarter cet obstacle. Ils se rendirent à Byzance, et firent à cet empereur un présent considérable, en le priant de leur venir en aide pour la ruine de leurs concitoyens qui ne devaient rien. Celui-ci reçut les richesses, et, sans hésitation, dicta une loi par laquelle il exempta les églises des délais établis, et exigea le nombre immense de cent années pour la prescription de leurs actions; et il fit cette loi, non seulement pour Émèse, mais pour tout l'empire. 4. Il établit en même temps, pour régler cette affaire, un certain Longin, homme entreprenant, et d'une grande force de corps, qui depuis fut chargé à Byzance du Magistère du peuple. Les procureurs de l'église intentèrent d'abord à l'un de leurs concitoyens un procès en payement de deux centenaires d'or (200 livres, valant 207,656 fr.), en vertu de ces faux écrits (et ensuite à d'autres); et ils les firent aussitôt condamner, parce que ceux-ci n'eurent rien à objecter contre des titres si anciens, dont ils ne connaissaient pas le vice. Tous les autres furent inquiets du sort qui les menaçait de la part de ces sycophantes, et parmi eux se trouvaient les mieux famés d'entre les Éméséniens. 5. Au moment où le procès était déjà le plus fatalement engagé contre la plupart des citoyens, la Providence vint à leur secours d'une manière imprévue. Longin ordonna à Priscus, qui avait ourdi cette coupable machination, de produire à la fois tous les engagements. Comme celui-ci déclinait l'exécution de cet ordre, Longin lui appliqua un soufflet de toute sa force. Celui-ci, ne pouvant résister à un coup porté avec cette vigueur, tomba à la renverse. Il se releva tout tremblant et saisi de frayeur. Croyant que Longin connaissait entièrement la fraude, il en fit l'aveu publiquement. Le projet étant ainsi mis au jour tout entier, il fallut bien en arrêter les effets. C'est ainsi que Justinien altéra sans cesse les lois en les prenant une à une. 6. Mais cet empereur s'appliqua aussi à ruiner les croyances respectées par les Hébreux. Les Juifs avaient chaque année, pour la célébration de leur fête pascale, un jour différent de celle des Chrétiens. Il ne leur permit en ce jour ni de faire des offrandes à Dieu, ni d'accomplir aucune de leurs cérémonies légales. Les magistrats des divers pays infligeaient de fortes amendes à beaucoup d'entre eux, pour avoir goûté à cette époque de l'agneau pascal, comme si c'était une infraction à la constitution de l'État. Je connais beaucoup de faits semblables relatifs à l'intolérance de Justinien. Mais je ne puis les rapporter. Car ils sont innombrables, et je dois mettre un terme à cet écrit.


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Dernière mise à jour : 29/01/2010