HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Procope, Anekdota ou Histoire secrète de Justinien, texte complet

Chapitre 19

  Chapitre 19

[19] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΘ'. 1. Ὅπως δὲ καὶ τὰ χρήματα ἀφείλετο ἁπαξάπαντα, ἐρῶν ἔρχομαι· ὄψιν ὀνείρου ὑπειπὼν πρότερον, ἥνπερ κατ' ἀρχὰς τῆς Ἰουστίνου βασιλείας τῶν τινι ἐπιφανῶν ἰδεῖν ξυνηνέχθη. Ἔφη γάρ οἱ δοκεῖν ἐν τῷ ὀνείρῳ ἑστάναι μέν που ἐν Βυζαντίῳ παρὰ τὴν τῆς θαλάσσης ἠιόνα, δὴ Χαλκηδόνος καταντικρύ ἐστιν· ὁρᾶν δὲ τοῦτον κατὰ τὸν ἐκείνῃ πορθμὸν ἑστῶτα μέσον. Καὶ πρῶτον μὲν τοι τὸ ὕδωρ τῆς θαλάσσης αὐτὸν ἐκπιεῖν ὅλον, ὥστε οἴεσθαι τὸ λοιπὸν αὐτὸν ἐπὶ τῆς ἠπείρου ἑστάναι, οὐκέτι τοῦ πορθμοῦ ταύτῃ ἐπιόντος· ἔπειτα δὲ ὕδωρ ἄλλο ῥύπου τε πολλοῦ καὶ φορυτοῦ γέμον, βρύσαν ἐξ ὑπονόμων ἑκατέρωθεν ὄντων, ἐνταῦθα γενέσθαι· καὶ αὐτὸ μὲν τοῦτον ἐκπιεῖν ἅμα· γυμνόν τε αὖθις ἐξεργάσασθαι τοῦ πορθμοῦ χῶρον. μὲν τοῦ ὀνείρου ὄψις ἐδήλου τοιαῦτα. 2. Ἰουστινιανὸς δὲ οὗτος, ἡνίκα οἱ θεῖος Ἰουστῖνος τὴν βασιλείαν παρέλαβε, χρημάτων δημοσίων ἔμπλεων τὴν πολιτείαν εὗρεν. Ἀναστάσιος γὰρ, προνοητικώτατός τε ἅμα καὶ οἰκονομικώτατος πάντων αὐτοκρατόρων γενόμενος, δείσας ὅπερ ἐγένετο, μή οἱ τὴν βασιλείαν ἐκδεξόμενος, χρημάτων ὑποσπανίζων, ἴσως τοὺς κατηκόους ληίίζηται, χρυσοῦ τοὺς θησαυροὺς ἅπαντας κατακόρως ἐμπλησάμενος, τὸν βίον ξυνεμετρήσατο. Οὕσπερ ἅπαντας Ἰουστινιανὸς ὡς τάχιστα διεσπάσατο, πὴ μὲν θαλασσίοις οἰκοδομίαις λόγον οὐκ ἐχούσαις, πὴ δὲ τῇ ἐς τοὺς βαρβάρους φιλότητι· καίτοι {ῶς χρήμασι λόγιζει} ἄν τις αὔτο βασιλείοις ἄγαν ἀσώτῳ ἐσομένῳ, ἐτῶν ἑκατὸν ἐπαρκέσειν. Ἰσχυρίζοντο γὰρ οἱ τοῖς θησαυροῖς τε καὶ ταμείοις καὶ ἄλλοις ἅπασι τοῖς βασιλικοῖς χρήμασιν ἐφεστῶτες, Ἀναστάσιον μὲν Ῥωμαίων ἔτη πλέον ἑπτὰ καὶ εἴκοσιν ἄρξαντα, διακόσια καὶ τρισχίλια χρυσοῦ κεντηνάρια ἐς τὴν βασιλείαν εἰσκομισθῆναι οὐδενὶ νόμῳ, καὶ τούτων ἁπάντων οὐδ' ὁτιοῦν ἀπολελεῖφθαι, ἀλλ' ἔτι περιόντος {Ἰουστίνου} πρὸς τοῦδε τοῦ ἀνθρώπου δεδαπανῆσθαι, ᾗπέρ μοι ἐν τοῖς ἔμπροσθεν λόγοις εἴρηται. 3. Ἅπερ γὰρ αὐτὸς ἐν τῷ παντὶ χρόνῳ σφετερίζεσθαί τε οὐ δέον, καὶ ἀναλοῦν ἴσχυσεν, οὐδ' ἄν τινα λόγον λογισμὸν { μέτρον} φανῆναι μηχανή τις οὐδεμία ἐστίν. Ὥσπερ γάρ τις ποταμὸς ἀένναος, ἐς ἡμέραν ἑκάστην ἐδῄου τε καὶ ἐληίίζετο τοὺς ὑπηκόους· ἐπέρρει δὲ ἅπαντα τοῖς βαρβάροις εὐθύς. 4. Πλοῦτον οὕτω τὸν δημόσιον εὐθὺς ἐκφορήσας, ἐπὶ τοὺς κατηκόους τὸ βλέμμα ἦγε· πλείστους τε αὐτίκα τὰς οὐσίας ἀφείλετο, ἁρπάζων τε καὶ βιαζόμενος οὐδενὶ λόγῳ, τῶν ἐγκλημάτων τε οὐδαμῆ γεγονότων, ὑπάγων τοὺς εὐδαίμονας ἔν τε Βυζαντίῳ καὶ πόλει ἑκάστῃ δοκοῦντας εἶναι. 5. Καὶ τοῖς μὲν πολυθείίαν, τοῖς δὲ δόξης ἐν Χριστιανοῖς οὐκ ὀρθῆς αἵρεσιν· τοῖς δὲ παιδεραστίας, ἑτέροις ἱερῶν γυναικῶν ἔρωτας, ἄλλας τινὰς οὐ θεμιτὰς μίξεις, ἄλλοις στάσεως ἀφορμὴν, μέρους Πρασίνου στοργὴν, ἐς αὐτὸν ὑβρίζειν, ὄνομα ὁτιοῦν ἄλλο ἐπενεγκὼν, κληρονόμος αὐτόματος τοῖς τετελευτηκόσιν, καὶ περιοῦσιν, ἂν οὕτω τύχοι, γινόμενος. Αἱ γὰρ δὴ σεμνόταται τῶν πράξεων αὐτῷ τοιαῦται ἦσαν. Ὅπως δὲ καὶ τὴν γενομένην ἐπ' αὐτὸν στάσιν, ἣν Νίκα ἐκάλουν, διοικησάμενος, πᾶσι κληρονόμος τοῖς ἐκ βουλῆς εὐθὺς γέγονεν, ἤδη μοι ἔναγχος δεδιήγηται· καὶ ὅπως, τῆς στάσεως πρότερον, οὐκ ὀλίγων αὐτὸς ἰδίᾳ ἑκάστου τὴν οὐσίαν ἀφείλετο. 6. Τοὺς δὲ βαρβάρους ἅπαντας, οὐδένα ἀνιεὶς καιρὸν, χρήμασιν ἐδωρεῖτο μεγάλοις, ἑῴους τε καὶ ἑσπερίους, πρός τε ἄρκτον καὶ μεσημβρίαν, ἄχρι ἐς τοὺς ἐν Βρεττανίαις ᾠκημένους· καὶ γῆς πανταχόθι τῆς οἰκουμένης, τὰ ἔθνη, ὧνπερ οὐδὲ ὅσον ἀκοὴν πρότερον εἴχομεν, ἀλλὰ πρῶτον ἰδόντες, εἶτα τοῦ γένους ὄνομα ἔγνωμεν. Αὐτοί τε γὰρ πυνθανόμενοι τὸ τοῦ ἀνδρὸς ἦθος, ἐπ' αὐτὸν δὴ ἐκ πάσης γῆς ξυνέρρεον ἐς Βυζάντιον. Καὶ ὃς οὐδεμιᾷ ὀκνήσει, ἀλλ' ὑπερηδόμενός τε τῷ ἔργῳ τούτῳ, καί τι καὶ ἕρμαιον εἶναι οἰόμενος τὸν μὲν Ῥωμαίων ἐξαντλεῖν πλοῦτον, βαρβάροις δὲ ἀνθρώποις, ῥοθίοις τισὶ θαλασσίοις προίίεσθαι, ἀεὶ καθ' ἑκάστην αὐτῶν ἕκαστον ξὺν ἁδροῖς χρήμασιν ἀπεπέμπετο. 7. Ταύτῃ τε οἱ βάρβαροι ἅπαντες κύριοι τοῦ Ῥωμαίων παντάπασι γεγένηνται πλούτου, τὰ χρήματα πρὸς τοῦ βασιλέως κεκομισμένοι, ληϊζόμενοι τὴν τῶν Ῥωμαίων ἀρχὴν, τοὺς αἰχμαλώτους ἀποδιδόμενοι, τὴν ἐκεχειρίαν ἀπεμπολοῦντες· τήν τε τοῦ ὀνείρου ὄψιν, ἧς ἄρτι ἐμνήσθην, ἐς τοῦτο τῷ ἰδόντι ἀποκεκρίσθαι τετύχηκε. [19] CHAPITRE XIX. 1 . Maintenant j'arrive à expliquer de quelle manière il s'empara des richesses de tous. Mais il faut auparavant que je raconte une apparition qu'un homme distingué vit en songe an commencement du règne de Justinien. Il lui sembla qu'il se trouvait un jour à Byzance, debout sur le rivage de la mer qui fait face à Chalcédoine. ll contemplait le prince, qui se trouvait au milieu du canal régnant en cette partie. Il le vit d'abord boire entièrement les eaux de ce détroit, de telle manière que la place qu'il occupait devint terre ferme, par la disparition du canal. Ensuite d'autres eaux affluèrent de toutes parts, comme de souterrains contigus, mais surchargées de matières vaseuses et d'ordures, Justinien les engloutit encore, et le détroit se trouva de nouveau à sec, par l'effet du prodige dont le personnage fut témoin dans cette vision. 2. Ce Justinien, lorsque son oncle Justin lui transmit l'empire, reçut un État riche en trésors de toute espèce. Anastase, le plus prévoyant aussi bien que le plus économe d'entre tous les empereurs, craignant, ce qui est arrivé, que son successeur, par des besoins d'argent, ne pillât peut-être ses sujets, rassembla de grandes quantités d'or. Il en remplit tous ses trésors, avant d'épuiser le cours de sa vie. Ces trésors, Justinien les dissipa tous en très peu de temps, soit par des constructions maritimes ordonnées sans raison, soit par sa générosité envers les Barbares, quoiqu'on eût dû penser que, même à des successeurs trop prodigues, ces réserves royales suffiraient pendant un siècle. Car les préposés des trésors, des caisses et des autres dépôts des richesses impériales affirmaient que, sous son règne de plus de vingt-sept ans, Anastase avait illicitement réuni dans le palais 3,200 centenaires d'or (320.000 livres correspondant à 102,400 kil., ou 332 millions 250 mille fr. environ), et que non seulement il n'en était rien resté, mais que du vivant même de Justin, prédécesseur de cet homme, il les avait déjà dépensées, ainsi que je l'ai dit dans mes écrits précédents. 3. Quant aux richesses qu'il parvint, à l'aide de moyens illicites et pendant de longues années, à s'approprier et à dissiper, nous n'avons aucun moyeu d'en exprimer (le montant) par nos paroles, ni d'en évaluer la somme à l'aide de raisonnements ni de calculs. Il engloutissait en effet la fortune de ses sujets, comme un fleuve intarissable qui chaque jour accumule ses eaux ; et toutes ces richesses allaient aussitôt se répandre chez les barbares. 4. Après avoir dissipé ainsi la fortune publique, il dirigea sa convoitise sur (les fortunes privées de) ses sujets. Il enlevait d'emblée la plupart des patrimoines, avec une rapacité accompagnée d'une violence sans mesure. Il suscitait aux riches de Byzance, et à ceux qui passaient pour tels en chaque cité, des accusations dépourvues d'aucun fondement. 5. On incriminait les uns comme adhérents au polythéisme ou comme hérétiques, parce que leur foi au christianisme n'était pas orthodoxe; les autres comme se livrant à la pédérastie; d'autres comme ayant abusé des saintes femmes, ou ayant eu un commerce charnel prohibé par les lois; d'autres de tentatives de sédition, ou d'affiliation au parti prasinien, ou d'outrages à la personne du souverain. En un mot, on inventait toute espèce d'accusation contre eux. (Justinien) se portait héritier personnel des morts, de même que, selon l'occasion, il se disait donataire des vivants, et c'est en ce point surtout qu'il montrait la supériorité de sa tactique. J'ai déjà rapporté ci-dessus comment il profita de la sédition dirigée contre lui sous le nom (le Nikè (victoire); comment il devint immédiatement l'héritier de tous les membres du sénat, et comme, bien avant cette émeute, il s'était emparé de la fortune des particuliers. 6. Il comblait les Barbares des plus riches présents, sans attendre même l'occasion favorable; ceux de l'Orient comme ceux de l'Occident, ceux du Nord et ceux du Midi, jusqu'aux populations britanniques, les peuples de la terre habitée tout entière; ceux dont nous n'avions auparavant aucune connaissance, et dont nous apprîmes alors pour la première fois les noms; tous, enfin, y eurent leur part. Quand ces nations connurent les habitudes de cet homme, elles se dirigèrent vers lui comme un torrent et se présentèrent à Byzance. Justinien, sans chercher à gagner du temps, se plaisait à négocier avec elles. Comme s'il avait trouvé une bonne occasion de se débarrasser de la richesse des Romains, soit envers les Barbares, soit en constructions maritimes, il allait en avant, et expédiait chaque affaire incessamment et sans relâche, avec des allocations considérables, à proportion de chaque demande. 7. De cette manière tous les Barbares devinrent les maîtres de la fortune des Romains, quelque part qu'elle fût, soit par les riches tributs qu'ils recevaient de la main de l'empereur, soit par les déprédations qu'ils exerçaient dans l'empire, soit par le rachat des captifs, soit par le trafic qu'ils faisaient des trêves qu'ils accordaient. Et c'est ainsi que s'accomplit, aux yeux de l'observateur, le songe dont j'ai parlé.


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Dernière mise à jour : 29/01/2010