[0] ΠΡΟΚΟΠΙΟΥ ΑΝΕΚΔΟΤΑ.
1. Ὅσα μὲν οὖν Ῥωμαίων τῷ γένει ἐν τοῖς πολέμοις ἄχρι δεῦρο ξυνηνέχθη γενέσθαι, τῇδέ μοι δεδιήγηται, ᾗπερ δυνατὸν ἐγεγόνει τῶν πράξεων τὰς δηλώσεις ἁπάσας ἐπὶ καιρῶν τε καὶ χωρίων τῶν ἐπιτηδείων ἁρμοσαμένῳ· τὰ δὲ ἐνθένδε οὐκέτι μοι τρόπῳ τῷ εἰρημένῳ ξυγκείσεται, ἐπεὶ ἐνταῦθα γεγράψεται πάντα, ὁπόσα δὴ τετύχηκε γενέσθαι πανταχόθι τῆς Ῥωμαίων ἀρχῆς. Αἴτιον δὲ, ὅτι δὴ οὐχ οἷόν τε ἦν περιόντων ἔτι τῶν αὐτὰ εἰργασμένων ὅτῳ δεῖ ἀναγράφεσθαι τρόπῳ. Οὔτε γὰρ διαλαθεῖν πλήθη κατασκόπων οἷόν τε ἦν οὔτε φωραθέντα μὴ ἀπολωλέναι θανάτῳ οἰκτίστῳ· οὐδὲ γὰρ ἐπὶ τῶν συγγενῶν τοῖς γε οἰκειοτάτοις τὸ θαρρεῖν εἶχον. Ἀλλὰ καὶ πολλῶν τῶν ἐν τοῖς ἔμπροσθεν λόγοις εἰρημένων ἀποκρύψασθαι τὰς αἰτίας ἠναγκάσθην.
2. Τὰ τότε δ' οὖν τέως ἄρρητα μείναντα καὶ τῶν ἔμπροσθεν δεδηλωμένων ἐνταῦθά μοι τοῦ λόγου τὰς αἰτίας σημῆναι δεήσει. Ἀλλά μοι ἐς ἀγώνισιν ἑτέραν ἰόντι χαλεπήν τινα καὶ δεινῶς ἄμαχον, τῶν Ἰουστινιανῷ τε καὶ Θεοδώρᾳ βεβιωμένων βαμβαίνειν τε καὶ ἀναποδίζειν, ἐπὶ πλεῖστον ἐκεῖνο διαριθμουμένῳ ξυμβαίνει, ὅτι δή μοι ταῦτα ἐν τῷ παρόντι γεγράψεται, τὰ μήτε πιστὰ, μήτε εἰκότα φανησόμενα τοῖς ὄπισθεν γενησομένοις, ἄλλως τε ὁπηνίκα ἐπὶ μέγα ῥεύσας ὁ χρόνος, παλαιοτέραν τὴν ἀκοὴν ἀπεργάζεται, δέδοικα μὴ καὶ μυθολογίας ἀποίσομαι δόξαν, κἀν τοῖς τραγῳδοδιδασκάλοις τετάξομαι.
3. Ἐκείνῳ μέντοι τὸ θαρρεῖν ἔχων, οὐκ ἀποδειλιάσω τὸν ὄγκον τοῦ ἔργου, ὥς μοι οὐκ ἀμαρτύρητος ὁ λόγος ἐστίν. Οἱ γὰρ νῦν ἄνθρωποι δαημονέστατοι μάρτυρες τῶν πράξεων ὄντες, ἀξιόχρεῳ παραπομποὶ ἐς τὸν ἔπειτα χρόνον τῆς ὑπὲρ αὐτῶν πίστεως ἔσονται. Καίτοι με καὶ ἄλλο τι ἐς λόγον τόνδε ὀργῶντα πολλάκις ἐπὶ πλεῖστον ἀνεχαίτισε χρόνον.
4. Ἐδόξαζον γὰρ τοῖς ἐς τὸ ἔπειτα γενησομένοις ἀξύμφορον ἔσεσθαι τοῦτό γε, ἐπεὶ τῶν ἔργων τὰ πονηρότατα μάλιστα ξυνοίσει ἄγνωστα χρόνῳ τῷ ὑστέρῳ εἶναι, ἢ τοῖς τυράννοις ἐς ἀκοὴν ἥκοντα, ζηλωτὰ γίνεσθαι. Τῶν γὰρ κρατούντων ἀεὶ τοῖς πλείστοις εὔπορος ὑπὸ ἀμαθίας, ἡ ἐς τῶν προγεγενημένων τὰ κακὰ μίμησις, καὶ πρὸς τὰ ἡμαρτημένα τοῖς παλαιοτέροις ῥᾷόν τε καὶ ἀπονώτερον, ἐς ἀεὶ τρέπονται.
5. Ἀλλά με ὕστερον, ἐς τῶνδε τῶν ἔργων τὴν ἱστορίαν τοῦτο ἤνεγκεν, ὅτι δὴ τοῖς ἐς τὸ ἔπειτα τυραννήσουσιν ἔνδηλον ἔσται, ὡς μάλιστα μὲν, καὶ τὴν τίσιν αὐτοὺς τῶν ἁμαρτανομένων περιελθεῖν οὐκ ἀπεικὸς εἴη, ὅπερ καὶ τοῖσδε τοῖς ἀνθρώποις ξυνηνέχθη παθεῖν· ἔπειτα δὲ καὶ ἀνάγραπτοι αὐτῶν αἱ πράξεις, καὶ οἱ τρόποι ἐς ἀεὶ ἔσονται, ἀπ' αὐτοῦ τε ἴσως ὀκνηρότερον παρανομήσουσι.
6. Τίς γὰρ ἂν τὸν Σεμιράμιδος ἀκόλαστον βίον ἢ τὴν Σαρδαναπάλου καὶ Νέρωνος μανίαν, τῶν ἐπιγενομένων ἀνθρώπων ἔγνω, εἰ μὴ τοῖς τότε γεγραφόσι τὰ μνημεῖα ταῦτα ἐλέλειπτο; Ἄλλως τε καὶ τοῖς τὰ ὅμοια πεισομένοις, ἂν οὕτω τύχοι, πρὸς τῶν τυράννων οὐκ ἀκερδὴς αὕτη παντάπασιν ἡ ἀκοὴ ἔσται. Παραμυθεῖσθαι γὰρ οἱ δυστυχοῦντες εἰώθασι τῷ μὴ μόνοις σφίσι τὰ δεινὰ ξυμπεσεῖν.
7. Διά τοι ταῦτα πρῶτα μὲν, ὅσα Βελισαρίῳ μοχθηρὰ εἴργασται, ἐρῶν ἔρχομαι· ὕστερον δὲ καὶ ὅσα Ἰουστινιανῷ καὶ Θεοδώρᾳ μοχθηρὰ εἴργασται ἐγὼ δηλώσω.
| [0] ANECDOTES PAR LE SÉNATEUR PROCOPE DE CÉSARÉE.
LIVRE IX DES HISTOIRES.
PROLOGUE.
1. Tout ce que la nation des Romains a eu le bonheur d'accomplir dans ses guerres jusqu'à ce jour, je l'ai raconté en détail dans cet ouvrage; et, autant que je l'ai pu, toutes les circonstances de temps et de lieu de ces événements ont été rapportées avec soin. Mais les récits qui vont suivre ne seront pas disposés dans le même ordre, parce que tous ceux que j'ai recueillis sont sans liaison entre eux, et appartiennent à des parties diverses de cet empire. Il y a d'ailleurs un motif pour lequel je suis forcé d'adopter cette méthode : c'est qu'il n'était pas possible de les publier du vivant des auteurs des faits. Je ne pouvais ni échapper à l'espionnage qui se faisait sur une grande échelle autour de moi; ni, si j'étais découvert. échapper à la mort la plus affreuse. Il n'était pas possible de compter, même sur la discrétion des parents les plus proches.
2. Aussi m'a-t-il fallu, dans mes écrits précédents, taire les causes de beaucoup d'événements. Je serai donc contraint, dans le présent ouvrage, soit à l'égard des faits que jusqu'à ce jour j'ai passés sous silence, soit à l'égard de ceux que j'ai précédemment racontés, de remonter à leurs causes. Mais, en abordant cette nouvelle tâche, combien il m'est pénible et dur de revenir sur la vie de Justinien et de Théodora? Combien je tremble et m'inquiète d'avoir à m'expliquer sur leurs actions; surtout quand je suis pénétré de cette conviction, que ce que je vais en écrire aujourd'hui ne paraîtra à la postérité ni digne de foi, ni même vraisemblable, par suite du long temps qui s'est écoulé depuis, et qui les a si fort vieillis! Je crains donc d'encourir le reproche d'avoir publié des contes, et d'être rangé dans la classe des faiseurs de tragédies.
3. Cependant j'aurai le courage de ne pas déserter cette oeuvre importante, convaincu que les témoignages ne manqueront pas pour en soutenir la vérité. Certes les hommes d'à présent sont les témoins les plus irrécusables des événements contemporains, et ils sont assez dignes de foi pour demeurer garants de la vérité des faits, devant l'âge qui nous suivra. Pourtant, quand je me livrais à ce travail, une autre objection se présenta souvent à mon esprit, et me tint longtemps en suspens.
4. Je doutais qu'il fût avantageux de livrer ces récits à la postérité; car souvent les plus mauvaises actions, quand elles arrivent à la connaissance des tyrans, trouvent en eux des imitateurs, et alors il vaudrait mieux que les âges à venir les ignorassent. Il n'est que trop vrai que les hommes puissants, par le vice inhérent à leur éducation, imitent pour la plupart facilement ce que leurs ancêtres ont fait de plus mal. Il est vrai encore qu'ils inclinent plus aisément, et comme inévitablement, à prendre ces mauvais exemples pour règle de leurs actions.
5. Mais je me suis convaincu, par l'histoire même de ces faits, que ceux qui dans la suite voudront exercer cette tyrannie, seront eux-mêmes éclairés sur les résultats de cette conduite, et qu'ils pourront y trouver des exemples des malheurs qui sont arrivés aux auteurs de ces actions. Ils sauront que leurs actes personnels et leur perversité n'échapperont pas à la publicité, et ils seront d'autant plus retenus à ne pas enfreindre les lois de l'humanité.
6. Qui, en effet, dans la postérité, aurait connu la vie infime de Sémiramis ou de Sardanapale, et la folie de Néron, si les écrivains contemporains n'en avaient conservé le souvenir? À ceux qui seraient exposés à devenir victimes de pareils excès, le jugement porté contre ces tyrans ne sera pas sans profit. Car les malheureux ont coutume de se consoler, par la connaissance qu'ils ont des souffrances qu'ils n'ont pas seuls supportées.
7. C'est pourquoi je m'occuperai d'abord de ce que Bélisaire a fait de mal, et je raconterai ensuite les méfaits de Justinien, et de Théodora.
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