[2,61] θεοῖς δὲ ἀρίστη μὲν ἀπαρχὴ
νοῦς καθαρὸς καὶ ψυχὴ ἀπαθής, οἰκεῖον δὲ καὶ τὸ
μετρίων μὲν ἀπάρχεσθαι τῶν ἄλλων, μὴ παρέργως δέ,
ἀλλὰ σὺν πάσῃ προθυμίᾳ. ἐοικέναι γὰρ δεῖ τὰς τιμὰς
ταῖς ἐπὶ τῶν ἀγαθῶν προεδρίαις, ὑπαναστάσεσίν τε
καὶ κατακλίσεσιν, οὐ συντάξεων δόσεσιν. οὐ γὰρ δὴ
ἄνθρωπος μὲν ἐρεῖ,
εἰ μνημονεύεις εὖ παθὼν φιλεῖς τέ με,
ἀπέχω πάλαι, Φιλῖνε, παρὰ σοῦ τὴν χάριν·
τούτου γὰρ αὐτὴν ἕνεκα πρὸς σὲ κατεθέμην·
θεὸς δὲ οὐκ ἀρκεῖται τούτοις. διόπερ ὁ Πλάτων, τῷ
μὲν ἀγαθῷ θύειν, φησί, προσήκει καὶ προσομιλεῖν ἀεὶ
τοῖς θεοῖς εὐχαῖς καὶ ἀναθήμασι καὶ θυσίαις καὶ τῇ
πάσῃ θεραπείᾳ, τῷ δὲ κακῷ μάτην περὶ θεοὺς τὸν
πολὺν εἶναι πόνον. ὁ γὰρ ἀγαθὸς οἶδεν ἃ θυτέον καὶ
ὧν ἀφεκτέον καὶ τίνα προσενεκτέον καὶ τίνων ἀπαρκτέον,
ὁ δὲ φαῦλος ἐκ τῆς οἰκείας διαθέσεως καὶ ὧν
αὐτὸς ἐσπούδακεν, προσάγων τοῖς θεοῖς τὰς τιμὰς
ἀσεβεῖ μᾶλλον ἢ εὐσεβεῖ. διὸ οὐδ´ οἴεται δεῖν τοῖς
φαύλοις ὁ Πλάτων ἐθισμοῖς συμπεριφέρεσθαι τὸν
φιλόσοφον· οὔτε γὰρ τοῖς θεοῖς εἶναι φίλον οὔτε τοῖς
ἀνθρώποις συμφέρον, ἀλλὰ μεταβάλλειν μὲν πειρᾶσθαι
εἰς τὸ ἄμεινον, εἰ δὲ μή, αὐτὸν πρὸς αὐτὰ μὴ μεταβάλλεσθαι, μετιέναι δὲ τὴν
ὀρθὴν ὁδὸν αὐτὸν πορευόμενον μήτε κινδύνους τοὺς ἀπὸ τῶν πολλῶν
εὐλαβούμενον μήτε τὴν ἄλλην, εἴ τις γίγνοιτο, βλασφημίαν.
καὶ γὰρ δεινὸν ἂν εἴη, Σύρους μὲν τῶν ἰχθύων μὴ
ἂν γεύσασθαι μηδὲ τοὺς Ἑβραίους συῶν, Φοινίκων τε
τοὺς πολλοὺς καὶ Αἰγυπτίων βοῶν θηλειῶν, ἀλλὰ καὶ
βασιλέων πολλῶν μεταβαλεῖν αὐτοὺς σπουδασάντων
θάνατον ὑπομεῖναι μᾶλλον ἢ τὴν τοῦ νόμου παράβασιν,
ἡμᾶς δὲ τοὺς τῆς φύσεως νόμους καὶ τὰς θείας
παραγγελίας φόβων ἕνεκα ἀνθρωπίνων ἤ τινος βλασφημίας
τῆς ἀπὸ τούτων αἱρεῖσθαι παραβαίνειν. ἦ
μέγα ὁ θεῖος χορὸς σχετλιάσειεν ἂν θεῶν τε ὁμοῦ καὶ
ἀνδρῶν θείων πρὸς ἀνθρώπων φαύλων δόξας ὁρῶν
ἡμᾶς κεχηνότας καὶ τὸν παρὰ τούτων φόβον ὑφορωμένους, οἳ καθ´ ἡμέραν
μελέτην ἐν τῷ βίῳ τὸ ἀποθνῄσκειν τοῖς ἄλλοις πεποιήμεθα.
| [2,61] Les meilleures prémices que l'on puisse offrir aux dieux, ce sont un
esprit pur et une âme dégagée de passions. Si on leur offre quelque autre
chose il faut que ce soit avec recueillement et zèle. Le motif qui nous
fait honorer les dieux doit être le même que celui qui nous porte à
respecter les gens de bien, à leur céder la première place, à nous lever
lorsque nous les voyons, à leur parler avec égard. Ce n'est pas comme s'il
s'agissait de payer un impôt. Car on ne doit pas dire aux dieux : « Si
vous vous ressouvenez de mes bienfaits, Philinus, et que vous m'aimiez,
j'en suis content; c'était là mon intention » Dieu n'est pas content de
ces dispositions. C'est ce qui a fait assurer à Platon, qu'un homme de
bien doit toujours sacrifier aux dieux, et continuellement s'approcher
d'eux par des prières, par des offrandes, par des sacrifices, en un mot
par tout le culte que l'on doit à la Divinité. Quant au méchant, le temps
qu'il emploie à honorer les dieux, est un temps perdu. L'homme de bien
sait ce qu'il faut employer en sacrifices, en offrandes, en prémices, et
ce dont il faut s'abstenir : mais le vicieux qui ne consulte que son
humeur, honore les Dieux suivant ses caprices ; son culte approche plus de
l'impiété que de la piété. C'est pourquoi Platon croit que le philosophe
ne doit point suivre les mauvais usages, parce que cela n'est ni agréable
aux dieux, ni utile aux hommes? qu'il doit chercher à en substituer de
meilleurs ; que s'il ne peut pas y réussir, il faut du moins qu'il ne
prenne aucune part à ce qui est mauvais et que lorsqu'il est dans le bon
chemin, il doit toujours continuer sa route, sans craindre les dangers ni
les mauvais discours. Il serait effectivement honteux, que tandis que les
Syriens s'abstiennent de poissons, les Hébreux de cochons, un grand nombre
de Phéniciens et d'Égyptiens de vaches, et que ces peuples ont été si
attachés à ces usages, qu'en vain plusieurs rois ont tenté de les faire
changer, et qu'ils ont mieux aimé souffrir la mort que de violer leurs
lois, nous transgressions les lois de la nature, les préceptes divins, par
la crainte des hommes et de leurs mauvais propos. Certes l'assemblée des
dieux et des hommes divins aurait sujet de nous regarder avec mépris,
s'ils voyaient que nous qui ne sommes continuellement occupés qu'a mourir
aux choses extérieures, soyons devenus les esclaves des vaines opinions,
et que nous appréhendions les dangers qu'il y a à ne nous y pas conformer.
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