Texte grec :
[3,12] ὁ μὲν οὖν Ἀντίοχος ἀκούσας καὶ δόξας αὐτοπαθῶς
ἅμα δ´ ἀληθινῶς εἰρῆσθαι, πάσης τῆς προϋπαρχούσης
ὑποψίας ἀπέστη. τῆς μέντοι γε δυσμενείας τῆς
Ἀμίλκου καὶ τῆς ὅλης προθέσεως ὁμολογούμενον
θετέον εἶναι τοῦτο μαρτύριον, ὡς καὶ δι´ αὐτῶν
φανερὸν ἐγένετο τῶν πραγμάτων. τοιούτους γὰρ
ἐχθροὺς παρεσκεύασε Ῥωμαίοις Ἀσδρούβαν τε τὸν
τῆς θυγατρὸς ἄνδρα καὶ τὸν αὑτοῦ κατὰ φύσιν υἱὸν
Ἀννίβαν ὥστε μὴ καταλιπεῖν ὑπερβολὴν δυσμενείας.
Ἀσδρούβας μὲν οὖν προαποθανὼν οὐ πᾶσιν ἔκδηλον
ἐποίησε τὴν αὑτοῦ πρόθεσιν· Ἀννίβᾳ δὲ παρέδωκαν
οἱ καιροὶ καὶ λίαν ἐναποδείξασθαι τὴν πατρῴαν
ἔχθραν εἰς Ῥωμαίους. διὸ καὶ τοὺς ἐπὶ
πραγμάτων ταττομένους χρὴ τῶν τοιούτων οὐδενὸς
μᾶλλον φροντίζειν ὡς τοῦ μὴ λανθάνειν τὰς προαιρέσεις
τῶν διαλυομένων τὰς ἔχθρας ἢ συντιθεμένων
τὰς φιλίας, πότε τοῖς καιροῖς εἴκοντες καὶ
πότε ταῖς ψυχαῖς ἡττώμενοι ποιοῦνται τὰς συνθήκας,
ἵνα τοὺς μὲν ἐφέδρους νομίζοντες εἶναι τῶν
καιρῶν ἀεὶ φυλάττωνται, τοῖς δὲ πιστεύοντες ὡς
ὑπηκόοις ἢ φίλοις ἀληθινοῖς πᾶν τὸ παραπῖπτον
ἐξ ἑτοίμου παραγγέλλωσιν.
Αἰτίας μὲν (οὖν) τοῦ κατ´ Ἀννίβαν πολέμου τὰς
προειρημένας ἡγητέον, ἀρχὰς δὲ τὰς μελλούσας λέγεσθαι.
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Traduction française :
[3,12] Antiochos, à ces mots, sentit bien qu'Hannibal
parlait en toute sincérité, et tous ses soupçons
se dissipèrent. N'est-ce pas là un témoignage irrécusable
de la haine d'Hamilcar et des desseins qu'il
méditait ? Du reste, les faits eux-mêmes rendent la
chose évidente : il suscita en effet aux Romains de tels
ennemis, dans la personne d'Hasdrubal, le mari de sa
fille, et de son propre fils Hannibal qu'il lui était
impossible, après cela, de manifester sa haine plus
violemment. Hasdrubal mourut avant d'avoir pu
mettre tous ses projets à exécution ; quant à Hannibal,
les circonstances lui permirent de montrer d'une façon
éclatante ses sentiments héréditaires envers le peuple
romain. Cela prouve que les hommes d'État doivent
avant tout mettre leurs soins à découvrir les véritables
dispositions de ceux qui font la paix ou se réconcilient
avec leurs ennemis : c'est tantôt parce que les circonstances
le leur imposent, tantôt parce que leur ressentiment
est réellement apaisé qu'ils se soumettent ;
il faut se méfier des premiers et se rappeler qu'ils sont
toujours à l'affût d'une occasion ; on peut être sûr des
autres, les considérer comme des sujets fidèles ou
comme des amis sincères et leur demander sans hésitation
les services qu'ils sont en état de vous rendre.
Voilà donc quelles sont, à mon avis, les causes de la
guerre d'Hannibal ; voici quels en furent les débuts.
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