Texte grec :
[3,112] Τῇ δ´ ἐχομένῃ περὶ παρασκευὴν καὶ θεραπείαν
παρήγγειλε γίνεσθαι πᾶσι. τῇ δ´ ἑξῆς παρὰ τὸν
ποταμὸν ἐξέταττε τὰ στρατόπεδα καὶ δῆλος ἦν μάχεσθαι
σπεύδων τοῖς ὑπεναντίοις. ὁ δὲ Λεύκιος
δυσαρεστούμενος μὲν τοῖς τόποις, ὁρῶν δ´ ὅτι ταχέως
ἀναγκασθήσονται μεταστρατοπεδεύειν οἱ Καρχηδόνιοι
διὰ τὸν πορισμὸν τῶν ἐπιτηδείων, εἶχε
τὴν ἡσυχίαν, ἀσφαλισάμενος ταῖς ἐφεδρείαις τὰς
παρεμβολάς. Ἀννίβας δὲ χρόνον ἱκανὸν μείνας,
οὐδενὸς ἀντεξιόντος, τὴν μὲν λοιπὴν δύναμιν αὖθις
εἰς χάρακα κατέστησεν, τοὺς δὲ Νομάδας ἐπαφῆκε
τοῖς ὑδρευομένοις ἀπὸ τῆς ἐλάττονος παρεμβολῆς.
τῶν δὲ Νομάδων ἕως πρὸς αὐτὸν τὸν χάρακα προσπιπτόντων
καὶ διακωλυόντων τὴν ὑδρείαν, ὅ τε
Γάιος ἔτι μᾶλλον ἐπὶ τούτοις παρωξύνετο, τά τε
πλήθη πρὸς τὸν κίνδυνον ὁρμὴν εἶχεν καὶ δυσχερῶς
ἔφερε τὰς ὑπερθέσεις. βαρύτατος γὰρ δὴ πᾶσιν
ἀνθρώποις ὁ τοῦ μέλλειν γίνεται χρόνος· ὅταν δ´
ἅπαξ κριθῇ, ὅ,τι ἂν ᾖ πάσχειν πάντων τῶν δοκούντων
εἶναι δεινῶν ὑπομενετέον. εἰς δὲ τὴν
Ῥώμην προσπεπτωκότος ὅτι παραστρατοπεδεύουσιν
ἀλλήλοις καὶ συμπλοκαὶ γίνονται τῶν προκινδυνευόντων
ἀν´ ἑκάστην ἡμέραν, ὀρθὴ καὶ περίφοβος
ἦν ἡ πόλις, δεδιότων μὲν τῶν πολλῶν τὸ μέλλον
διὰ τὸ πολλάκις ἤδη προηττῆσθαι, προορωμένων
δὲ καὶ προλαμβανόντων τὰ συμβησόμενα ταῖς ἐννοίαις,
ἐὰν σφάλλωνται τοῖς ὅλοις. πάντα δ´ ἦν
τὰ παρ´ αὐτοῖς λόγια πᾶσι τότε διὰ στόματος, σημείων
δὲ καὶ τεράτων πᾶν μὲν ἱερόν, πᾶσα δ´ ἦν
οἰκία πλήρης, ἐξ ὧν εὐχαὶ καὶ θυσίαι καὶ θεῶν
ἱκετηρίαι καὶ δεήσεις ἐπεῖχον τὴν πόλιν. δεινοὶ
γὰρ ἐν ταῖς περιστάσεσι Ῥωμαῖοι καὶ θεοὺς ἐξιλάσασθαι
καὶ ἀνθρώπους καὶ μηδὲν ἀπρεπὲς μηδ´ ἀγεννὲς
ἐν τοῖς τοιούτοις καιροῖς ἡγεῖσθαι τῶν περὶ
ταῦτα συντελουμένων.
|
|
Traduction française :
[3,112] Le lendemain, Hannibal ordonna à ses
troupes de faire leurs préparatifs et de prendre du repos.
Le jour suivant, il leur fit prendre leurs positions de
combat au bord de l'eau. Il était visible qu'il était
prêt à soutenir une attaque ; mais Paul-Émile trouvait
le terrain défavorable et voyait, d'autre part, que les
Carthaginois seraient bientôt obligés de lever le camp
pour se ravitailler ; il ne bougea donc pas et se contenta
de renforcer la garde de ses deux camps. Hannibal
attendit un certain temps, puis, comme l'ennemi ne
se présentait pas, il ramena son armée derrière ses
retranchements, à l'exception des Numides, qu'il
détacha contre les Romains qui sortaient du petit
camp pour aller chercher de l'eau. Les Numides s'avancèrent
jusqu'aux limites mêmes du camp et empêchèrent
leurs adversaires de descendre à la rivière. Cet
incident mit le comble à la fureur de Varron ; quant
aux soldats, ils ne demandaient plus qu'à se battre et
supportaient avec impatience tous ces atermoiements.
Car l'attente est pour chacun de nous ce qu'il y a de
plus pénible ; une fois que le sort en est jeté, il n'y a
plus à hésiter : on affronte n'importe quel danger, si
grave qu'il paraisse. Quand on sut à Rome que les
deux armées étaient face à face et que des engagements
d'avant-garde se produisaient tous les jours,
toute la ville fut comme en suspens et pleine d'anxiété;
on se souvenait dans le peuple des nombreuses défaites
qu'on avait essuyées et on tremblait pour l'avenir ;
on prévoyait, on imaginait d'avance tous les malheurs
qu'entraînerait une défaite. On n'avait partout
à la bouche que toutes les prophéties relatives à Rome ;
toutes les maisons, tous les sanctuaires étaient pleins
d'apparitions et de prodiges; aussi n'étaient-ce en ville
que sacrifices, supplications et voeux adressés aux
dieux. Car les Romains connaissent toutes sortes de
rites pour apaiser les dieux et les hommes dans les
circonstances critiques ; et aucune des pratiques auxquelles
on a recours en pareil cas ne leur semble alors
malséante ou indigne.
|
|