HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

POLYBE, Histoire, livre III

συναγαγὼν



Texte grec :

[3,63] Ἀννίβας δὲ διὰ τῶν προειρημένων τὴν προκειμένην διάθεσιν ἐνεργασάμενος ταῖς τῶν δυνάμεων ψυχαῖς, μετὰ ταῦτα προελθὼν αὐτὸς τούτου χάριν ἔφη παρεισάγειν τοὺς αἰχμαλώτους, ἵν´ ἐπὶ τῶν ἀλλοτρίων συμπτωμάτων ἐναργῶς θεασάμενοι τὸ συμβαῖνον βέλτιον ὑπὲρ τῶν σφίσι παρόντων βουλεύωνται πραγμάτων. εἰς παραπλήσιον γὰρ αὐτοὺς ἀγῶνα καὶ καιρὸν τὴν τύχην συγκεκλεικέναι καὶ παραπλήσια τοῖς νῦν ἆθλα προτεθεικέναι. δεῖν γὰρ ἢ νικᾶν ἢ θνήσκειν ἢ τοῖς ἐχθροῖς ὑποχειρίους γενέσθαι ζῶντας. εἶναι δ´ ἐκ μὲν τοῦ νικᾶν ἆθλον οὐχ ἵππους καὶ σάγους, ἀλλὰ τὸ πάντων ἀνθρώπων γενέσθαι μακαριωτάτους, κρατήσαντας τῆς Ῥωμαίων εὐδαιμονίας, ἐκ δὲ τοῦ μαχομένους τι παθεῖν, διαγωνιζομένους ἕως τῆς ἐσχάτης ἀναπνοῆς ὑπὲρ τῆς καλλίστης ἐλπίδος μεταλλάξαι τὸν βίον ἐν χειρῶν νόμῳ, μηδενὸς κακοῦ λαβόντας πεῖραν, τοῖς δ´ ἡττωμένοις καὶ διὰ τὴν πρὸς τὸ ζῆν ἐπιθυμίαν ὑπομένουσι φεύγειν ἢ κατ´ ἄλλον τινὰ τρόπον ἑλομένοις τὸ ζῆν παντὸς κακοῦ καὶ πάσης ἀτυχίας μετασχεῖν. οὐδένα γὰρ οὕτως ἀλόγιστον οὐδὲ νωθρὸν αὐτῶν ὑπάρχειν, ὃς μνημονεύων μὲν τοῦ μήκους τῆς ὁδοῦ τῆς διηνυσμένης ἐκ τῶν πατρίδων, μνημονεύων δὲ τοῦ πλήθους τῶν μεταξὺ πολεμίων, εἰδὼς δὲ τὰ μεγέθη τῶν ποταμῶν ὧν διεπέρασεν, ἐλπίσαι ποτ´ ἂν ὅτι φεύγων εἰς τὴν οἰκείαν ἀφίξεται. διόπερ ᾤετο δεῖν αὐτούς, ἀποκεκομμένης καθόλου τῆς τοιαύτης ἐλπίδος, τὴν αὐτὴν διάληψιν ποιεῖσθαι περὶ τῶν καθ´ αὑτοὺς πραγμάτων ἥνπερ ἀρτίως ἐποιοῦντο περὶ τῶν ἀλλοτρίων συμπτωμάτων. καθάπερ γὰρ ἐπ´ ἐκείνων τὸν μὲν νικήσαντα καὶ τεθνεῶτα πάντες ἐμακάριζον τοὺς δὲ ζῶντας ἠλέουν, οὕτως ᾤετο δεῖν καὶ περὶ τῶν καθ´ αὑτοὺς διαλαμβάνειν καὶ πάντας ἰέναι πρὸς τοὺς ἀγῶνας, μάλιστα μὲν νικήσοντας, ἂν δὲ μὴ τοῦτ´ ᾖ δυνατόν, ἀποθανουμένους. τὴν δὲ τοῦ ζῆν ἡττημένους ἐλπίδα κατὰ μηδένα τρόπον ἠξίου λαμβάνειν ἐν νῷ. τούτῳ γὰρ χρησαμένων αὐτῶν τῷ λογισμῷ καὶ τῇ προθέσει ταύτῃ, καὶ τὸ νικᾶν ἅμα καὶ τὸ σῴζεσθαι προδήλως σφίσι συνεξακολουθήσειν. πάντας γὰρ τοὺς ἢ κατὰ προαίρεσιν ἢ κατ´ ἀνάγκην τοιαύτῃ προθέσει κεχρημένους οὐδέποτε διεψεῦσθαι τοῦ κρατεῖν τῶν ἀντιταξαμένων. ὅταν δὲ δὴ καὶ τοῖς πολεμίοις συμβαίνῃ τὴν ἐναντίαν ἐλπίδα ταύτης ὑπάρχειν, ὃ νῦν ἐστι περὶ Ῥωμαίους, ὥστε φεύγουσι πρόδηλον εἶναι τοῖς πλείστοις τὴν σωτηρίαν, παρακειμένης αὐτοῖς τῆς οἰκείας, δῆλον ὡς ἀνυπόστατος γίνοιτ´ ἂν ἡ τῶν ἀπηλπικότων τόλμα. τῶν δὲ πολλῶν ἀποδεχομένων τό τε παράδειγμα καὶ τοὺς λόγους καὶ λαμβανόντων ὁρμὴν καὶ παράστασιν οἵαν ὁ παρακαλῶν ἐσπούδασε, τότε μὲν ἐπαινέσας αὐτοὺς διαφῆκε, τῇ δ´ ἐπαύριον ἀναζυγὴν ἅμα τῷ φωτὶ παρήγγειλε.

Traduction française :

[3,63] Après avoir fait naître ainsi dans l'âme de ses soldats les sentiments qu'il souhaitait, Hannibal s'avança en personne et leur déclara que, s'il avait fait paraître les prisonniers devant eux, c'était pour leur faire juger clairement, par l'exemple d'autrui, de leur propre situation et des résolutions qu'elle devait leur inspirer. La Fortune, disait-il, les acculait à la même nécessité et mettait le même enjeu à la lutte qu'ils allaient livrer : il n'y avait d'autre alternative que de vaincre, de mourir ou de tomber vivants aux mains de l'ennemi ; la récompense attachée à la victoire ne consistait pas en chevaux ou en sayons, mais dans les trésors qu'ils prendraient aux Romains et qui feraient d'eux les plus heureux de tous les hommes ; s'ils succombaient sur le champ de bataille, ils auraient la consolation d'avoir lutté jusqu'à leur dernier souffle pour la plus belle des causes et de mourir les armes à la main sans avoir rien souffert; mais pour ceux qui, en cas de défaite, n'auraient pas honte de fuir ou d'avoir recours à quelque autre lâcheté pour sauver leur vie, aucune souffrance, aucune misère ne leur serait épargnée. Ils n'avaient qu'à se rappeler la longueur du trajet parcouru depuis leur pays, le nombre des ennemis qu'ils avaient rencontrés en chemin, la largeur des rivières qu'ils avaient passées ; ils verraient alors quelle folie, quelle sottise ce serait d'espérer regagner leur patrie en fuyant ! Il fallait donc, pensait-il, renoncer complètement à cet espoir et envisager leur situation du même oeil qu'ils avaient tout à l'heure regardé celle des Gaulois. Après le combat, ils félicitaient tous aussi bien le mort que le vainqueur et réservaient leur pitié pour les prisonniers encore vivants ; or c'étaient les mêmes sentiments qu'ils devaient éprouver quand leur propre sort était en jeu : il fallait vaincre, si c'était possible, ou sinon mourir. A aucun prix, il ne fallait conserver l'espoir de survivre à une défaite : s'ils étaient décidés à affronter la lutte dans ces dispositions, ils pouvaient être sûrs et de remporter la victoire et de sauver leur vie. Quand une armée, volontairement ou par nécessité, avait pris une pareille résolution, jamais elle n'avait manqué de triompher de ses adversaires ; et lorsque les ennemis se trouvaient dans une situation contraire, comme étaient alors les Romains, dont la patrie était toute proche et qui pouvaient espérer, en cas de déroute, trouver presque tous une retraite facile et sûre, il était évident qu'ils ne sauraient tenir tête à des gens qui combattaient avec l'énergie du désespoir. Ce spectacle et cette allocution impressionnèrent vivement les soldats ; ils sentirent renaître dans leurs coeurs l'ardeur et l'intrépidité que leur général avait voulu leur inspirer. Il les en félicita, les congédia et fixa le départ au lendemain matin.





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Dernière mise à jour : 30/03/2006