Texte grec :
[2,68] Ὅθεν καὶ τὸν Ἀντίγονόν φασι μετὰ ταῦτα καταπειράζοντα
πυνθάνεσθαι τοῦ ταχθέντος ἐπὶ τῶν ἱππέων
Ἀλεξάνδρου διὰ τί πρὸ τοῦ παραδοθῆναι τὸ
σύνθημα τοῦ κινδύνου κατάρξαιτο. τοῦ δ´ ἀρνουμένου,
φάσκοντος δὲ μειράκιόν τι Μεγαλοπολιτικὸν
προεγχειρῆσαι παρὰ τὴν ἑαυτοῦ γνώμην, εἰπεῖν διότι
τὸ μὲν μειράκιον ἡγεμόνος ἔργον ἀγαθοῦ ποιήσαι,
συνθεασάμενον τὸν καιρόν, ἐκεῖνος δ´ ἡγεμὼν ὑπάρχων
μειρακίου τοῦ τυχόντος. οὐ μὴν ἀλλ´ οἵ γε
περὶ τὸν Εὐκλείδαν ὁρῶντες προσβαινούσας τὰς
σπείρας, ἀφέμενοι τοῦ χρῆσθαι ταῖς τῶν τόπων εὐκαιρίαις—
τοῦτο δ´ ἦν ἐκ πολλοῦ συναντῶντας καὶ
προσπίπτοντας τοῖς πολεμίοις τὰ μὲν ἐκείνων στίφη
συνταράττειν καὶ διαλύειν, αὐτοὺς δ´ ὑποχωρεῖν
ἐπὶ πόδα καὶ μεθίστασθαι πρὸς τοὺς ὑπερδεξίους
ἀεὶ τόπους ἀσφαλῶς· οὕτω γὰρ ἂν προλυμηνάμενοι
καὶ συγχέαντες τὸ τοῦ καθοπλισμοῦ καὶ τῆς συντάξεως
ἰδίωμα τῶν ὑπεναντίων ῥᾳδίως αὐτοὺς ἐτρέψαντο
διὰ τὴν τῶν τόπων εὐφυΐαν—τούτων μὲν
οὐδὲν ἐποίησαν, καθάπερ δ´ ἐξ ἑτοίμου σφίσι τῆς
νίκης ὑπαρχούσης τοὐναντίον ἔπραξαν. κατὰ γὰρ
τὴν ἐξ ἀρχῆς στάσιν ἔμενον ἐπὶ τῶν ἄκρων, ὡς
ἀνωτάτω σπεύδοντες λαβεῖν τοὺς ὑπεναντίους εἰς
τὸ τὴν φυγὴν ἐπὶ πολὺ καταφερῆ καὶ κρημνώδη
γενέσθαι τοῖς πολεμίοις. συνέβη δ´, ὅπερ εἰκὸς ἦν,
τοὐναντίον· οὐ γὰρ ἀπολιπόντες αὑτοῖς ἀναχώρησιν,
προσδεξάμενοι δ´ ἀκεραίους ἅμα καὶ συνεστώσας
τὰς σπείρας, εἰς τοῦτο δυσχρηστίας ἦλθον ὥστε
δι´ αὐτῆς τῆς τοῦ λόφου κορυφῆς διαμάχεσθαι πρὸς
τοὺς βιαζομένους. λοιπὸν ὅσον ἐκ ποδὸς ἐπιέσθησαν
τῷ βάρει τοῦ καθοπλισμοῦ καὶ τῆς συντάξεως,
εὐθέως οἱ μὲν Ἰλλυριοὶ τὴν κατάστασιν ἐλάμβανον,
οἱ δὲ περὶ τὸν Εὐκλείδαν τὴν ὑπὸ πόδα διὰ τὸ
μὴ καταλείπεσθαι τόπον εἰς ἀναχώρησιν καὶ μετάστασιν
ἑαυτοῖς. ἐξ οὗ ταχέως συνέβη τραπέντας
αὐτοὺς ὀλεθρίῳ χρήσασθαι φυγῇ, κρημνώδη καὶ
δύσβατον ἐχόντων ἐπὶ πολὺ τὴν ἀναχώρησιν τῶν τόπων.
|
|
Traduction française :
[2,68] On raconte qu'après la bataille Antigone
demanda à Alexandre, commandant de la cavalerie,
pourquoi il était entré en ligne avant que le signal fût
donné ; l'autre déclara qu'il n'y était pour rien, que
c'était contre sa volonté que l'action avait été engagée
par un petit jeune homme de Mégalopolis : « Eh bien,
lui dit le roi, ce petit jeune homme, en agissant au
bon moment, a eu le coup d'oeil d'un grand général,
et c'est toi, le général, qui t'es conduit comme un
simple petit jeune homme. »
Euclidas, voyant les bataillons ennemis monter à
l'assaut, ne pensa point à profiter de la supériorité de
sa position : il aurait dû s'avancer de loin à leur rencontre,
fondre sur eux, rompre leurs rangs, les disperser,
puis rétrograder et regagner les hauteurs petit à petit,
sans courir aucun risque. Par cette manoeuvre, il aurait
jeté la confusion dans l'armée macédonienne, lui aurait
fait perdre tout l'avantage qu'elle devait à son armement
et à la manière dont elle était rangée, et l'eût
facilement mise en fuite grâce à la position si favorable
qu'il occupait. Mais il n'en fit rien et, comme si la
victoire lui était acquise d'emblée, il agit tout au
rebours : il resta sur les sommets où il avait dès l'abord
été posté, sans doute pour laisser les ennemis monter
le plus haut possible et les obliger à fuir par des pentes
extrêmement raides et escarpées. Ce fut naturellement
le contraire qui arriva : comme il ne s'était pas réservé
d'espace où il pût se replier, l'attaque des bataillons
macédoniens qui s'avançaient intacts et en bon ordre
le mit dans une situation des plus critiques : il fut
réduit à combattre sur la crête même de la montagne,
et l'armée ennemie, aussi pesamment armée que solidement
organisée, eut bientôt raison de lui: les Illyriens
n'eurent pas de peine à occuper le sommet, de sorte
que les troupes d'Euclidas, qui, comme je l'ai dit, ne
s'étaient pas réservé l'espace nécessaire pour pouvoir
se replier et changer de place, furent refoulées et durent
prendre la fuite dans les conditions les plus fâcheuses,
le long de pentes abruptes et presque impraticables.
|
|