HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

POLYBE, Histoire, livre II

Ἑλλήνων



Texte grec :

[2,7] τὸ μὲν γὰρ ἀνθρώπους ὄντας παραλόγως περιπεσεῖν τινι τῶν δεινῶν οὐ τῶν παθόντων, τῆς τύχης δὲ καὶ τῶν πραξάντων ἐστὶν ἔγκλημα, τὸ δ´ ἀκρίτως καὶ προφανῶς περιβαλεῖν αὑτοὺς ταῖς μεγίσταις συμφοραῖς ὁμολογούμενόν ἐστι τῶν πασχόντων ἁμάρτημα. διὸ καὶ τοῖς μὲν ἐκ τύχης πταίουσιν ἔλεος ἕπεται μετὰ συγγνώμης καὶ ἐπικουρία, τοῖς δὲ διὰ τὴν αὑτῶν ἀβουλίαν ὄνειδος καὶ ἐπιτίμησις συνεξακολουθεῖ παρὰ τοῖς εὖ φρονοῦσιν. ἃ δὴ καὶ τότε παρὰ τῶν Ἑλλήνων εἰκότως ἂν τοῖς Ἠπειρώταις ἀπηντήθη. πρῶτον γὰρ τίς οὐκ ἂν τὴν κοινὴν περὶ Γαλατῶν φήμην ὑπιδόμενος εὐλαβηθείη τούτοις ἐγχειρίσαι πόλιν εὐδαίμονα καὶ πολλὰς ἀφορμὰς ἔχουσαν εἰς παρασπόνδησιν; δεύτερον τίς οὐκ ἂν ἐφυλάξατο τὴν αὐτοῦ τοῦ συστήματος ἐκείνου προαίρεσιν; οἵ γε τὴν μὲν ἀρχὴν ἐξέπεσον ἐκ τῆς ἰδίας, συνδραμόντων ἐπ´ αὐτοὺς τῶν ὁμοεθνῶν διὰ τὸ παρασπονδῆσαι τοὺς αὑτῶν οἰκείους καὶ συγγενεῖς· ὑποδεξαμένων γε μὴν αὐτοὺς Καρχηδονίων διὰ τὸ κατεπείγεσθαι πολέμῳ, τὸ μὲν πρῶτον γενομένης τινὸς ἀντιρρήσεως τοῖς στρατιώταις πρὸς τοὺς στρατηγοὺς ὑπὲρ ὀψωνίων ἐξ αὐτῆς ἐπεβάλοντο διαρπάζειν τὴν τῶν Ἀκραγαντίνων πόλιν, φυλακῆς χάριν εἰσαχθέντες εἰς αὐτήν, ὄντες τότε πλείους τῶν τρισχιλίων· μετὰ δὲ ταῦτα παρεισαγαγόντων αὐτοὺς πάλιν εἰς Ἔρυκα τῆς αὐτῆς χρείας ἕνεκεν, πολιορκούντων τὴν πόλιν Ῥωμαίων, ἐπεχείρησαν μὲν καὶ τὴν πόλιν καὶ τοὺς συμπολιορκουμένους προδοῦναι· τῆς δὲ πράξεως ταύτης ἀποτυχόντες ηὐτομόλησαν πρὸς τοὺς πολεμίους· παρ´ οἷς πιστευθέντες πάλιν ἐσύλησαν τὸ τῆς Ἀφροδίτης τῆς Ἐρυκίνης ἱερόν. διὸ σαφῶς ἐπεγνωκότες Ῥωμαῖοι τὴν ἀσέβειαν αὐτῶν ἅμα τῷ διαλύσασθαι τὸν πρὸς Καρχηδονίους πόλεμον οὐδὲν ἐποιήσαντο προυργιαίτερον τοῦ παροπλίσαντας αὐτοὺς ἐμβαλεῖν εἰς πλοῖα καὶ τῆς Ἰταλίας πάσης ἐξορίστους καταστῆσαι. οὓς Ἠπειρῶται τῆς δημοκρατίας καὶ τῶν νόμων φύλακας ποιησάμενοι καὶ τὴν εὐδαιμονεστάτην πόλιν ἐγχειρίσαντες, πῶς οὐκ ἂν εἰκότως φανείησαν αὐτοὶ τῶν συμπτωμάτων αὑτοῖς αἴτιοι γεγονότες; Περὶ μὲν οὖν τῆς Ἠπειρωτῶν ἀγνοίας καὶ περὶ τοῦ μηδέποτε δεῖν τοὺς εὖ φρονοῦντας ἰσχυροτέραν εἰσάγεσθαι φυλακὴν ἄλλως τε καὶ βαρβάρων, ἐπὶ τοσοῦτον ἔκρινον ποιήσασθαι μνήμην.

Traduction française :

[2,7] Quand nous tombons, chétifs mortels, dans des malheurs que nous ne pouvions prévoir, ce n'est pas nous qu'on en rend responsables : c'est le hasard, ce sont nos agresseurs ; mais si nous allons nous jeter par sottise dans un danger manifeste, c'est à nous-mêmes que tout le monde imputera notre infortune. Ceux qu'atteint un coup du sort inspirent de la pitié, on leur trouve des excuses, on vient à leur aide ; mais ceux qui ressentent les effets de leur propre imprudence ne s'attirent que le blâme et les critiques sévères des gens sensés. Telle fut la réputation méritée que les Épirotes se firent alors chez les Grecs. Comment pouvait-on, d'abord, ne pas se méfier des Gaulois, dont le fâcheux renom était universel ? Comment ne pas craindre de tenter leur cupidité et leur mauvaise foi en leur confiant la garde d'une ville aussi opulente ? Comment pouvait-on, en particulier, ne pas suspecter les intentions de cette bande de gens qui avaient été chassés de leur pays par leurs compatriotes pour des crimes commis envers leurs amis ou leurs parents? qui, après avoir fait accepter leurs services par les Carthaginois aux prises avec la guerre et ses ennuis, avaient - au nombre de plus de trois mille - saisi l'occasion d'une sédition militaire, éclatant à propos des soldes, pour mettre à sac Agrigente, dont on leur avait confié la garde? qui, chargés de défendre Éryx contre les Romains, avaient tenté vainement de livrer aux assiégeants la ville et ses habitants, puis étaient passés à l'ennemi? qui, abusant de la confiance des Romains, avaient pillé le temple d'Aphrodite Érycine? qui, dès la fin de la première guerre punique, avaient été reconnus par les Romains comme des gens sans aveu, dépouillés immédiatement de leurs armes, embarqués sur des bateaux et expulsés de toute l'Italie? Et c'est de pareils individus que les Épirotes allaient instituer les gardiens de leur république et de leur indépendance? c'est en de telles mains qu'ils remettaient une ville aussi riche ? Comment ne pas les considérer comme les auteurs de leurs propres maux ? Telles sont les réflexions que j'ai cru à propos de faire sur l'aveuglement des Épirotes; leur histoire nous montre qu'il ne faut jamais commettre l'imprudence d'introduire dans une place une garnison trop considérable, surtout si elle est composée de barbares.





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