HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, Sur l'usage des viandes

τί



Texte grec :

[995] (995a) οὐ τραχύτης ὀδόντος πρόσεστιν, οὐ κοιλίας εὐτονία καὶ πνεύματος θερμότης τρέψαι καὶ κατεργάσασθαι δυνατὴ τὸ βαρὺ καὶ κρεῶδες· ἀλλ´ αὐτόθεν ἡ φύσις τῇ λειότητι τῶν ὀδόντων καὶ τῇ σμικρότητι τοῦ στόματος καὶ τῇ μαλακότητι τῆς γλώσσης καὶ τῇ πρὸς πέψιν ἀμβλύτητι τοῦ πνεύματος ἐξόμνυται τὴν σαρκοφαγίαν. Εἰ δὲ λέγεις πεφυκέναι σεαυτὸν ἐπὶ τοιαύτην ἐδωδήν, ὃ βούλει φαγεῖν πρῶτον αὐτὸς ἀπόκτεινον, ἀλλ´ αὐτὸς διὰ σεαυτοῦ, μὴ χρησάμενος κοπίδι μηδὲ τυμπάνῳ τινὶ μηδὲ πελέκει· ἀλλ´, ὡς λύκοι καὶ ἄρκτοι (995b) καὶ λέοντες αὐτοί, ὅσα ἐσθίουσι, φονεύουσιν, ἄνελε δήγματι βοῦν ἢ στόματι σῦν, ἢ ἄρν´ ἢ λαγωὸν διάρρηξον καὶ φάγε προσπεσὼν ἔτι ζῶντος, ὡς ἐκεῖνα. Εἰ δ´ ἀναμένεις νεκρὸν γενέσθαι τὸ ἐσθιόμενον καὶ δυσωπεῖ σε παροῦσα ψυχὴ ἀπολαύειν τῆς σαρκός, τί παρὰ φύσιν ἐσθίεις τὸ ἄψυχον; Ἀλλ´ οὐδ´ ἄψυχον ἄν τις φάγοι καὶ νεκρὸν οἷόν ἐστιν, ἀλλ´ ἕψουσιν ὀπτῶσι μεταβάλλουσι διὰ πυρὸς καὶ φαρμάκων, ἀλλοιοῦντες καὶ τρέποντες καὶ σβεννύοντες ἡδύσμασι μυρίοις τὸν φόνον, ἵν´ ἡ γεῦσις ἐξαπατηθεῖσα προσδέξηται τὸ ἀλλότριον. Καίτοι χάριέν γε τὸ τοῦ (995c) σκευάσαι παρέδωκεν· αἰτοῦντος δ´ ἐκείνου τυρὸν καὶ ὄξος καὶ ἔλαιον, « Ἀλλ´ εἰ ταῦτ´ εἶχον« εἶπεν »οὐκ ἂν ἰχθὺν ἐπριάμην ». Ἡμεῖς δ´ οὕτως ἐν τῷ μιαιφόνῳ τρυφῶμεν, ὥστ´ ὄψον τὸ κρέας προσαγορεύομεν, εἶτ´ ὄψων πρὸς αὐτὸ τὸ κρέας δεόμεθα, ἀναμιγνύντες ἔλαιον οἶνον μέλι γάρον ὄξος ἡδύσμασι Συριακοῖς Ἀραβικοῖς, ὥσπερ ὄντως νεκρὸν ἐνταφιάζοντες. Καὶ γὰρ οὕτως αὐτῶν διαλυθέντων καὶ μαλαχθέντων καὶ τρόπον τινὰ προσαπέντων ἔργον ἐστὶ τὴν πέψιν κρατῆσαι, καὶ διακρατησάσης δὲ δεινὰς βαρύτητας ἐμποιεῖ καὶ νοσώδεις ἀπεψίας. Διογένης (995d) δ´ ὠμὸν φαγεῖν πολύπουν ἐτόλμησεν, ἵνα τὴν διὰ τοῦ πυρὸς ἐκβάλῃ κατεργασίαν τῶν κρεῶν· καὶ πολλῶν περιεστώτων αὐτὸν ἀνθρώπων, ἐγκαλυψάμενος τῷ τρίβωνι καὶ τῷ στόματι προσφέρων τὸ κρέας « Ὑπὲρ ὑμῶν » φησίν « ἐγὼ παραβάλλομαι καὶ προκινδυνεύω. » Καλόν, ὦ Ζεῦ, κίνδυνον· οὐ γάρ, ὡς Πελοπίδας ὑπὲρ τῆς Θηβῶν ἐλευθερίας ἢ ὡς Ἁρμόδιος καὶ Ἀριστογείτων ὑπὲρ Ἀθηναίων, προεκινδύνευσεν ὁ φιλόσοφος ὠμῷ πολύποδι διαμαχόμενος, ἵνα τὸν βίον ἀποθηριώσῃ; Οὐ τοίνυν μόνον αἱ κρεοφαγίαι τοῖς σώμασι γίγνονται παρὰ φύσιν, (995e) ἀλλὰ καὶ τὰς ψυχὰς ὑπὸ πλησμονῆς καὶ κόρου παχύνουσιν· « Οἶνος γὰρ καὶ σαρκῶν ἐμφορήσιες σῶμα μὲν ἰσχυρὸν ποιέουσι καὶ ῥωμαλέον, ψυχὴν δὲ ἀσθενέα. » καὶ ἵνα μὴ τοῖς ἀθληταῖς ἀπεχθάνωμαι, συγγενέσι χρῶμαι παραδείγμασι· τοὺς γὰρ Βοιωτοὺς ἡμᾶς οἱ Ἀττικοὶ καὶ παχεῖς καὶ ἀναισθήτους καὶ ἠλιθίους μάλιστα διὰ τὰς ἀδηφαγίας προσηγόρευον· « Οὗτοι δ´ αὖ σῦς - - - καὶ ὁ Μένανδρος οἳ γνάθους ἔχουσι, » καὶ ὁ Πίνδαρος « Γνῶναί τ´ ἔπειτα - - - » « Αὐγὴ ξηρὴ ψυχὴ σοφωτάτη » κατὰ τὸν Ἡράκλειτον· οἱ κενοὶ πίθοι κρουσθέντες ἠχοῦσι, γενόμενοι δὲ πλήρεις οὐχ ὑπακούουσι ταῖς πληγαῖς· τῶν χαλκωμάτων τὰ λεπτὰ τοὺς ψόφους (995f) ἐν κύκλῳ διαδίδωσιν, ἄχρις οὗ ἐμφράξῃ καὶ τυφλώσῃ τις τῇ χειρὶ τῆς πληγῆς περιφερομένης ἐπιλαμβανόμενος· ὀφθαλμὸς ὑγροῦ πλεονάσαντος ἀναπλησθεὶς μαραυγεῖ καὶ ἀτονεῖ πρὸς τὸ οἰκεῖον ἔργον· τὸν ἥλιον δι´ ἀέρος ὑγροῦ καὶ πλῆθος ἀναθυμιάσεων ἀπέπτων ἀθροίσαντος οὐ καθαρὸν οὐδὲ λαμπρὸν ἀλλὰ βύθιον καὶ ἀχλυώδη καὶ ὀλισθάνοντα ταῖς αὐγαῖς ὁρῶμεν.

Traduction française :

[995] (995a) ni des dents tranchantes ; son estomac n'est pas assez fort ni ses viscères assez chauds pour élaborer et changer en chyle une nourriture aussi pesante que la chair des animaux. Au contraire la nature, en nous donnant des dents unies, une bouche étroite, une langue douce et molle, et des esprits animés d'une chaleur modérée, semble avoir interdit à l'homme ces sortes d'aliments. Si vous vous obstinez à soutenir qu'elle vous a faits pour manger la chair des animaux, égorgez-les donc vous-mêmes, je dis de vos propres mains, sans vous servir de coutelas, de massue ou de hache. Faites comme les loups, les ours (996b) et les lions, qui tuent les animaux dont ils se nourrissent. Mordez, déchirez à belles dents ce bœuf, ce pourceau, cet agneau ou ce lièvre; mettez-les en pièces, et comme ces bêtes féroces, dévorez-les tout vivants. Si, pour les manger, vous attendez qu'ils soient morts et que vous ayez horreur d'égorger un être vivant, pourquoi donc, outrageant la nature, vous nourrissez-vous d'un être animé ? Pourquoi, après même qu'il est mort, ne le mangez-vous pas tel qu'il est? Il vous en faut transformer la chair par le feu, la faire bouillir ou rôtir, la dénaturer enfin par des assaisonnements et des drogues qui ôtent l'horreur du meurtre, afin que le goût, trompé par ces déguisements, ne rejette point une si étrange nourriture. Un Spartiate acheta dans une auberge un poisson, et le donna au cuisinier afin qu'il (995c) l'apprêtât. Celui-ci lui demanda du beurre, de l'huile et du vinaigre pour l'assaisonner: Eh quoi! lui répondit sensément le Spartiate, si j'avais tout ce que vous me demandez là, croyez-vous que j'eusse acheté le poisson ? Mais ces meurtres dégouttants flattent si fort notre sensualité, que nous donnons à la chair le nom de mets, et cependant pour la manger nous avons besoin d'assaisonnements ; nous y mêlons de l'huile, du vin, du miel, du garum, du vinaigre, des aromates de Syrie et d'Arabie ; on dirait vraiment qu'il s'agit d'embaumer un corps mort. Ces viandes ainsi amollies et attendries, je dirais presque corrompues, n'en sont pas moins difficiles à digérer, et après même que nous les avons digérées, elles nous occasionnent des pesanteurs et des crudités pénibles. Diogène (995d) osa manger un polype tout cru pour s'épargner la peine de le faire cuire. En présence d'un grand nombre de prêtres et d'autres spectateurs, il se couvrit la tête de son manteau, et approchant le polype de sa bouche : Ô Athéniens, s'écria-t-il, à quel danger je m'expose pour vous! Voilà sans doute un bel exploit. Comme Pélopidas s'exposa courageusement pour la liberté de Thèbes, Harmodius et Aristogiton pour celle d'Athènes, ce brave philosophe osait combattre contre un polype cru, pour rendre les hommes encore plus féroces. Mais outre que l'usage de la chair des animaux est contraire à la nature, (995e) il appesantit encore l'âme par la réplétion et la satiété qu'il occasionne. Si le vin et les viandes donnent au corps plus de force et de vigueur, ils rendent l'esprit plus faible et plus obtus. Je ne citerai pas ici les athlètes, afin de ne pas m'en faire des ennemis ; je prendrai des exemples domestiques. Les Athéniens reprochent aux habitants de la Béotie d'être grossiers et stupides, et la principale cause de ce reproche c'est leur voracité. On connaît le proverbe : la truie de Béotie. Ménandre dit d'eux : Ils ont des mâchoires. Tout le monde sait le mot de Pindare ; celui d'Héraclite n'est pas moins connu. L'âme sèche, disait ce philosophe, est la meilleure et la plus sage. Quand on frappe sur des tonneaux vides, ils rendent du son ; s'ils sont pleins, ils n'en font entendre aucun. Des vases de cuivre minces retentissent au loin (995f) quand on les frappe, à moins qu'on n'arrête le son en y posant la main, et qu'on ne coupe ainsi la communication. Un œil chassieux s'obscurcit, et devient inhabile à remplir sa fonction naturelle. Lorsqu'on regarde le soleil à travers un air humide et chargé de vapeurs, il perd son éclat et sa pureté ; il paraît obscur, nébuleux, et ne jette qu'une lumière incertaine. De même, quand le corps est rassasié et appesanti par des aliments étrangers à sa constitution,





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Dernière mise à jour : 28/11/2007