HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Sur l'utilité qu'on peut retirer de ses ennemis

ἐχθρόν



Texte grec :

[87] καὶ χρῆσιν οἰκείαν (87a) καὶ ὠφέλιμός ἐστι. Καὶ τῶν πραγμάτων ἄφιλα πολλὰ καὶ ἀπεχθῆ καὶ ἀντίπαλα τοῖς ἐντυγχάνουσιν· ἀλλ´ ὁρᾷς ὅτι καὶ νόσοις ἔνιοι σώματος εἰς ἀπραγμοσύνην ἐχρήσαντο, καὶ πόνοι πολλοῖς προσπεσόντες ἔρρωσαν καὶ ἤσκησαν. Ἔνιοι δὲ καὶ πατρίδος στέρησιν καὶ χρημάτων ἀποβολὴν ἐφόδιον σχολῆς ἐποιήσαντο καὶ φιλοσοφίας, ὡς Διογένης καὶ Κράτης· Ζήνων δέ, τῆς ναυκληρίας αὐτῷ συντριβείσης, πυθόμενος εἶπεν, « Εὖ γ´, ὦ τύχη, ποιεῖς, εἰς τὸν τρίβωνα συνελαύνουσα ἡμᾶς. » Ὥσπερ γὰρ τὰ ῥωμαλεώτατα τοὺς στομάχους καὶ ὑγιεινότατα τῶν ζῴων ὄφεις ἐσθίοντα καταπέττει (87b) καὶ σκορπίους, ἔστι δ´ ἃ καὶ λίθοις καὶ ὀστράκοις τρέφεται (μεταβάλλουσι δὲ δι´ εὐτονίαν καὶ θερμότητα πνεύματος), οἱ δὲ σικχοὶ καὶ νοσώδεις ἄρτον καὶ οἶνον προσφερόμενοι ναυτιῶσιν, οὕτως οἱ μὲν ἀνόητοι καὶ τὰς φιλίας διαφθείρουσιν, οἱ δὲ φρόνιμοι καὶ ταῖς ἔχθραις ἐμμελῶς χρῆσθαι δύνανται. Πρῶτον μὲν οὖν δοκεῖ μοι τῆς ἔχθρας τὸ βλαβερώτατον ὠφελιμώτατον ἂν γενέσθαι τοῖς προσέχουσιν. Τί δὲ τοῦτ´ ἐστίν; Ἐφεδρεύει σου τοῖς πράγμασιν ἐγρηγορὼς ὁ ἐχθρὸς ἀεὶ καὶ λαβὴν ζητῶν πανταχόθεν περιοδεύει τὸν βίον, οὐ διὰ δρυὸς μόνον ὁρῶν ὡς ὁ Λυγκεὺς οὐδὲ διὰ λίθων (87c) καὶ ὀστράκων, ἀλλὰ καὶ διὰ φίλου καὶ οἰκέτου καὶ διὰ συνήθους παντὸς ὡς ἀνυστόν ἐστι φωρῶν τὰ πραττόμενα καὶ τὰ βουλευόμενα διορύττων καὶ διερευνώμενος. Οἱ μὲν γὰρ φίλοι καὶ νοσοῦντες ἡμᾶς πολλάκις καὶ ἀποθνῄσκοντες λανθάνουσιν ἀμελοῦντας καὶ ὀλιγωροῦντας, τῶν δ´ ἐχθρῶν μονονουχὶ καὶ τοὺς ὀνείρους πολυπραγμονοῦμεν· νόσοι δὲ καὶ δανεισμοὶ καὶ διαφοραὶ πρὸς γυναῖκας αὐτοὺς ἐκείνους μᾶλλον ἢ τὸν ἐχθρὸν λανθάνουσι. Μάλιστα δὲ τῶν ἁμαρτιῶν ἔχεται καὶ ταύτας ἐξιχνεύει. Καὶ καθάπερ οἱ γῦπες ἐπὶ τὰς ὀσμὰς (87d) τῶν διεφθορότων σωμάτων φέρονται, τῶν δὲ καθαρῶν καὶ ὑγιαινόντων αἴσθησιν οὐκ ἔχουσιν, οὕτω τὰ νοσοῦντα τοῦ βίου καὶ φαῦλα καὶ πεπονθότα κινεῖ τὸν ἐχθρόν, καὶ πρὸς ταῦθ´ οἱ μισοῦντες ᾄττουσι καὶ τούτων ἅπτονται καὶ σπαράττουσι. Τοῦτο οὖν ὠφέλιμόν ἐστι; Πάνυ μὲν οὖν, εὐλαβούμενον ζῆν καὶ προσέχειν ἑαυτῷ καὶ μήτε πράττειν μηδὲν ὀλιγώρως καὶ ἀπερισκέπτως μήτε λέγειν, ἀλλ´ ἀεὶ διαφυλάττειν ὥσπερ ἐν ἀκριβεῖ διαίτῃ τὸν βίον ἀνεπίληπτον· ἡ γὰρ οὕτω συστέλλουσα τὰ (87e) πάθη καὶ συνέχουσα τὸν λογισμὸν εὐλάβεια μελέτην ἐμποιεῖ καὶ προαίρεσιν τοῦ ζῆν ἐπιεικῶς καὶ ἀνεγκλήτως. Καθάπερ γὰρ αἱ πολέμοις ἀστυγειτονικοῖς καὶ στρατείαις ἐνδελεχέσι σωφρονιζόμεναι πόλεις εὐνομίαν καὶ πολιτείαν ὑγιαίνουσαν ἠγάπησαν, οὕτως οἱ δι´ ἔχθρας τινὰς ἀναγκασθέντες ἐπινήφειν τῷ βίῳ καὶ φυλάττεσθαι τὸ ῥᾳθυμεῖν καὶ καταφρονεῖν καὶ μετ´ εὐχρηστίας ἕκαστα πράττειν λανθάνουσιν εἰς τὸ ἀναμάρτητον ὑπὸ τῆς συνηθείας ἀγόμενοι καὶ κατακοσμούμενοι τὸν τρόπον, ἂν καὶ μικρὸν ὁ λόγος συνεπιλαμβάνηται. τὸ γάρ (87f) Ἦ κεν γηθήσαι Πρίαμος Πριάμοιό τε παῖδες οἷς ἐστιν ἀεὶ πρόχειρον, ἐπιστρέφει καὶ διατρέπει καὶ ἀφίστησι τῶν τοιούτων ἐφ´ οἷς οἱ ἐχθροὶ χαίρουσι καὶ καταγελῶσι. Καὶ μὴν τοὺς περὶ τὸν Διόνυσον τεχνίτας ὁρῶμεν ἐκλελυμένους καὶ ἀπροθύμους καὶ οὐκ ἀκριβῶς πολλάκις ἀγωνιζομένους ἐν τοῖς θεάτροις ἐφ´ ἑαυτῶν· ὅταν δ´ ἅμιλλα καὶ ἀγὼν γένηται πρὸς ἑτέρους, οὐ μόνον αὑτοὺς ἀλλὰ καὶ τὰ ὄργανα μᾶλλον συνεπιστρέφουσι, χορδολογοῦντες καὶ ἀκριβέστερον ἁρμοζόμενοι καὶ καταυλοῦντες.

Traduction française :

[87] (87a) vous devenir utile. Les événements de la vie sont souvent pénibles et contrarient nos projets. Mais combien de gens que les maladies, par exemple, ont forcés à prendre un repos nécessaire ? Combien ont trouvé, dans des travaux imprévus, un exercice qui les a fortifiés ? Quelques-uns, tels que Diogène et Cratès, n'ont-ils pas eu dans l'exil et dans la perte de leurs biens, une occasion d'embrasser l'étude de la philosophie ? Zénon apprit que le seul vaisseau qui lui restait avait fait naufrage : « Bon, fortune, s'écria-t-il, tu me renvoies au manteau de philosophe. » Les animaux d'un tempérament sain et robuste digèrent les serpents et les scorpions ; (87b) il en est même qui se nourrissent de pierres et de coquillages; la force et la chaleur des esprits vitaux les convertissent pour eux en aliment. Au contraire, ceux qui sont fluets et délicats ont peine à supporter le pain et le vin. Ainsi les hommes d'un esprit faible corrompent même les amitiés, et les sages savent tourner à leur profit les inimitiés même. Et d'abord, ce que la haine de nos ennemis semble avoir de plus dangereux pour nous, est précisément ce qui peut nous la rendre plus utile. Que veux-je dire par là? C'est qu'un ennemi a toujours les yeux ouverts sur nous : il épie avec soin notre conduite pour trouver l'occasion de nous nuire. Sa vue, comme celle de Lyncée, ne pénètre pas les arbres et les pierres ; (87c) mais il nous voit à travers nos esclaves, nos amis et tous ceux qui nous fréquentent. Instruit par là, autant qu'il est possible, de tout ce que nous faisons, il découvre nos desseins et nos vues. Souvent froids et négligents pour nos amis, nous ignorons leurs maladies ou même leur mort. Bien plus vigilants sur nos ennemis, nous voudrions savoir jusqu'à leurs songes. Leurs maladies, leurs dettes, leurs dissensions domestiques, nous sont, pour ainsi dire, mieux connues qu'à eux-mêmes. C'est surtout à découvrir leurs fautes que nous employons nos recherches. Semblable à ces oiseaux carnassiers, (87d) dont les corps sains ne frappent point l'odorat, et qui ne sont attirés que par l'odeur infecte des cadavres, un ennemi n'est excité que par ce qu'a de vicieux et de blâmable la conduite d'un homme qu'il hait. C'est à cela seul que sa haine s'attache pour en faire sa proie. Voulez-vous faire servir cette haine à votre utilité? veillez sur vous-même ; vivez avec circonspection ; ne vous permettez aucune action ni aucune parole inconsidérée, et réglez si bien votre vie, qu'elle ne donne jamais prise à la censure. (87e) Cette vigilance continuelle, en resserrant les passions dans de justes bornes, en contenant la raison elle-même, vous tiendra toujours en haleine, et vous accoutumera à une conduite sage et irréprochable. Les villes, que des guerres fréquentes avec leurs voisins ont formées à la tempérance, sont celles où règnent les plus justes lois et la politique la plus saine. Il en est de même des particuliers. La haine d'un ennemi les oblige-t-elle à veiller sur eux-mêmes, à se tenir en garde contre la négligence et la paresse, à ne rien faire que dans des vues raisonnables? pour peu qu'ils y joignent le secours de leurs propres réflexions, ils contractent insensiblement l'habitude d'une vie réglée, exempte de tout reproche. Ayez toujours présent à l'esprit ce que dit Nestor dans Homère : (87f) "Pour Priam et ses fils quel grand sujet de joie" ! Cette pensée, au besoin, vous fera rentrer promptement en vous-même, et vous détournera de ces actions qui prêteraient à rire à vos ennemis. Ne voyons-nous pas sur nos théâtres les acteurs qui n'ont point de concurrents, se négliger et remplir non-chalamment leurs rôles? Leur oppose-t-on des rivaux qui excitent leur émulation? Ils s'appliquent davantage, disposent mieux leurs instruments, et mettent dans leur chant et dans leur jeu plus d'harmonie et de régularité.





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Dernière mise à jour : 8/05/2008