HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Sur l'utilité qu'on peut retirer de ses ennemis

τὰ



Texte grec :

[88] Ὅστις οὖν οἶδεν ἀνταγωνιστὴν βίου καὶ δόξης τὸν (88a) ἐχθρὸν ὄντα, προσέχει μᾶλλον αὑτῷ, καὶ τὰ πράγματα περισκοπεῖ καὶ διαρμόζεται τὸν βίον. Ἐπεὶ καὶ τοῦτο τῆς κακίας ἴδιόν ἐστι, τὸ τοὺς ἐχθροὺς αἰσχύνεσθαι μᾶλλον ἢ τοὺς φίλους ἐφ´ οἷς ἐξαμαρτάνομεν. Ὅθεν ὁ Νασικᾶς, οἰομένων τινῶν καὶ λεγόντων ἐν ἀσφαλεῖ γεγονέναι τὰ Ῥωμαίων πράγματα Καρχηδονίων μὲν ἀνῃρημένων Ἀχαιῶν δὲ δεδουλωμένων, « Νῦν μὲν οὖν, » εἶπεν, « ἐπισφαλῶς ἔχομεν, μήθ´ οὓς φοβηθῶμεν μήθ´ οὓς αἰσχυνθῶμεν ἑαυτοῖς ἀπολελοιπότες. » (88b) Ἔτι τοίνυν πρόσλαβε τὴν Διογένους ἀπόφασιν, φιλόσοφον σφόδρα καὶ πολιτικὴν οὖσαν· « Πῶς ἀμυνοῦμαι τὸν ἐχθρόν; » « Αὐτὸς καλὸς κἀγαθὸς γενόμενος. » Ἵππους ἐχθρῶν ὁρῶντες εὐδοκιμοῦντας ἀνιῶνται καὶ κύνας ἐπαινουμένους. Ἂν χωρίον ἐκπεπονημένον ἴδωσιν, ἂν εὐθαλοῦντα κῆπον, ἐπιστένουσι. Τί οὖν οἴει, σεαυτὸν ἐπιδεικνύμενος ἄνδρα δίκαιον ἀρτίφρονα χρηστόν, ἐν λόγοις εὐδόκιμον, ἐν πράξεσι καθαρόν, ἐν διαίτῃ κόσμιον, Βαθεῖαν αὔλακα διὰ φρενὸς καρπούμενον, ἐξ ἧς τὰ κεδνὰ βλαστάνει βουλεύματα; « Νικώμενοι, » φησὶ Πίνδαρος, « ἄνδρες ἀγρυξίᾳ δέδενται, » (88c) οὐχ ἁπλῶς οὐδὲ πάντες, ἀλλ´ ὅσοι νικωμένους αὑτοὺς ὁρῶσιν ὑπὸ τῶν ἐχθρῶν ἐπιμελείᾳ χρηστότητι μεγαλοφροσύνῃ φιλανθρωπίαις εὐεργεσίαις· ταῦτ´ « Ἀποστρέφει τὴν γλῶτταν, » ὡς ὁ Δημοσθένης φησίν, « ἐμφράττει τὸ στόμα, ἄγχει, σιωπᾶν ποιεῖ. » Σύ τοι διάφερε τῶν κακῶν· ἔξεστι γάρ. Εἰ θέλεις ἀνιᾶν τὸν μισοῦντα, μὴ λοιδόρει κίναιδον μηδὲ μαλακὸν μηδ´ ἀκόλαστον μηδὲ βωμολόχον μηδ´ ἀνελεύθερον, ἀλλ´ αὐτὸς ἀνὴρ ἴσθι καὶ σωφρόνει καὶ ἀλήθευε καὶ χρῶ φιλανθρώπως καὶ (88d) δικαίως τοῖς ἐντυγχάνουσιν. Ἂν δὲ λοιδορῆσαι προαχθῇς, ἄπαγε πορρωτάτω σεαυτὸν ὧν λοιδορεῖς ἐκεῖνον. Ἐνδύου τῇ ψυχῇ, περισκόπει τὰ σαθρά, μή τίς σοί ποθεν ὑποφθέγγηται κακία τὸ τοῦ τραγῳδοῦ Ἄλλων ἰατρὸς αὐτὸς ἕλκεσιν βρύων. Ἂν ἀπαίδευτον εἴπῃς, ἐπίτεινε τὸ φιλομαθὲς ἐν σεαυτῷ καὶ φιλόπονον· ἂν δειλόν, ἔγειρε μᾶλλον τὸ θαρραλέον καὶ ἀνδρῶδες· κἂν ἀσελγῆ καὶ ἀκόλαστον, ἐξάλειφε τῆς ψυχῆς εἴ τι λανθάνον ἐστὶ φιληδονίας ἴχνος. Οὐδὲν γὰρ αἴσχιόν ἐστι βλασφημίας παλινδρομούσης οὐδὲ λυπηρότερον, ἀλλ´ ἔοικε καὶ τοῦ φωτὸς τὸ ἀνακλώμενον μᾶλλον ἐνοχλεῖν τὰς ἀσθενεῖς ὁράσεις καὶ τῶν ψόγων οἱ πρὸς αὐτοὺς ἀναφερόμενοι τοὺς ψέγοντας ὑπὸ τῆς (88e) ἀληθείας. Ὡς γὰρ ὁ καικίας τὰ νέφη, καὶ ὁ φαῦλος βίος ἐφ´ ἑαυτὸν ἕλκει τὰς λοιδορίας. Ὁ μὲν οὖν Πλάτων ὁσάκις ἀσχημονοῦσιν ἀνθρώποις παραγένοιτο, πρὸς αὑτὸν εἰώθει λέγειν « Μή που ἄρ´ ἐγὼ τοιοῦτος; » Ὁ δὲ λοιδορήσας τὸν ἑτέρου βίον ἂν εὐθὺς ἐπισκοπῇ τὸν ἑαυτοῦ καὶ μεθαρμόττῃ πρὸς τοὐναντίον ἀπευθύνων καὶ ἀποστρέφων, ἕξει τι χρήσιμον ἐκ τοῦ λοιδορεῖν, ἄλλως ἀχρήστου καὶ κενοῦ δοκοῦντος εἶναι καὶ ὄντος. Οἱ μὲν οὖν πολλοὶ γελῶσιν, ἄν τις ὢν φαλακρὸς ἢ (88f) κυρτὸς ἑτέρους εἰς ταῦτα λοιδορῇ καὶ σκώπτῃ· γελοῖον δ´ ὅλως ἐστὶ τὸ λοιδορεῖν καὶ σκώπτειν ὁτιοῦν ἀντιλοιδορηθῆναι δυνάμενον, ὡς Λέων ὁ Βυζάντιος ὑπὸ κυρτοῦ λοιδορηθεὶς εἰς τὴν τῶν ὀμμάτων ἀσθένειαν, « Ἀνθρώπινον, » ἔφη, « πάθος ὀνειδίζεις, ἐπὶ τοῦ νώτου φέρων τὴν νέμεσιν. » Οὐκοῦν μηδὲ μοιχὸν λοιδορήσῃς, αὐτὸς ὢν παιδομανής, μηδ´ ἄσωτον, αὐτὸς ὢν ἀνελεύθερος. Ἀνδροκτόνου γυναικὸς ὁμογενὴς ἔφυς πρὸς τὸν Ἄδραστον ὁ Ἀλκμέων. Τί οὖν ἐκεῖνος; Οὐκ ἀλλότριον ἀλλ´ ἴδιον αὐτῷ προφέρων ὄνειδος

Traduction française :

[88] De même, quand on se connaît (88a) un ennemi qui, jaloux de notre gloire, cherche dans notre vie de quoi nous rabaisser, n'est-on pas plus attentif sur soi-même? ne pèse-t-on pas avec plus de soin toutes ses actions? ne met-on pas dans sa conduite plus d'accord et d'harmonie ? On disait devant Scipion Nasica que la puissance romaine n'avait plus rien à craindre depuis que Carthage était détruite et la Grèce soumise. « Au contraire, répondit-il, nous sommes bien moins en sûreté, maintenant que nous n'avons plus personne qui puisse nous faire craindre ni rougir. » (88b) Rien n'est plus sensé ni plus conforme à la saine politique que la réponse de Diogène à un homme qui lui demandait comment il se vengerait de son ennemi : « En devenant vous-même plus homme de bien. » Quand on voit les chevaux ou les chiens d'un homme qu'on n'aime pas, prisés et estimés, ses terres et ses jardins bien cultivés et en bon rapport, n'éprouve-t-on pas une sorte de tristesse ? Que sera-ce donc si votre ennemi vous voit juste, prudent et bon, sensé dans vos discours, honnête dans vos actions, réglé dans votre conduite, "Et recueillant les fruits d'une raison profonde Qui de sages conseils est un germe fécond?" « Ceux qui sont vaincus, dit Pindare, ont la langue liée, et n'osent pas parler. » (88c) Cela est-il vrai de tous en général ? Non ; mais de ceux-là seulement qui se voient vaincus par leurs ennemis, en vigilance, en bonté, en grandeur d'âme, en bienfaisance, en humanité. Voilà, selon Démosthène, ce qui lie la langue, ferme la bouche, suffoque et réduit au plus triste silence. "Vous, des hommes méchants fuyez la ressemblance ; Cela dépend de vous". Voulez-vous mortifier un homme qui vous hait? au lieu de lui reprocher qu'il est mou et efféminé, qu'il vit dans le libertinage, qu'il est injuste et avare, soyez vous-même homme de bien, vivez avec tempérance, respectez la vérité, paraissez en toute rencontre ami de la justice et de l'humanité. (88d) Vous croyez-vous obligé de le reprendre ? prenez garde de tomber dans aucun des vices que vous blâmez en lui. Sondez votre âme, examinez tous ses endroits faibles, pour n'être pas exposé à vous entendre dire comme dans la tragédie : "De blessures couvert, tu veux guérir les autres". Un ennemi vous reproche-t-il votre ignorance? redoublez d'ardeur pour le travail et de goût pour les sciences. Vous accuse-t-il de lâcheté? ranimez votre courage. Vous traite-t-il de lascif et d'intempérant? voyez si vous n'avez pas quelque penchant à la volupté, et effacez-en de votre âme jusqu'à l'apparence. Rien ne serait plus honteux ni plus mortifiant que de voir retomber sur soi-même la censure qu'on aurait faite d'autrui. Les vues faibles sont plus blessées d'une lumière réfléchie que de celle qui les frappe directement. De même rien n'est plus pénible pour les gens vicieux que de voir repoussés contre eux-mêmes les traits qu'ils lancent aux autres : (88e) comme le vent du midi rassemble les nuages, une mauvaise conduite attire aussi de justes reproches. Quand Platon se trouvait avec des hommes vicieux, il rentrait dans son propre cœur, et se demandait s'il n'était pas tel lui-même. Si, après avoir blâmé la conduite d'un autre, on examine la sienne propre, et qu'on réforme ce qu'elle a de répréhensible, du moins alors tire-t-on quelque profit de la médisance, la chose d'ailleurs la plus inutile et la plus frivole. Que penser d'un chauve ou d'un bossu qui reproche à un autre le défaut qu'il a lui-même? (88f) Est-on moins ridicule lorsqu'on se permet de faire à autrui un reproche qu'il peut retourner contre nous? Un bossu raillait un jour Léon de Byzance sur sa mauvaise vue. « Tu me plaisantes, lui répondit Léon, sur une imperfection naturelle, tandis que tu portes sur ton dos les marques de la vengeance céleste. » De quel droit blâmerez-vous un prodigue, si vous êtes avare ou adultère, si vous êtes sujet à des vices encore plus honteux ? Alcméon, dans Euripide, dit à Adraste : "Du sang de son époux ta sœur souilla ses mains". Que lui répond Adraste ? Il lui reproche, non le crime d'un autre, mais un meurtre qui lui était personnel :





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Dernière mise à jour : 8/05/2008