HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Sur l'utilité qu'on peut retirer de ses ennemis

καθεύδειν



Texte grec :

[92] (92a) « Ὅπως, » ἔφη, « μὴ πρὸς τοὺς φίλους ἀρξώμεθα διαφέρεσθαι, τῶν ἐχθρῶν παντάπασιν ἀπαλλαγέντες. » Οὐκοῦν καὶ ἡμῶν καταναλισκόμενα ταῦτα τὰ πάθη πρὸς τοὺς ἐχθροὺς ἧττον ἐνοχλήσει τοῖς φίλοις. Οὐ γὰρ « Κεραμεῖ » δεῖ « κεραμέα φθονεῖν » οὐδ´ « Ἀοιδὸν ἀοιδῷ » καθ´ Ἡσίοδον, οὐδὲ γείτονα ζηλοῦν οὐδ´ ἀνεψιὸν οὐδ´ ἀδελφὸν « Εἰς ἄφενος σπεύδοντα » καὶ τυγχάνοντα χρηστῶν πραγμάτων. Ἀλλ´ εἰ μηδεὶς τρόπος ἐστὶν ἄλλος ἀπαλλαγῆς (92b) ἐρίδων καὶ φθόνων καὶ φιλονεικιῶν, ἔθιζε σεαυτὸν δάκνεσθαι τῶν ἐχθρῶν εὐημερούντων, καὶ παρόξυνε καὶ χάραττε τὸ φιλόνεικον ἐν ἐκείνοις θηγόμενον. Ὥσπερ γὰρ οἱ χαρίεντες γεωργοὶ τὰ ῥόδα καὶ τὰ ἴα βελτίω ποιεῖν νομίζουσι σκόροδα καὶ κρόμμυα παραφυτεύοντες (ἀποκρίνεται γὰρ εἰς ἐκεῖνα πᾶν ὅσον ἔνεστι τῇ τροφῇ δριμὺ καὶ δυσῶδες), οὕτω καὶ ὁ ἐχθρὸς ἀναλαμβάνων καὶ περισπῶν τὸ κακόηθες καὶ βάσκανον, εὐμενέστερον παρέξει σε τοῖς φίλοις εὖ πράττουσι καὶ ἀλυπότερον. Διὸ καὶ τὰς ἁμίλλας πρὸς ἐκείνους ἐστὶ ποιητέον ὑπὲρ δόξης ἢ ἀρχῆς ἢ πορισμῶν δικαίων, μὴ δακνομένους μόνον, ἄν τι πλέον ἡμῶν ἔχωσιν, ἀλλὰ καὶ (92c) πάντα παραφυλάττοντας ἐξ ὧν πλέον ἔχουσι, καὶ πειρωμένους ὑπερβαλέσθαι ταῖς ἐπιμελείαις καὶ φιλοπονίαις καὶ τῷ σωφρονεῖν καὶ προσέχειν ἑαυτοῖς, ὡς Θεμιστοκλῆς ἔλεγεν οὐκ ἐᾶν αὐτὸν καθεύδειν τὴν ἐν Μαραθῶνι Μιλτιάδου νίκην. Ὁ μὲν γὰρ εὐτυχίᾳ διαφέρειν αὐτοῦ τὸν ἐχθρὸν ἡγούμενος ἐν ἀρχαῖς ἢ συνηγορίαις ἢ πολιτείαις ἢ παρὰ φίλοις καὶ ἡγεμόσιν, ἐκ τοῦ πράττειν τι καὶ ζηλοῦν εἰς τὸ βασκαίνειν παντάπασι καὶ ἀθυμεῖν καταδυόμενος, ἀργῷ τῷ φθόνῳ καὶ ἀπράκτῳ σύνεστιν· ὁ δὲ μὴ τυφλούμενος περὶ τὸ μισούμενον ἀλλὰ καὶ βίου καὶ ἤθους καὶ λόγων καὶ ἔργων γιγνόμενος θεατὴς δίκαιος τὰ πλεῖστα κατόψεται (92d) τῶν ζηλουμένων ἐξ ἐπιμελείας καὶ προνοίας καὶ πράξεων χρηστῶν περιγιγνόμενα τοῖς κεκτημένοις, καὶ πρὸς ταῦτα συντείνων ἐπασκήσει τὸ φιλότιμον αὑτοῦ καὶ φιλόκαλον, τὸ δὲ χασμῶδες ἐκκόψει καὶ ῥᾴθυμον. Εἰ δέ τινας οἱ ἐχθροὶ κολακεύοντες ἢ πανουργοῦντες ἢ δεκάζοντες ἢ μισθαρνοῦντες αἰσχρὰς καὶ ἀνελευθέρους δοκοῦσι καρποῦσθαι δυνάμεις ἐν αὐλαῖς ἢ πολιτείαις, οὐκ ἐνοχλήσουσιν ἡμᾶς ἀλλὰ μᾶλλον εὐφρανοῦσι, τὴν αὑτῶν ἐλευθερίαν καὶ τὸ καθαρὸν τοῦ βίου καὶ ἀνύβριστον ἀντιτιθέντας· (92e) « Ἅπας » γὰρ « ὁ ὑπὲρ γῆς καὶ ὑπὸ γῆς χρυσὸς ἀρετῆς οὐκ ἀντάξιος » κατὰ Πλάτωνα, καὶ τὸ τοῦ Σόλωνος ἔχειν ἀεὶ δεῖ πρόχειρον Ἀλλ´ ἡμεῖς αὐτοῖς οὐ διαμειψόμεθα τῆς ἀρετῆς τὸν πλοῦτον οὐδέ γε βοὰς δεδειπνισμένων θεάτρων οὐδὲ τιμὰς καὶ προεδρίας παρ´ εὐνούχοις καὶ παλλακαῖς καὶ σατραπείας βασιλέων· ζηλωτὸν γὰρ οὐδὲν οὐδὲ (92f) καλὸν ἐξ αἰσχροῦ φυόμενον. Ἀλλ´ ἐπεὶ τυφλοῦται τὸ φιλοῦν περὶ τὸ φιλούμενον, ὥς φησιν ὁ Πλάτων, καὶ μᾶλλον ἡμῖν οἱ ἐχθροὶ παρέχουσιν αἴσθησιν ἀσχημονοῦντες, δεῖ μήτε τὸ χαῖρον ἐφ´ οἷς ἁμαρτάνουσιν ἀργὸν εἶναι μήτε τὸ λυπούμενον ἐφ´ οἷς κατορθοῦσιν, ἀλλ´ ἐπιλογίζεσθαι δι´ ἀμφοτέρων ὅπως τὰ μὲν φυλαττόμενοι βελτίονες ὦμεν αὐτῶν, τὰ δὲ μιμούμενοι μὴ χείρονες.

Traduction française :

[92] (92a) « Sans cela, disait-il, il est à craindre que n'ayant plus d'ennemis, nous n'ayons des querelles avec nos amis. » Ainsi nos passions, en s'exerçant contre nos ennemis, seront moins dangereuses pour nos amis. Si Hésiode ne veut pas que le potier soit jaloux du potier, ni le musicien du musicien, pourquoi porteriez-vous envie à un voisin, à un parent, qui travaille à augmenter sa fortune et qui voit couronner ses efforts par le succès? (92b) Que si vous ne pouvez vous défaire entièrement de l'envie et de la rivalité, du moins ne les faites tomber que sur vos ennemis ; affligez-vous de leur prospérité, aiguisez contre eux l'aigreur de ces passions, épuisez-l'y tout entière. Les bons jardiniers, pour rendre leurs fleurs plus belles et plus odoriférantes, plantent dans le voisinage de l'ail et des oignons, qui attirent les sucs dont la force et l'âcreté pourraient leur nuire. De même, en détournant sur un ennemi l'envie et la malice de votre coeur, vous serez plus tranquille et plus doux dans la prospérité de vos amis. Entrez donc avec vos ennemis en rivalité de gloire, de crédit, de moyens légitimes de faire fortune. Ne vous affligez pas de leurs richesses ; (92c) mais examinez avec soin par quelles voies ils se sont enrichis , et ne négligez rien pour les surpasser en vigilance, en amour du travail, en prévoyance et en économie. Thémistocle disait que la victoire de Miltiade à Marathon l'empêchait de dormir. Celui qui voit son ennemi le devancer dans le barreau, dans les charges publiques, dans l`administration des affaires , dans la faveur des grands, au lieu d'en concevoir une vive émulation pour le surpasser, s'il le peut, se laisse-t-il aller à la jalousie? Il tombe bientôt dans le découragement, et de là dans une funeste inaction. Mais sans s'aveugler injustement sur le compte d'un rival odieux, examine-t-il d'un oeil équitable, sa vie, ses moeurs, ses discours et ses actions ? (92d) Il reconnaît souvent que les avantages qu'il lui envie sont le fruit de son industrie, de sa prévoyance, de sa bonne conduite ; et alors , loin de s'abandonner à une lâche indolence, il fait des efforts louables pour l'égaler par des actions honnêtes. Au contraire, nos ennemis ne se sont-ils avancés dans les cours des princes , ou dans le gouvernement des affaires publiques, que par des flatteries et des intrigues? ne doivent-ils qu'à un usage vil et mercenaire de leurs talents ou de leurs emplois , un crédit déshonorant ? Loin de porter envie à leur succès, félicitons-nous plutôt des avantages que nous donne sur eux une vie pure et exempte de tout reproche. (92e) Tout l'or qui est sur la terre et dans les mines ne peut, suivant Platon, entrer en parallèle avec la vertu. Ayons toujours présentes à l'esprit ces belles paroles de Solon : "Pourrions-nous comparer aux fruits de la sagesse L'indigne et vil éclat, d'une vaine richesse"? Pourquoi donc envier ces honneurs, ces applaudissements qu'on prodigue sur les théâtres, ces distinctions humiliantes dont on jouit auprès des grands ? (92f) Tout ce qui s'acquiert par l'infamie est-il beau et désirable ? Cependant, comme on s'aveugle aisément sur le compte de ses amis, c'est dans la conduite de nos ennemis que nous sentirons mieux ce qu'il y a de condamnable dans la nôtre. Par là, au lieu de laisser inutiles en nous, et le chagrin que nous ressentons de leurs avantages, et la joie que nous causent leurs fautes, nous éviterons le mal qu'ils nous aurons fait, nous tâcherons de devenir meilleurs qu'eux, et d'égaler leurs succès, sans imiter leur malice.





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Dernière mise à jour : 8/05/2008