HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Sur l'utilité qu'on peut retirer de ses ennemis

παρθένων



Texte grec :

[89] (89a) Σὺ δ´ αὐτόχειρ γε μητρὸς ἥ ς´ ἐγείνατο. Πρὸς τὸν Κράσσον ὁ Δομίτιος, « Οὐ σὺ μυραίνης ἐν ζωγρείῳ σοι τρεφομένης εἶτ´ ἀποθανούσης ἔκλαυσας; » Καὶ ὁ ἕτερος « Οὐ σὺ τρεῖς γυναῖκας ἐκκομίσας οὐκ ἐδάκρυσας; » Οὐκ εὐφυῆ δεῖ τὸν λοιδορησόμενον εἶναι καὶ μεγαλόφωνον καὶ ἰταμόν, ἀλλ´ ἀλοιδόρητον καὶ ἀνέγκλητον· οὐδενὶ γὰρ οὕτως ἔοικε προστάττειν ὁ θεὸς ὡς τῷ μέλλοντι ψέγειν ἕτερον τὸ « Γνῶθι σαυτόν, » ἵνα μὴ λέγοντες ἃ θέλουσιν ἀκούωσιν ἃ μὴ θέλουσι. « Φιλεῖ » γὰρ ὁ τοιοῦτος κατὰ τὸν Σοφοκλέα (89b) Γλῶσσαν ἐκχέας μάτην ἄκων ἀκούειν οὓς ἑκὼν εἴπῃ λόγους. Τουτὶ μὲν οὖν ἔνεστι τῷ λοιδορεῖν τὸν ἐχθρὸν ὠφέλιμον καὶ χρήσιμον· οὐκ ἔλαττον δ´ ἑτέρῳ, τῷ λοιδορεῖσθαι καὶ κακῶς ἀκούειν αὐτὸν ὑπὸ τῶν ἐχθρῶν. Ὅθεν ὀρθῶς ὁ Ἀντισθένης εἶπεν ὅτι τοῖς μέλλουσι σῴζεσθαι φίλων δεῖ γνησίων ἢ διαπύρων ἐχθρῶν· οἱ μὲν γὰρ νουθετοῦντες τοὺς ἁμαρτάνοντας οἱ δὲ λοιδοροῦντες ἀποτρέπουσι. Ἐπεὶ δ´ ἡ φιλία τὰ νῦν ἰσχνόφωνος γέγονεν ἐν τῷ παρρησιάζεσθαι, καὶ τὸ κολακεῦον αὐτῆς λάλον ἐστί, τὸ (89c) δὲ νουθετοῦν ἄναυδον, ἀκουστέον ἐστὶ παρὰ τῶν ἐχθρῶν τὴν ἀλήθειαν. Ὡς γὰρ ὁ Τήλεφος οἰκείου μὴ τυγχάνων ἰατροῦ τῷ πολεμικῷ δόρατι τὸ ἕλκος ὑπέθηκεν, οὕτω τοὺς ἀποροῦντας εὐνοίας νουθετούσης ὑπομένειν ἀνάγκη μισοῦντος ἐχθροῦ λόγον, ἂν ἐλέγχῃ καὶ κολάζῃ τὴν κακίαν, σκοποῦντας τὸ ἔργον ἀλλὰ μὴ τὴν γνώμην τοῦ κακῶς λέγοντος. Ὥσπερ γὰρ ὁ τὸν Θεσσαλὸν Προμηθέα κτεῖναι διανοηθεὶς ἔπαισε τῷ ξίφει τὸ φῦμα καὶ διεῖλεν οὕτως ὥστε σωθῆναι τὸν ἄνθρωπον καὶ ἀπαλλαγῆναι τοῦ φύματος ῥαγέντος, οὕτω πολλάκις ὑπ´ ὀργῆς ἢ ἔχθρας (89d) προσπεσοῦσα λοιδορία κακὸν ψυχῆς ἢ ἀγνοούμενον ἢ ἀμελούμενον ἐθεράπευσεν. Ἀλλ´ οἱ πολλοὶ λοιδορηθέντες οὐ σκοποῦσιν εἰ πρόσεστιν αὐτοῖς τὸ λεγόμενον, ἀλλὰ τί πρόσεστιν ἕτερον τῷ λοιδοροῦντι, καὶ καθάπερ οἱ παλαίοντες τὴν κόνιν οὐχ ἑαυτῶν ἀποψῶσι τὰς λοιδορίας, ἀλλὰ συμπάττουσιν ἀλλήλους εἶτα φύρονται καὶ ἀναχρώννυνται συμπεσόντες ὑπ´ ἀλλήλων. Δεῖ δ´ ἀκούσαντα κακῶς ὑπ´ ἐχθροῦ τὸ μὲν προσὸν ἀφαιρεῖν αὑτοῦ μᾶλλον ἢ κηλῖδα προσοῦσαν ἱματίῳ καὶ δειχθεῖσαν· ἂν δέ τις λέγῃ τὰ μὴ προσόντα, ὅμως ζητεῖν τὴν αἰτίαν ἀφ´ (89e) ἧς ἡ βλασφημία γέγονε, καὶ φυλάττεσθαι καὶ δεδιέναι μή τι λανθάνωμεν ἢ σύνεγγυς ἢ ὅμοιον τῷ λεγομένῳ παραμαρτάνοντες. Οἷον Λακύδην τὸν Ἀργείων βασιλέα κόμης τινὸς διάθεσις καὶ βάδισμα τρυφερώτερον εἰς μαλακίαν διέβαλε, καὶ Πομπήιον τὸ ἑνὶ κνᾶσθαι τὴν κεφαλὴν δακτύλῳ πορρωτάτω θηλύτητος καὶ ἀκολασίας ὄντα. Κράσσος δὲ τῶν ἱερῶν μιᾷ παρθένων αἰτίαν ἔσχε πλησιάζειν, χωρίον τι καλὸν ὠνήσασθαι παρ´ αὐτῆς βουλόμενος καὶ διὰ τοῦτο πολλάκις ἐντυγχάνων ἰδίᾳ καὶ θεραπεύων. Ποστουμίαν δὲ τὸ γελᾶν (89f) προχειρότερον καὶ λαλιᾷ χρῆσθαι θρασυτέρᾳ πρὸς ἄνδρας διέβαλεν, ὥστε κριθῆναι φθορᾶς. Εὑρέθη μὲν οὖν καθαρὰ τῆς αἰτίας, ἀπολύσας δ´ αὐτὴν ὁ ἀρχιερεὺς Σπόριος Μινούκιος ὑπέμνησε μὴ χρῆσθαι λόγοις ἀσεμνοτέροις τοῦ βίου. Θεμιστοκλεῖ δὲ Παυσανίας μηδὲν ἀδικοῦντι προσετρίψατο τὴν ὑποψίαν τῆς προδοσίας διὰ τὸ χρῆσθαι φίλῳ καὶ γράφειν συνεχῶς καὶ πέμπειν πρὸς αὐτόν. Ὅταν οὖν λεχθῇ τι μὴ ἀληθές, οὐχ ὅτι ψεῦδός ἐστι δεῖ καταφρονεῖν καὶ ἀμελεῖν,

Traduction française :

[89] (89a) "Tu plongeas le poignard dans le sein de ta mère". Domitius faisait honte à Crassus d'avoir pleuré la mort d'une lamproie qu'il nourrissait dans un vivier. « Et toi, lui répondit Crassus, tu as enterré trois femmes, sans verser une larme. » Croyez-vous que pour avoir droit de censurer, il suffise d'être bien né, de parler haut, d'être fier et hardi ? Non, il faut être soi-même à l'abri de tout reproche. Il n'est personne à qui le précepte d'Apollon : "Connais-toi toi-même", s'adresse plus particulièrement qu'à celui qui s'ingère de blâmer les autres. En disant tout ce qu'il lui plaît, il s'expose à entendre des choses qui lui déplaisent ; et, comme a dit Sophocle : (89b) "Celui dont en propos la langue se déborde, Et qui se plaît souvent à censurer autrui, Entend contre son gré le mal qu'on dit de lui". Voilà comment on peut blâmer utilement son ennemi ; mais il n'est pas moins utile d'être blâmé soi-même par ceux qui nous veulent du mal, lorsqu'on sait en profiter. Aussi Anthisthène disait-il, avec beaucoup de sens, que pour être homme de bien, il fallait avoir ou des amis sincères, ou des ennemis ardents. Les premiers nous éloignent du mal par leurs avis, les seconds par leur censure. Mais comme aujourd'hui l'amitié flatte hautement, et qu'à peine elle ose élever la voix quand elle devrait parler avec liberté, (89c) c'est de la bouche d'un ennemi qu'il faut se résoudre à entendre la vérité. Télèphe, qui n'avait reçu aucun soulagement de ses médecins ordinaires, trouva dans le fer de son ennemi un remède à sa blessure. Ainsi, quand nous manquons d'un ami sincère qui nous redresse par ses conseils, écoutons patiemment les reproches d'un ennemi qui gourmande nos vices, et arrêtons-nous bien moins à la mauvaise intention qui le guide, qu'au service réel qu'il nous rend. Un ennemi de Prométhée le Thessalien, l'ayant frappé de son épée à dessein de le tuer, perça du coup un abcès qu'il avait, et lui sauva la vie. Tel est souvent l'effet d'une médisance dictée par la colère ou l'inimitié ; (89d) elle guérit notre âme d'une maladie qui nous était inconnue, ou que nous avions négligée. Mais que font la plupart des hommes quand on les reprend? Au lieu d'examiner si ces réprimandes sont fondées, ils usent de récrimination. Semblables aux lutteurs qui ne secouent pas la poussière dont ils sont couverts, mais qui en couvrent leurs adversaires, ils ne pensent point à se justifier, mais ils se chargent mutuellement d'injures, et s'accablent les uns les autres des traits de la plus noire médisance. Ne serait-il pas plus raisonnable, dans ces occasions, de corriger le vice dont nous sommes justement repris avec plus de soin que nous n'ôterions de dessus nos habits une tache qu'on nous aurait montrée ? Le reproche est-il injuste? (89e) il n'en faut pas moins rechercher ce qui a pu y donner lieu, et prendre garde si, sans le savoir, nous n'avons pas à nous reprocher quelque chose de ce genre. Ainsi des cheveux peignés avec trop de soin, une démarche molle et délicate, firent imputer à Lacyde, roi des Argiens, du dérèglement dans ses mœurs. Pompée, tout éloigné qu'il était de mériter une pareille imputation, en fut cependant soupçonné, parce qu'il avait l'habitude de se gratter la tête avec un doigt. On accusa Crassus d'avoir commerce avec une vestale, sur ce que, voulant acheter d'elle une maison de campagne, il était venu la voir plusieurs fois, et paraissait lui faire trop assidûment la cour. Une autre vestale nommée Posthumia (89f) fut accusée de s'être laissé corrompre, parce qu'on la voyait rire et parler trop librement avec les hommes. Elle fut, il est vrai, déclarée innocente ; mais le pontife Spurius Minucius, en prononçant la sentence d'absolution, l'avertit de n'être pas moins réservée dans ses discours que dans sa conduite. L'amitié de Thémistocle pour Pausanias, les lettres et les messages fréquents qu'il lui envoyait, le firent soupçonner de trahison, quoiqu'il en fût très innocent. Ne méprisez donc pas une accusation, lors même que vous en connaissez la fausseté ;





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Dernière mise à jour : 8/05/2008