HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales - Sur l'utilité qu'on peut retirer de ses ennemis

ὀμμάτων



Texte grec :

[90] ἀλλὰ σκοπεῖν (90a) τί τῶν ὑπὸ σοῦ λεγομένων ἢ πραττομένων ἢ σπουδαζομένων ἢ συνόντων ὁμοιότητα τῇ διαβολῇ παρέσχηκε, καὶ τοῦτο διευλαβεῖσθαι καὶ φεύγειν. εἰ γὰρ ἕτεροι πράγμασιν ἀβουλήτοις περιπεσόντες διδάσκονται τὸ χρήσιμον, ὥσπερ ἡ Μερόπη φησίν Αἱ τύχαι δέ με μισθὸν λαβοῦσαι τῶν ἐμῶν τὰ φίλτατα σοφὴν ἔθηκαν, τί κωλύει διδάσκαλον ἄμισθον λαβόντα τὸν ἐχθρὸν ὠφεληθῆναι καὶ μαθεῖν τι τῶν λανθανόντων; Πολλὰ γὰρ ὁ ἐχθρὸς αἰσθάνεται τοῦ φίλου μᾶλλον (« Τυφλοῦται » γὰρ « τὸ φιλοῦν περὶ τὸ φιλούμενον, » ὡς ὁ Πλάτων φησί), τῷ δὲ μισεῖν μετὰ τοῦ πολυπραγμονεῖν (90b) καὶ τὸ λαλεῖν ἔνεστιν. Ὁ Ἱέρων ὑπό τινος τῶν ἐχθρῶν εἰς τὴν δυσωδίαν ἐλοιδορήθη τοῦ στόματος. Ἐλθὼν οὖν οἴκαδε πρὸς τὴν γυναῖκα « Τί λέγεις; » Εἶπεν, « Οὐδὲ σύ μοι τοῦτ´ ἔφρασας. » Ἡ δ´ οὖσα σώφρων καὶ ἄκακος « ᾬμην, » εἶπεν, « ὅτι τοιοῦτο πάντες ὄζουσιν οἱ ἄνδρες. » Οὕτω καὶ τὰ αἰσθητικὰ καὶ τὰ σωματικὰ καὶ τὰ καταφανῆ πᾶσι παρὰ τῶν ἐχθρῶν μαθεῖν πρότερον ἔστιν ἢ τῶν φίλων καὶ συνήθων. Ἄνευ δὲ τούτου τὴν περὶ τὴν γλῶτταν ἐγκράτειαν, οὐ μικρὸν ἀρετῆς μέρος οὖσαν, ὑπήκοον (90c) ἀεὶ τῷ λογισμῷ καὶ πειθήνιον ἔχειν οὐκ ἔνεστιν, ἂν μή τις ἀσκήσει καὶ μελέτῃ καὶ φιλοπονίᾳ τὰ κάκιστα τῶν παθῶν, οἷόν ἐστιν ἡ ὀργή, κατεργάσηται. Ἡ γὰρ « Ἀκουσίως ἐκπίπτουσα φωνὴ » καὶ τὸ Ἔπος φύγεν ἕρκος ὀδόντων, καὶ τὸ Ἔνια ἐξίπτασθαι τῶν ῥημάτων αὐτόματα τοῖς ἀνασκήτοις μάλιστα θυμοῖς οἷον ὀλισθάνουσι καὶ διαρρέουσιν ἐπιγίγνεται δι´ ἀσθένειαν θυμοῦ, δι´ ἀκρατῆ γνώμην, διὰ δίαιταν θρασεῖαν. Λόγου δὲ κουφοτάτου πράγματος βαρυτάτη ζημία κατὰ τὸν θεῖον Πλάτωνα καὶ παρὰ θεῶν ἕπεται καὶ παρ´ (90d) ἀνθρώπων. Ἡ δὲ σιγὴ πανταχοῦ μὲν ἀνυπεύθυνον (οὐ μόνον ἄδιψον, ὥς φησιν Ἱπποκράτης), ἐν δὲ λοιδορίαις σεμνὸν καὶ Σωκρατικόν, μᾶλλον δ´ Ἡράκλειον, εἴ γε κἀκεῖνος Οὐδ´ ὅσσον μυίας στυγερῶν ἐμπάζετο μύθων. Οὔτι μὴν τούτου σεμνότερον καὶ κάλλιόν ἐστι, τοῦ λοιδοροῦντος ἐχθροῦ τὴν ἡσυχίαν ἄγειν Λισσάδα πέτραν φιλοκέρτομον ὣς παρανηχομένους, ἀλλὰ μείζων ἡ ἄσκησις. Ἂν ἐχθρὸν ἐθισθῇς λοιδοροῦντα φέρειν σιωπῇ, πάνυ ῥᾳδίως οἴσεις γυναικὸς ὁρμὴν κακῶς λεγούσης, καὶ φίλου φωνὰς καὶ ἀδελφοῦ πικροτάτας ἀκούων ὑπομενεῖς ἀθορύβως· πατρὶ δὲ καὶ μητρὶ τυπτόμενος καὶ βαλλόμενος (90e) παρέξεις ἄθυμον καὶ ἀμήνιτον σεαυτόν. Ὁ μὲν γὰρ Σωκράτης ἔφερε τὴν Ξανθίππην θυμοειδῆ καὶ χαλεπὴν οὖσαν, ὡς εὐκόλως συνεσόμενος ἑτέροις, ἂν ἐκείνην ὑπομένειν ἐθισθῇ· πολὺ δὲ βέλτιον ἐχθρῶν καὶ ἀλλοτρίων ἐγγυμνασάμενον βδελυρίαις καὶ ὀργαῖς καὶ σκώμμασι καὶ λοιδορίαις ἐθίσαι τὸν θυμὸν ἡσυχίαν ἄγειν μηδ´ ἀσχάλλειν ἐν τῷ λοιδορεῖσθαι. Πραότητα μὲν οὖν καὶ ἀνεξικακίαν οὕτως ἔστιν ἐνεπιδείξασθαι ταῖς ἔχθραις, ἁπλότητα δὲ καὶ μεγαλοφροσύνην καὶ χρηστότητα μᾶλλον ἢ ταῖς (90f) φιλίαις. Φίλον μὲν γὰρ οὐχ οὕτω τὸ εὖ ποιεῖν καλόν, ὡς αἰσχρὸν τὸ μὴ ποιεῖν δεόμενον· ἐχθροῦ δὲ καὶ τὸ τιμωρίαν παραλιπεῖν ἐν καιρῷ παρασχόντος ἐπιεικές ἐστι. Τὸν δὲ καὶ πταίσαντι συμπαθήσαντα καὶ δεηθέντι συλλαβόμενον καὶ παισὶν ἐχθροῦ καὶ οἰκείοις πράγμασιν ἐν χρείᾳ γενομένοις σπουδήν τινα καὶ προθυμίαν ἐνδειξάμενον ὅστις οὐκ ἀγαπᾷ τῆς εὐμενείας οὐδ´ ἐπαινεῖ τὴν χρηστότητα,

Traduction française :

[90] mais examinez (90a) vos discours et vos actions, la conduite de vos amis ou des personnes que vous fréquentez, pour voir ce qui a pu servir de prétexte à la calomnie, et pour l'éviter désormais avec soin. Les accidents et les disgrâces sont pour bien des gens des maîtres utiles, et comme dit Mérope : "La fortune m'ôtant, pour prix de ses leçons, Ce que j'eus de plus cher, m'enseigne la sagesse". Qui empêche aussi que pour apprendre bien des choses que nous ignorons et qu'il nous importe de savoir, nous ne prenions les leçons gratuites d'un ennemi, souvent mieux instruit que nos amis mêmes de ce qui nous intéresse? (90b) « L'amitié, dit Platon, aveugle facilement sur le compte de ceux qu'on aime ; » la haine, au contraire, recherche avec curiosité les défauts ders ennemis, et aime à les publier. Quelqu'un qui n'aimait pas Hiéron, lui reprocha un jour qu'il avait la bouche mauvaise. Ce prince, de retour chez lui, se plaignit à sa femme de ce qu'elle ne l'en avait pas averti. Comme elle était aussi simple que chaste : « Je croyais, lui répondit-elle, que tous les hommes sentaient de même. » C'est ainsi qu'on apprend par un ennemi, bien plutôt que par des amis, ces défauts naturels qui frappent tout le monde. D'ailleurs, est-il possible d'être discret, et de tenir toujours sa langue sous le joug de la raison, (90c) quand une longue habitude et un travail assidu n'ont pas dompté nos plus dangereuses passions, telles, par exemple, que la colère ? N'est-ce pas surtout à ceux qui n'ont pas su la maîtriser, qu'il échappe tant de paroles involontaires, qui, selon l'expression d'Homère, "Des dents franchissent la barrière"? A qui les propos indiscrets sont-ils plus ordinaires qu'à ces esprits emportés qui, peu maîtres d'eux-mêmes , accoutumés à vivre sans retenue, s'abandonnent à une passion impétueuse que la raison ne peut plus modérer? Rien, suivant Platon, n'est plus léger que la parole, et rien ne nous expose à plus de maux de la part des dieux et des hommes. (90d) Pour le silence, outre qu'il ne cause pas d'altération, selon Hippocrate, il nous met encore à l'abri de toute peine ; mais a-t-on assez de courage pour l'opposer aux injures, alors il a une majesté digne de Socrate, ou plutôt d'Hercule même, si, comme un poète l'a dit de lui, "D'un mépris souverain il payait les injures". Quoi de plus grand, en effet, que d'entendre les calomnies d'un ennemi sans en être affecté, et de les laisser couler "Comme à l'approche d'un écueil Un vaisseau glisse sur les ondes"? Et quels avantages ne résultent pas de cette habitude de patience? Une fois accoutumé à écouter en silence les injures d'un ennemi, on souffre plus aisément les emportements de sa femme, on entend sans émotion les paroles offensantes d'un frère ou d'un ami, on reçoit sans colère ni ressentiment les mauvais traitements d'un père ou d'une mère. (90e) Socrate souffrait patiemment la mauvaise humeur de sa femme Xanthippe, afin que l'habitude qu'il en aurait prise le rendît plus doux à l'égard des autres. Il est encore plus beau de supporter sans la moindre altération les plaisanteries, les médisances, les emportements et les outrages de ses ennemis. La bonté, la franchise, la générosité, sont les vertus que (90f) l'amitié donne lieu d'exercer ; celles qu'on peut montrer envers les ennemis, sont la douceur et la patience. Il y a moins de gloire à obliger un ami que de honte à le refuser; Il est toujours grand de pardonner à son ennemi quand on peut se venger ; mais le relever de ses chutes, le secourir dans ses besoins, lui et sa famille, montrer pour ses intérêts une affection et un zèle véritables, est-il, je le demande, rien de plus estimable, rien qui mérite davantage nos louanges et notre amour?





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Dernière mise à jour : 8/05/2008