Texte grec :
[4] καὶ πρῶτον μὲν τὴν Λαυρεωτικὴν πρόσοδον ἀπὸ τῶν
ἀργυρείων μετάλλων ἔθος ἐχόντων Ἀθηναίων διανέμεσθαι,
μόνος εἰπεῖν ἐτόλμησε παρελθὼν εἰς τὸν δῆμον, ὡς χρὴ τὴν
διανομὴν ἐάσαντας ἐκ τῶν χρημάτων τούτων
κατασκευάσασθαι τριήρεις ἐπὶ τὸν πρὸς Αἰγινήτας πόλεμον.
ἤκμαζε γὰρ οὗτος ἐν τῇ Ἑλλάδι μάλιστα καὶ κατεῖχον οἱ
νησιῶται πλήθει νεῶν τὴν θάλασσαν. (2) ᾗ καὶ ῥᾷον
Θεμιστοκλῆς συνέπεισεν, οὐ Δαρεῖον οὐδὲ Πέρσας - μακρὰν
γὰρ ἦσαν οὗτοι καὶ δέος οὐ πάνυ βέβαιον ὡς ἀφιξόμενοι
παρεῖχον - ἐπισείων, ἀλλὰ τῇ πρὸς Αἰγινήτας ὀργῇ καὶ
φιλονεικίᾳ τῶν πολιτῶν ἀποχρησάμενος εὐκαίρως ἐπὶ τὴν
παρασκευήν. ἑκατὸν γὰρ ἀπὸ τῶν χρημάτων ἐκείνων
ἐποιήθησαν τριήρεις, αἷς καὶ πρὸς Ξέρξην ἐναυμάχησαν.
(3) ἐκ δὲ τούτου κατὰ μικρὸν ὑπάγων καὶ καταβιβάζων τὴν
πόλιν πρὸς τὴν θάλασσαν, ὡς τὰ πεζὰ μὲν οὐδὲ τοῖς ὁμόροις
ἀξιομάχους ὄντας, τῇ δ' ἀπὸ τῶν νεῶν ἀλκῇ καὶ τοὺς
βαρβάρους ἀμύνασθαι καὶ τῆς Ἑλλάδος ἄρχειν δυναμένους,
ἀντὶ μονίμων ὁπλιτῶν, ὥς φησιν ὁ Πλάτων, ναυβάτας καὶ
θαλαττίους ἐποίησε, καὶ διαβολὴν καθ' αὑτοῦ παρέσχεν, ὡς
ἄρα Θεμιστοκλῆς τὸ δόρυ καὶ τὴν ἀσπίδα τῶν πολιτῶν
παρελόμενος εἰς ὑπηρέσιον καὶ κώπην συνέστειλε τὸν
Ἀθηναίων δῆμον. ἔπραξε δὲ ταῦτα Μιλτιάδου κρατήσας
ἀντιλέγοντος, ὡς ἱστορεῖ Στησίμβροτος. (4) εἰ μὲν δὴ τὴν
ἀκρίβειαν καὶ τὸ καθαρὸν τοῦ πολιτεύματος ἔβλαψεν ἢ μὴ
ταῦτα πράξας, ἔστω φιλοσοφώτερον ἐπισκοπεῖν· ὅτι δὲ ἡ τότε
σωτηρία τοῖς Ἕλλησιν ἐκ τῆς θαλάσσης ὑπῆρξε καὶ τὴν
Ἀθηναίων πόλιν αὖθις ἀνέστησαν αἱ τριήρεις ἐκεῖναι, τά τ'
ἄλλα καὶ Ξέρξης αὐτὸς ἐμαρτύρησε. τῆς γὰρ πεζικῆς δυνάμεως
ἀθραύστου διαμενούσης ἔφυγε μετὰ τὴν τῶν νεῶν ἧτταν, ὡς
οὐκ ὢν ἀξιόμαχος, καὶ Μαρδόνιον ἐμποδὼν εἶναι τοῖς Ἕλλησι
τῆς διώξεως μᾶλλον ἢ δουλωσόμενον αὐτούς, ὡς ἐμοὶ δοκεῖ,
κατέλιπεν.
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Traduction française :
[4] (1) Les Athéniens avaient coutume de se partager le revenu des mines d'argent du
Laurion; Thémistocle, tout d'abord, osa seul se présenter devant le peuple pour dire
qu'il fallait arrêter ce partage et, avec ces sommes, équiper des trières en vue de la
guerre contre les Éginètes. Cette guerre atteignait alors son point culminant et les
insulaires avaient la haute main sur la mer, vu l'importance de leur flotte. (2) C'est
ainsi que Thémistocle parvint à convaincre plus aisément -- et non en brandissant le
nom de Darios ou des Perses: ces gens-là étaient loin et la perspective de leur retour
ne suscitait qu'une crainte assez vague. Mais Thémistocle sut opportunément mettre
à profit comme incitant à ses préparatifs la colère et l'envie que nourrissaient ses
concitoyens contre les Éginètes. (3) Avec le revenu des mines furent équipées cent
trières, dont les Athéniens disposèrent également pour la guerre navale contre
Xerxès. (4) À partir de là, Thémistocle poussa peu à peu la ville à descendre vers la
mer: comme infanterie, disait-il, vous n'êtes même pas à égalité avec vos voisins,
mais avec une force navale vous pourrez repousser les barbares et être maîtres de la
Grèce. Ainsi, de solides fantassins, Thémistocle fit, comme le dit Platon, des matelots
et des gens de mer, s'attirant du coup ce reproche: «Pour avoir enlevé à ses
concitoyens la lance et le bouclier, Thémistocle a expédié le peuple athénien au banc
et à la rame». (5) Voilà ce qu'il réalisa une fois qu'il eût maîtrisé Miltiade, son
contradicteur, ainsi que le relate Stésimbrote. A-t-il, ce faisant, dégradé ou non la
rigueur et la pureté des moeurs politiques, la question est à examiner plutôt d'un
point philosophique. Mais que le salut des Grecs, à l'époque, leur soit arrivé de la
mer, et que ces fameuses trières aient servi à redresser la cité athénienne, c'est Xerxès,
entre autres, qui en a témoigné. (6) Alors que la puissance de son infanterie
demeurait intacte, après la défaite de ses vaisseaux, Xerxès prit la fuite, ne s'estimant
plus à égalité, et il laissa derrière lui Mardonios pour faire obstacle à la poursuite des
Grecs, me semble-t-il, davantage que pour les asservir.
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