Texte grec :
[9] τῶν μέντοι περὶ Θερμοπύλας εἰς τὸ Ἀρτεμίσιον
ἀπαγγελλόντων πυθόμενοι Λεωνίδαν τε κεῖσθαι καὶ κρατεῖν
Ξέρξην τῶν κατὰ γῆν παρόδων, εἴσω τῆς Ἑλλάδος
ἀνεκομίζοντο, τῶν Ἀθηναίων ἐπὶ πᾶσι τεταγμένων δι' ἀρετὴν
καὶ μέγα τοῖς πεπραγμένοις φρονούντων. παραπλέων δὲ τὴν
χώραν ὁ Θεμιστοκλῆς, ᾗπερ κατάρσεις ἀναγκαίας καὶ
καταφυγὰς ἑώρα τοῖς πολεμίοις, ἐνεχάραττε κατὰ τῶν λίθων
ἐπιφανῆ γράμματα, (2) τοὺς μὲν εὑρίσκων ἀπὸ τύχης, τοὺς δ'
αὐτὸς ἱστὰς περὶ τὰ ναύλοχα καὶ τὰς ὑδρείας, ἐπισκήπτων Ἴωσι
διὰ τῶν γραμμάτων, εἰ μὲν οἷόν τε, μετατάξασθαι πρὸς αὐτοὺς
πατέρας ὄντας καὶ προκινδυνεύοντας ὑπὲρ τῆς ἐκείνων
ἐλευθερίας, εἰ δὲ μή, κακοῦν τὸ βαρβαρικὸν ἐν ταῖς μάχαις καὶ
συνταράττειν. ταῦτα δ' ἤλπιζεν ἢ μεταστήσειν τοὺς Ἴωνας ἢ
ταράξειν ὑποπτοτέρους τοῖς βαρβάροις γενομένους.
(3) Ξέρξου δὲ διὰ τῆς Δωρίδος ἄνωθεν ἐμβαλόντος εἰς τὴν
Φωκίδα καὶ τὰ τῶν Φωκέων ἄστη πυρπολοῦντος οὐ
προσήμυναν οἱ Ἕλληνες, καίπερ τῶν Ἀθηναίων δεομένων εἰς
τὴν Βοιωτίαν ἀπαντῆσαι πρὸ τῆς Ἀττικῆς, ὥσπερ αὐτοὶ κατὰ
θάλατταν ἐπ' Ἀρτεμίσιον ἐβοήθησαν. μηδενὸς δ' ὑπακούοντος
αὐτοῖς, ἀλλὰ τῆς Πελοποννήσου περιεχομένων καὶ πᾶσαν
ἐντὸς Ἰσθμοῦ τὴν δύναμιν ὡρμημένων συνάγειν, καὶ
διατειχιζόντων τὸν Ἰσθμὸν εἰς θάλατταν ἐκ θαλάττης, (4) ἅμα
μὲν ὀργὴ τῆς προδοσίας εἶχε τοὺς Ἀθηναίους, ἅμα δὲ δυσθυμία
καὶ κατήφεια μεμονωμένους. μάχεσθαι μὲν γὰρ οὐ διενοοῦντο
μυριάσι στρατοῦ τοσαύταις· ὃ δ' ἦν μόνον ἀναγκαῖον ἐν τῷ
παρόντι, τὴν πόλιν ἀφέντας ἐμφῦναι ταῖς ναυσίν, οἱ πολλοὶ
χαλεπῶς ἤκουον, ὡς μήτε νίκης δεόμενοι μήτε σωτηρίαν
ἐπιστάμενοι θεῶν τε ἱερὰ καὶ πατέρων ἠρία προϊεμένων.
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Traduction française :
[9] (1) On reçut par les messagers envoyés à l'Artémision des nouvelles des
Thermopyles: Léonidas est mort et Xerxès tient les passes terrestres. On se replie
alors vers l'intérieur de la Grèce, les Athéniens s'étant placés derrière tout le monde,
fort glorieux des hauts faits réalisés par leur valeur. (2) Thémistocle longe par mer la
région; là où il voyait des lieux de débarquement et de refuge propices pour
l'ennemi, il faisait graver des inscriptions bien visibles sur les pierres trouvées au
hasard ou encore dressées par ses soins aux mouillages et aux points d'eau. Dans ces
inscriptions, il adjurait les Ioniens de se ranger si possible aux côtés des Athéniens,
qui sont leurs ancêtres et s'exposent dangereusement pour les délivrer; sinon, qu'ils
maltraitent et désorganisent les barbares au cours des affrontements. Il espérait ainsi,
soit faire passer les Ioniens dans son camp, soit perturber les barbares devenus de
plus en plus soupçonneux. (3) De son côté, Xerxès descendait à travers la Doride en
direction de la Phocide; il brûle les villes des Phocidiens sans que les Grecs les
secourent, alors que pourtant les Athéniens demandent à ceux-ci de se porter à la
rencontre du Roi en Béotie afin de couvrir l'Attique, comme eux-mêmes les avaient
assistés sur mer à l'Artémision. (4) Personne ne les écoute. On veut se jeter dans le
Péloponnèse et s'y retrancher, rassembler toutes les forces à l'arrière de l'Isthme et y
construire un rempart transversal d'une mer à l'autre. La fureur devant cette
trahison, en même temps que le découragement et la honte, saisissent les Athéniens
ainsi abandonnés. (5) Aussi bien ne songeaient-ils pas à se battre contre tant de
milliers d'hommes; l'unique nécessité, présentement, était de se tenir fortement aux
vaisseaux en abandonnant la ville, ce que la plupart des gens trouvaient difficile à
admettre: ils estimaient n'avoir nul besoin de victoire et ne voulaient rien savoir d'un
salut, si l'on devait abandonner les sanctuaires des dieux et les monuments
ancestraux.
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