HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Solon

τῷ



Texte grec :

[7] ἄτοπος δὲ καὶ ἀγεννὴς ὁ τῷ φόβῳ τῆς ἀποβολῆς τὴν κτῆσιν ὧν χρὴ προϊέμενος· οὕτω γὰρ ἄν τις οὐ πλοῦτον, οὐ δόξαν, οὐ σοφίαν ἀγαπήσειε παραγενομένην, δεδιὼς στέρεσθαι. καὶ γὰρ ἀρετήν, ἧς κτῆμα μεῖζον οὐδὲν οὐδ' ἥδιον, ἐξισταμένην ὑπὸ νόσων καὶ φαρμάκων ὁρῶμεν· αὐτῷ τε Θαλῇ μὴ γήμαντι πλέον οὐδὲν εἰς ἀφοβίαν, εἰ μὴ καὶ φίλων κτῆσιν ἔφυγε καὶ οἰκείων καὶ πατρίδος. (2) ἀλλὰ καὶ παῖδα θετὸν ἔσχε ποιησάμενος αὐτὸς τὸν τῆς ἀδελφῆς, ὥς φασι, Κύβισθον. ἐχούσης γάρ τι τῆς ψυχῆς ἀγαπητικὸν ἐν ἑαυτῇ καὶ πεφυκυίας, ὥσπερ αἰσθάνεσθαι καὶ διανοεῖσθαι καὶ μνημονεύειν, οὕτω καὶ φιλεῖν, ἐνδύεταί τι τούτῳ καὶ προσφύεται τῶν ἐκτὸς οἷς οἰκεῖον οὐδέν ἐστιν, καὶ καθάπερ οἶκον ἢ χώραν γνησίων ἔρημον διαδόχων, τὸ φιλόστοργον ἀλλότριοι καὶ νόθοι παῖδες ἢ θεράποντες εἰσοικισάμενοι καὶ καταλαβόντες ἅμα τῷ φιλεῖν τὸ φροντίζειν καὶ δεδιέναι περὶ αὐτῶν ἐνεποίησαν. (3) ὥστ' ἴδοις ἂν ἀνθρώπους στερροτέρα τῇ φύσει περὶ γάμου καὶ γενέσεως παίδων διαλεγομένους, εἶτα τοὺς αὐτοὺς ἐπὶ παισὶν οἰκοτρίβων ἢ θρέμμασι παλλακῶν νοσοῦσι καὶ θνήσκουσι παρατεινομένους πόθῳ καὶ φωνὰς ἀγεννεῖς ἀφιέντας. ἔνιοι δὲ καὶ κυνῶν θανάτῳ καὶ ἵππων αἰσχρῶς καὶ ἀβιώτως ὑπὸ λύπης διετέθησαν. ἀλλ' ἕτεροί γε παῖδας ἀγαθοὺς ἀποβαλόντες οὐδὲν ἔπαθον δεινὸν οὐδ' ἐποίησαν αἰσχρόν, ἀλλὰ καὶ χρώμενοι τῷ λοιπῷ βίῳ κατὰ λόγον διετέλεσαν. (4) ἀσθένεια γάρ, οὐκ εὔνοια, λύπας ἀπεράντους ἐπάγεται καὶ φόβους ἀνθρώποις ἀνασκήτοις ὑπὸ λόγου πρὸς τύχην, οἷς οὐδ' ἀπόλαυσις ἐγγίνεται τοῦ ποθουμένου παρόντος, τοῦ μέλλοντος ὠδῖνας ἀεὶ καὶ τρόμους καὶ ἀγῶνας, εἰ στερήσονται, παρέχοντος αὐτοῖς. δεῖ δὲ μήτε πενίᾳ πρὸς χρημάτων πεφράχθαι στέρησιν μήτε ἀφιλίᾳ πρὸς φίλων ἀποβολὴν μήτ' ἀπαιδίᾳ πρὸς τέκνων θάνατον, ἀλλὰ τῷ λογισμῷ πρὸς πάντα. καὶ ταῦτα μέν, ὡς ἐν τῷ παρόντι, πλείονα τῶν ἱκανῶν.

Traduction française :

[7] VIII. Cependant c'est manquer de sens et de courage que de renoncer à acquérir des choses nécessaires, par la crainte de les perdre. A ce compte, il ne faudrait aimer ni la richesse, ni la gloire, ni la sagesse, quand on les possède, de peur d'en être privé. La vertu même, le plus grand et le plus agréable des biens, se perd souvent par l'effet de quelques maladies ou de certains breuvages. Thalès lui-même, en ne se mariant point, n'était pas à l'abri de toute crainte, à moins qu'il ne renonçât aussi à ses parents, à ses amis et à sa patrie. Mais au contraire il avait adopté Cybistus, le fils de sa soeur. En effet, notre âme ayant en soi des semences naturelles d'affection, et n'étant pas moins faite pour aimer que pour sentir, pour penser et se souvenir, elle remplace les objets naturels d'attachement qui lui manquent, par ceux qu'elle va chercher au dehors : semblable alors à une maison ou à une terre qui n'a point d'héritiers légitimes, elle donne entrée dans son amour à des étrangers, et pour ainsi dire à des bâtards, qui s'insinuent auprès d'elle par leurs caresses, se mettent en possession du coeur; et une fois qu'ils y sont établis, font naître, avec l'attachement qu'ils inspirent, le désir de les conserver et la crainte de les perdre. On voit tous les jours des hommes parler avec la plus grande insensibilité du mariage et des enfants; et cependant, s'ils viennent à perdre ceux qu'ils ont eus de leurs esclaves ou de leurs concubines, ou seulement s'ils les voient malades, ils se consument en regrets, et s'abandonnent à des plaintes qui décèlent leur pusillanimité. Il en est même pour qui la perte de leurs chevaux ou de leurs chiens est, à leur honte, un sujet d'affliction presque mortelle; tandis que d'autres, après avoir perdu des enfants vertueux, se sont abstenus de montrer un lâche et honteux abattement, et ont passé le reste de leur vie dans une sage modération. Car c'est la faiblesse et non pas l'affection qui cause ces regrets, ces craintes excessives, à des hommes que la raison n'a pas prémunis contre les coups de la fortune; qui ne savent pas jouir du présent, et que l'avenir jette dans des douleurs, des agitations et des angoisses continuelles, par la crainte qu'ils ont de se voir privés un jour de ce qu'ils espèrent. Il ne faut donc recourir ni à la pauvreté, ni à l'indifférence, ni au célibat, afin de n'avoir pas à redouter la perte de sa fortune, de ses amis ou de ses enfants; c'est dans sa raison seule qu'il faut puiser des forces contre de tels accidents. Mais ce que j'ai dit sur cette matière m'a peut-être trop écarté du sujet qui m'occupe.





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Dernière mise à jour : 30/08/2007