HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Solon

πόλεως



Texte grec :

[14] ἐνταῦθα δὴ τῶν Ἀθηναίων οἱ φρονιμώτατοι συνορῶντες τὸν Σόλωνα μόνον μάλιστα τῶν ἁμαρτημάτων ἐκτὸς ὄντα, καὶ μήτε τοῖς πλουσίοις κοινωνοῦντα τῆς ἀδικίας μήτε ταῖς τῶν πενήτων ἀνάγκαις ἐνεχόμενον, ἐδέοντο τοῖς κοινοῖς προσελθεῖν καὶ καταπαῦσαι τὰς διαφοράς. καίτοι Φανίας ὁ Λέσβιος αὐτὸν ἱστορεῖ τὸν Σόλωνα, χρησάμενον ἀπάτῃ πρὸς ἀμφοτέρους ἐπὶ σωτηρίᾳ τῆς πόλεως, ὑποσχέσθαι κρύφα τοῖς μὲν ἀπόροις τὴν νέμησιν, τοῖς δὲ χρηματικοῖς βεβαίωσιν τῶν συμβολαίων. (2) ἀλλ' αὐτὸς ὁ Σόλων ὀκνῶν φησι τὸ πρῶτον ἅψασθαι τῆς πολιτείας, καὶ δεδοικὼς τῶν μὲν τὴν φιλοχρηματίαν, τῶν δὲ τὴν ὑπερηφανίαν. ᾑρέθη δὲ ἄρχων μετὰ Φιλόμβροτον ὁμοῦ καὶ διαλλακτὴς καὶ νομοθέτης, δεξαμένων προθύμως αὐτὸν ὡς μὲν εὔπορον τῶν πλουσίων, ὡς δὲ χρηστὸν τῶν πενήτων. λέγεται δὲ καὶ φωνή τις αὐτοῦ περιφερομένη πρότερον, εἰπόντος ὡς τὸ ἴσον πόλεμον οὐ ποιεῖ, καὶ τοῖς κτηματικοῖς ἀρέσκειν καὶ τοῖς ἀκτήμοσι, τῶν μὲν ἀξίᾳ καὶ ἀρετῇ, τῶν δὲ μέτρῳ καὶ ἀριθμῷ (3) τὸ ἴσον ἕξειν προσδοκώντων· ὅθεν ἐπ' ἐλπίδος μεγάλης ἑκατέρων γενομένων οἱ προϊστάμενοι προσέκειντο τῷ Σόλωνι τυραννίδα προξενοῦντες καὶ ἀναπείθοντες εὐτολμότερον ἅψασθαι τῆς πόλεως ἐγκρατῆ γενόμενον. πολλοὶ δὲ καὶ τῶν διὰ μέσου πολιτῶν, τὴν ὑπὸ λόγου καὶ νόμου μεταβολὴν ὁρῶντες ἐργώδη καὶ χαλεπὴν οὖσαν, οὐκ ἔφευγον ἕνα τὸν δικαιότατον καὶ φρονιμώτατον ἐπιστῆσαι τοῖς πράγμασιν. (4) ἔνιοι δέ φασι καὶ μαντείαν γενέσθαι τῷ Σόλωνι Πυθοῖ τοιαύτην· ἧσο μέσην κατὰ νῆα κυβερνητήριον ἔργον εὐθύνων· πολλοί τοι Ἀθηναίων ἐπίκουροι. μάλιστα δὲ οἱ συνήθεις ἐκάκιζον εἰ διὰ τοὔνομα δυσωπεῖται τὴν μοναρχίαν, ὥσπερ οὐκ ἀρετῇ τοῦ λαβόντος εὐθὺς ἂν βασιλείαν γενομένην, καὶ γεγενημένην πρότερον μὲν Εὐβοεῦσι Τυννώνδαν, νῦν δὲ Μιτυληναίοις Πιττακὸν ᾑρημένοις τύραννον. (5) τούτων οὐδὲν ἐξέκρουσε τὸν Σόλωνα τῆς αὑτοῦ προαιρέσεως, ἀλλὰ πρὸς μὲν τοὺς φίλους εἶπεν, ὡς λέγεται, καλὸν μὲν εἶναι τὴν τυραννίδα χωρίον, οὐκ ἔχειν δὲ ἀπόβασιν, πρὸς δὲ Φῶκον ἐν τοῖς ποιήμασι γράφων· εἰ δὲ γῆς (φησίν) ἐφεισάμην πατρίδος, τυραννίδος δὲ καὶ βίης ἀμειλίχου οὐ καθηψάμην μιάνας καὶ καταισχύνας κλέος, οὐδὲν αἰδεῦμαι· πλέον γὰρ ὧδε νικήσειν δοκέω πάντας ἀνθρώπους. ὅθεν εὔδηλον ὅτι καὶ πρὸ τῆς νομοθεσίας μεγάλην δόξαν εἶχεν. (6) ἃ δὲ φυγόντος αὐτοῦ τὴν τυραννίδα πολλοὶ καταγελῶντες ἔλεγον, γέγραφεν οὕτως· οὐκ ἔφυ Σόλων βαθύφρων οὐδὲ βουλήεις ἀνήρ· ἐσθλὰ γὰρ θεοῦ διδόντος αὐτὸς οὐκ ἐδέξατο. περιβαλὼν δ' ἄγραν ἀγασθεὶς οὐκ ἐπέσπασεν μέγα δίκτυον, θυμοῦ θ' ἁμαρτῇ καὶ φρενῶν ἀποσφαλείς. ἤθελον γάρ κεν κρατήσας, πλοῦτον ἄφθονον λαβὼν καὶ τυραννεύσας Ἀθηνῶν μοῦνον ἡμέραν μίαν, ἀσκὸς ὕστερον δεδάρθαι κἀπιτετρῖφθαι γένος.

Traduction française :

[14] XVII. Dans cette fâcheuse conjoncture, les plus sages des Athéniens eurent recours à Solon, comme le seul qui ne fût suspect à aucun des partis, parce qu'il n'avait ni partagé l'injustice des riches, ni approuvé le soulèvement des pauvres : ils le prièrent de prendre en main les affaires, et de mettre fin à ces divisions. Phanias de Lesbos prétend que Solon, pour sauver la ville, trompa également les deux factions; qu'il promit secrètement aux pauvres le partage des terres, et aux riches la confirmation de leurs créances. Il ajoute cependant que Solon balança longtemps s'il prendrait une administration si difficile, où il avait à craindre et l'avarice des uns et l'insolence des autres. Enfin il fut élu archonte après Philombrotus, et chargé en même temps de faire des lois de pacification. Ce choix fut agréable à tous les partis : aux riches, parce que Solon l'était lui-même; aux pauvres, parce qu'ils le connaissaient pour homme de bien. Il courut même alors ce mot de lui, que l'égalité ne produit pas la guerre; mot qui plut et aux riches et aux pauvres : les premiers espéraient compenser cette égalité par leurs dignités et leur vertu, les autres l'attendaient de leur nombre et de la mesure des terres qui leur seraient distribuées. Les deux partis ayant donc conçu les plus grandes espérances, leurs chefs sollicitaient Solon de se faire roi, et de prendre le gouvernement d'une ville où il avait déjà tout le pouvoir. La plupart même de ceux qui tenaient le milieu entre les deux partis n'espérant pas de la raison et des lois un changement favorable, n'étaient pas éloignés de remettre toute l'autorité entre les mains de l'homme le plus juste et le plus sage. On dit même qu'il reçut de Delphes l'oracle suivant : "A la poupe placé, le gouvernail en mains, De ce vaisseau flottant assure le destin : Tous les Athéniens te seront favorables". XVIII. Ses amis surtout lui reprochaient de n'oser s'élever à la monarchie, parce qu'il en craignait le nom; comme si la vertu de celui qui s'était emparé de la tyrannie n'en faisait pas une royauté légitime. N'en a-t-on pas vu, lui disaient-ils, un exemple en Eubée, dans la personne de Tinnondas ? et ne le voyons-nous pas encore aujourd'hui à Mitylène, où l'on a investi Pittacus du pouvoir suprême ? Mais Solon ne put être ébranlé par toutes ces raisons; il répondit à ses amis que la tyrannie était un beau pays, mais qu'il n'avait point d'issue. Dans ses poésies, il dit sur ce sujet à Phocus : "Si je n'ai point voulu, tyran de ma patrie, En usurpant ses droits, voir ma gloire flétrie, Je ne m'en repens point : par ce noble refus, J'ai de tous les mortels surpassé les vertus". Cela prouve qu'avant même d'avoir publié ses lois, il jouissait d'une grande considération. Au reste, il rapporte lui-même, dans ses poésies, les railleries qu'on faisait de lui pour avoir refusé la puissance souveraine : "Que Solon a manqué d'esprit et de prudence! Les dieux lui présentaient la suprême grandeur; De la plus belle proie il avait l'assurance : Pour tirer le filet, il a manqué de coeur. Il n'en faut plus douter, sa folie est extrême; Maltre de posséder les plus riches trésors, N'eût-il dû qu'un seul jour portant le diadème, Être écorché tout vif, voir tous ses parents morts, Et pour toujours enfin sa race exterminée, Devait-il rejeter sa haute destinée" ?





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Dernière mise à jour : 30/08/2007