HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Sertorius

Chapitre 1

  Chapitre 1

[0] ΣΕΡΤΩΡΙΟΣ. [0] SERTORIUS.
[1] Θαυμαστὸν μὲν ἴσως οὐκ ἔστιν, ἐν ἀπείρῳ τῷ χρόνῳ τῆς τύχης ἄλλοτ´ ἄλλως ῥεούσης, ἐπὶ ταὐτὰ συμπτώματα πολλάκις καταφέρεσθαι τὸ αὐτόματον. εἴτε γὰρ οὐκ ἔστι τῶν ὑποκειμένων ὡρισμένον τὸ πλῆθος, ἄφθονον ἔχει τῆς τῶν ἀποτελουμένων ὁμοιότητος χορηγὸν τύχη τὴν τῆς ὕλης ἀπειρίαν· εἴτ´ ἔκ τινων ὡρισμένων ἀριθμῷ συμπλέκεται τὰ πράγματα, πολλάκις ἀνάγκη ταὐτὰ γίνεσθαι, διὰ τῶν αὐτῶν περαινόμενα. ἐπεὶ δ´ ἀγαπῶντες ἔνιοι τὰ τοιαῦτα συνάγουσιν ἱστορίᾳ καὶ ἀκοῇ τῶν κατὰ τύχην γεγονότων ὅσα λογισμοῦ καὶ προνοίας ἔργοις ἔοικεν - οἷον ὅτι δυεῖν Ἄττεων γενομένων ἐμφανῶν, τοῦ μὲν Σύρου, τοῦ δ´ Ἀρκάδος, ἑκάτερος ὑπὸ συὸς ἀπώλετο, δυεῖν δ´ Ἀκταιώνων μὲν ὑπὸ τῶν κυνῶν, δ´ ὑπὸ τῶν ἐραστῶν διεσπάσθη· δυεῖν δὲ Σκιπιώνων ὑφ´ οὗ μὲν ἐνικήθησαν Καρχηδόνιοι πρότερον, ὑφ´ οὗ δ´ ὕστερον ἄρδην ἀνῃρέθησαν· ἑάλω δὲ τὸ Ἴλιον ὑφ´ Ἡρακλέους διὰ τὰς Λαομέδοντος ἵππους, καὶ ὑπ´ Ἀγαμέμνονος διὰ τοῦ δουρείου προσαγορευθέντος ἵππου, τρίτον δ´ ὑπὸ Χαριδήμου, ταῖς πύλαις ἵππου τινὸς ἐμπεσόντος ἀποκλεῖσαι ταχὺ τῶν Ἰλιέων μὴ δυνηθέντων· δυεῖν δ´ ὁμωνύμων τοῖς εὐωδεστάτοις φυτοῖς πόλεων, Ἴου καὶ Σμύρνης, τὸν ποιητὴν Ὅμηρον ἐν μὲν γενέσθαι λέγουσιν, ἐν δ´ ἀποθανεῖν - , φέρε καὶ τοῦτο προσθῶμεν αὐτοῖς, ὅτι καὶ τῶν στρατηγῶν οἱ πολεμικώτατοι καὶ πλεῖστα δόλῳ κατεργασάμενοι μετὰ δεινότητος ἑτερόφθαλμοι γεγόνασι· Φίλιππος, Ἀντίγονος, Ἀννίβας, καὶ περὶ οὗ τόδε τὸ σύγγραμμα, Σερτώριος· ὃν Φιλίππου μὲν ἄν τις ἀποφαίνοιτο σωφρονέστερον περὶ {τὰς} γυναῖκας, Ἀντιγόνου δὲ πιστότερον περὶ φίλους, Ἀννίβου δ´ ἡμερώτερον πρὸς πολεμίους, λειπόμενον δὲ συνέσει μὲν οὐδενὸς τούτων, τύχῃ δὲ πάντων· πολὺ τῶν ἐμφανῶν πολεμίων χαλεπωτέρᾳ περὶ πάντα χρησάμενος, ἐπανίσωσεν ἑαυτὸν ἐμπειρίᾳ μὲν τῇ Μετέλλου, τόλμῃ δὲ τῇ Πομπηΐου, τύχῃ δὲ τῇ Σύλλα, δυνάμει δὲ τῇ Ῥωμαίων φυγὰς καὶ βαρβάρων ἔπηλυς ἄρχων ἀντιταξάμενος. Τούτῳ δὴ μάλιστα τῶν Ἑλλήνων τὸν Καρδιανὸν ὁμοιοῦμεν Εὐμενῆ· ἀμφότεροι γὰρ ἀρχικοὶ καὶ σὺν δόλῳ πολεμικοί, καὶ τῆς μὲν αὑτῶν ἀποξενωθέντες, ἡγησάμενοι δ´ ἀλλοδαπῶν, τύχῃ δὲ χρησάμενοι βιαίῳ καὶ ἀδίκῳ περὶ τὴν τελευτήν· ἐπιβουλευθέντες γὰρ ἀμφότεροι, μεθ´ ὧν τοὺς πολεμίους ἐνίκων, ὑπὸ τούτων ἀνῃρέθησαν. [1] Il ne faut pas s'étonner sans doute que, parmi ces vicissitudes continuelles que la fortune présente dans une suite infinie de siècles, le hasard amène souvent des accidents semblables. Ou le nombre des événements qui doivent avoir lieu n'est pas fixé, et alors la fortune a, dans une matière prodigieusement féconde, une source intarissable d'effets qui se ressemblent; ou ce nombre est déterminé, et, dans cette supposition, ces effets doivent se répéter souvent, puisqu'ils sont amenés par les mêmes causes. Il est des personnes qui aiment à recueillir ce qu'elles ont vu ou entendu dire de ces aventures pareilles qui, produites par la fortune, semblent par leur conformité être l'ouvrage de la raison et de la prévoyance. Ainsi l'on raconte que les deux Attis, personnages d'une naissance illustre, l'un né en Syrie et l'autre en Arcadie, furent tués tous deux par un sanglier, que des deux Actéons, l'un fut déchiré par ses chiens, et l'autre par des hommes dont il était aimé ; des deux Scipions, le premier vainquit les Carthaginois, et le second les détruisit pour toujours ; Ilium fut pris une première fois par Hercule, pour punir Laomédon du refus qu'il faisait de lui donner des chevaux qu'il lui avait promis ; la seconde fois par Agamemnon, à la faveur d'un cheval de bois ; et la troisième, par Charidème, lorsqu'un cheval s'étant abattu sous la porte de la ville, les Troyens n'eurent pas le temps de la fermer : enfin, de deux villes qui portent les noms de deux plantes odoriférantes, Ios et Smyrne, l'une, dit-on, fut le berceau d'Homère, et l'autre son tombeau. Ajoutons à tous ces exemples que les généraux les plus belliqueux, ceux qui, pour exécuter de grandes entreprises, ont employé la ruse autant que l'habileté, avaient tous perdu un oeil, tels que Philippe, Antigonus, Annibal et Sertorius, celui de qui nous écrivons la vie. Ce dernier, il est vrai, fut plus continent que Philippe, plus fidèle à ses amis qu'Antigonus, et plus humain qu'Annibal envers ses ennemis; il ne le cédait à aucun d'eux en prudence; mais il fut moins favorisé de la fortune, qui se montra toujours plus cruelle à son égard que ses ennemis les plus déclarés. Cependant il sut égaler Métellus par son expérience, Pompée par son audace, et Sylla lui-même par ses succès. Tout banni qu'il était et commandant à des barbares dans une terre étrangère, il tint tête à toute la puissance des Romains. Entre les capitaines grecs, je n'en vois point qu'on puisse mieux lui comparer qu'Eumène de Cardie; ils furent tous deux d'habiles généraux, et joignirent la ruse à la valeur. Bannis de leur patrie et chefs de troupes étrangères, ils éprouvèrent également les rigueurs de la fortune, dans la mort violente et injuste qu'ils reçurent l'un et l'autre des mains mêmes des compagnons de leurs victoires.


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Dernière mise à jour : 15/09/2006