Texte grec :
[39] θαυμαστὸς οὖν ὁ ἀνὴρ οὐ μόνον τῆς ἐπιεικείας καὶ πρᾳότητος, ἣν
ἐν πράγμασι πολλοῖς καὶ μεγάλαις ἀπεχθείαις διετήρησεν, ἀλλὰ καὶ τοῦ
φρονήματος, εἰ τῶν αὑτοῦ καλῶν ἡγεῖτο βέλτιστον εἶναι τὸ μήτε φθόνῳ
μήτε θυμῷ χαρίσασθαι μηδὲν ἀπὸ τηλικαύτης δυνάμεως, μηδὲ χρήσασθαί
τινι τῶν ἐχθρῶν ὡς ἀνηκέστῳ. (2) καί μοι δοκεῖ τὴν μειρακιώδη καὶ
σοβαρὰν ἐκείνην προσωνυμίαν ἓν τοῦτο ποιεῖν ἀνεπίφθονον καὶ
πρέπουσαν, οὕτως εὐμενὲς ἦθος καὶ βίον ἐν ἐξουσίᾳ καθαρὸν καὶ
ἀμίαντον Ὀλύμπιον προσαγορεύεσθαι, καθάπερ τὸ τῶν θεῶν γένος
ἀξιοῦμεν αἴτιον μὲν ἀγαθῶν, ἀναίτιον δὲ κακῶν πεφυκὸς ἄρχειν καὶ
βασιλεύειν τῶν ὄντων, οὐχ ὥσπερ οἱ ποιηταὶ συνταράττοντες ἡμᾶς
ἀμαθεστάταις δόξαις ἁλίσκονται τοῖς αὑτῶν μυθεύμασι, (3) τὸν μὲν
τόπον, ἐν ᾧ τοὺς θεοὺς κατοικεῖν λέγουσιν, ἀσφαλὲς ἕδος καὶ ἀσάλευτον
καλοῦντες, οὐ πνεύμασιν, οὐ νέφεσι χρώμενον, ἀλλ' αἴθρᾳ μαλακῇ καὶ
φωτὶ καθαρωτάτῳ τὸν ἅπαντα χρόνον ὁμαλῶς περιλαμπόμενον, ὡς
τοιαύτης τινὸς τῷ μακαρίῳ καὶ ἀθανάτῳ διαγωγῆς μάλιστα πρεπούσης,
αὐτοὺς δὲ τοὺς θεοὺς ταραχῆς καὶ δυσμενείας καὶ ὀργῆς ἄλλων τε
μεστοὺς παθῶν ἀποφαίνοντες οὐδ' ἀνθρώποις νοῦν ἔχουσι προσηκόντων.
ἀλλὰ ταῦτα μὲν ἴσως ἑτέρας δόξει πραγματείας εἶναι.
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Traduction française :
[39] XXXIX. Périclès mérite donc toute notre admiration, non seulement par la douceur et la
modération qu'il conserva toujours dans une multitude d'affaires si importantes et au milieu
de tant d'inimitiés, mais plus encore par cette élévation de sentiments qui lui faisait regarder
comme la plus belle de ses actions de n'avoir jamais, avec une puissance si absolue, rien
donné à l'envie ni au ressentiment, et de n'avoir été pour personne un implacable ennemi. Il
me semble que cette douceur de moeurs, cette vie qu'il maintint toujours pure dans l'exercice
de son autorité, suffisent seules pour ôter au surnom fastueux et arrogant d'Olympien ce qu'il
pouvait avoir d'odieux, et qu'elles nous montrent au contraire combien ce titre lui convenait :
car nous croyons que les dieux, étant par leur nature auteurs de tous les biens, sont incapables
de produire les maux ; c'est à ce double titre que nous les reconnaissons pour les rois et les
maîtres du monde. Mais nous n'adoptons pas à cet égard les idées des poètes, qui, par les
opinions extravagantes qu'ils nous en donnent dans leurs ouvrages, troublent les esprits, et
tombent en contradiction avec eux-mêmes. Ils nous peignent le séjour des dieux comme une
demeure ferme et inébranlable, qui n'est jamais ni agitée par les vents ni obscurcie par les
nuages, où règne toujours la plus douce sérénité, où brille la plus pure lumière : un tel séjour
est en effet le seul qui convienne à des êtres immortels et souverainement heureux ; et
cependant ils nous représentent les dieux eux-mêmes livrés à des agitations continuelles,
pleins de haine, de colère et de toutes les passions qui déshonoreraient des hommes
raisonnables et sensés. Mais ce serait là le sujet d'un autre ouvrage.
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