Texte grec :
[29] μετὰ ταῦτα κυμαίνοντος ἤδη τοῦ Πελοποννησιακοῦ πολέμου,
Κερκυραίοις πολεμουμένοις ὑπὸ Κορινθίων ἔπεισε τὸν δῆμον ἀποστεῖλαι
βοήθειαν καὶ προσλαβεῖν ἐρρωμένην ναυτικῇ δυνάμει νῆσον, ὡς ὅσον
οὐδέπω Πελοποννησίων ἐκπεπολεμωμένων πρὸς αὐτούς. (2)
ψηφισαμένου δὲ τοῦ δήμου τὴν βοήθειαν ἀπέστειλε δέκα ναῦς μόνας
ἔχοντα Λακεδαιμόνιον, τὸν Κίμωνος υἱόν, οἷον ἐφυβρίζων· πολλὴ γὰρ ἦν
εὔνοια καὶ φιλία τῷ Κίμωνος οἴκῳ πρὸς Λακεδαιμονίους. ὡς ἂν οὖν, εἰ
μηδὲν ἔργον μέγα μηδ' ἐκπρεπὲς ἐν τῇ στρατηγίᾳ τοῦ Λακεδαιμονίου
γένοιτο, προσδιαβληθείη μᾶλλον εἰς τὸν λακωνισμόν, ὀλίγας αὐτῷ ναῦς
ἔδωκε καὶ μὴ βουλόμενον ἐξέπεμψε. (3) καὶ ὅλως διετέλει κολούων ὡς
μηδὲ τοῖς ὀνόμασι γνησίους, ἀλλ' ὀθνείους καὶ ξένους, ὅτι τῶν Κίμωνος
υἱῶν τῷ μὲν ἦν Λακεδαιμόνιος ὄνομα, τῷ δὲ Θεσσαλός, τῷ δὲ Ἠλεῖος.
ἐδόκουν δὲ πάντες ἐκ γυναικὸς Ἀρκαδικῆς γεγονέναι. κακῶς οὖν ὁ
Περικλῆς ἀκούων διὰ τὰς δέκα ταύτας τριήρεις, ὡς μικρὰν μὲν βοήθειαν
τοῖς δεηθεῖσι, μεγάλην δὲ πρόφασιν τοῖς ἐγκαλοῦσι παρεσχηκώς, ἑτέρας
αὖθις ἔστειλε πλείονας εἰς τὴν Κέρκυραν, αἳ μετὰ τὴν μάχην ἀφίκοντο. (4)
χαλεπαίνουσι δὲ τοῖς Κορινθίοις καὶ κατηγοροῦσι τῶν Ἀθηναίων ἐν
Λακεδαίμονι προσεγένοντο Μεγαρεῖς, αἰτιώμενοι πάσης μὲν ἀγορᾶς,
πάντων δὲ λιμένων, ὧν Ἀθηναῖοι κρατοῦσιν, εἴργεσθαι καὶ ἀπελαύνεσθαι
παρὰ τὰ κοινὰ δίκαια καὶ τοὺς γεγενημένους ὅρκους τοῖς Ἕλλησιν·
Αἰγινῆται δὲ κακοῦσθαι δοκοῦντες καὶ βίαια πάσχειν ἐποτνιῶντο κρύφα
πρὸς τοὺς Λακεδαιμονίους, φανερῶς ἐγκαλεῖν τοῖς Ἀθηναίοις οὐ
θαρροῦντες. ἐν δὲ τούτῳ καὶ Ποτίδαια, πόλις ὑπήκοος Ἀθηναίων, ἄποικος
δὲ Κορινθίων, ἀποστᾶσα καὶ πολιορκουμένη μᾶλλον ἐπετάχυνε τὸν
πόλεμον. (5) οὐ μὴν ἀλλὰ πρεσβειῶν τε πεμπομένων Ἀθήναζε, καὶ τοῦ
βασιλέως τῶν Λακεδαιμονίων Ἀρχιδάμου τὰ πολλὰ τῶν ἐγκλημάτων εἰς
διαλύσεις ἄγοντος καὶ τοὺς συμμάχους πραΰνοντος, οὐκ ἂν δοκεῖ
συμπεσεῖν ὑπό γε τῶν ἄλλων αἰτιῶν ὁ πόλεμος τοῖς Ἀθηναίοις, εἰ τὸ
ψήφισμα καθελεῖν τὸ Μεγαρικὸν ἐπείσθησαν καὶ διαλλαγῆναι πρὸς
αὐτούς. διὸ καὶ μάλιστα πρὸς τοῦτο Περικλῆς ἐναντιωθείς, καὶ παροξύνας
τὸν δῆμον ἐμμεῖναι τῇ πρὸς τοὺς Μεγαρεῖς φιλονεικία, μόνος ἔσχε τοῦ
πολέμου τὴν αἰτίαν.
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Traduction française :
[29] XXIX. Quelque temps après, pressentant l'éruption prochaine de la guerre du
Péloponnèse, il persuada le peuple d'envoyer du secours aux habitants de Corcyre, que les
Corinthiens avaient attaqués, et de mettre dans leurs intérêts une île dont les forces maritimes
leur seraient si utiles dans l'invasion qui les menaçait du côté du Péloponnèse. Le peuple
ayant ordonné ce secours, Périclès n'y envoya que dix vaisseaux, sous la conduite de
Lacédémonios, fils de Cimon, sans doute dans l'intention de lui porter préjudice. Comme la
maison de Cimon avait de grandes liaisons avec les Lacédémoniens, il n'envoyait son fils
avec ces dix vaisseaux, et même malgré lui, qu'afin que, s'il ne faisait rien d'utile ou de
brillant dans cette expédition, il fût encore plus soupçonné de favoriser les Lacédémoniens.
Tant qu'il vécut, il s'opposa à l'agrandissement des fils de Cimon, sous prétexte qu'ils
n'étaient pas de vrais Athéniens, mais des étrangers issus d'une race mêlée ; leurs noms même
le prouvaient. L'un s'appelait Lacédémonios, l'autre Thessalos, le troisième Eléos ; et ils
passaient pour fils d'une Arcadienne. Mais Périclès fut fort blâmé de n'avoir envoyé que ces
dix galères, qui ne pouvaient seconder que bien faiblement, ceux qui en avaient besoin, en
même temps que ses ennemis ne manqueraient pas d'en tirer un prétexte de le calomnier. Il en
fit donc partir un plus grand nombre, qui n'arrivèrent à Corcyre qu'après le combat. Les
Corinthiens,irrités, portèrent leurs plaintes à Lacédémone ; ils furent soutenus par les
Mégariens, qui se plaignaient, de leur côté, que, contre le droit des gens, contre les serments
faits par tous les Grecs, les Athéniens leur fermaient l'entrée de leurs marchés et des ports qui
étaient sous leur obéissance. Les Éginètes, qui se voyaient opprimés et traités avec violence,
n'osèrent pas accuser ouvertement les Athéniens ; mais ils firent passer en secret leurs
plaintes à Lacédémone.
Dans ce même temps, la ville de Potidée, qui était soumise à Athènes, quoique colonie de
Corinthe, s'étant révoltée, les Athéniens allèrent l'assiéger, et cette démarche accéléra la
guerre. Archidamos, roi de Sparte, fit tous ses efforts pour pacifier la plupart de ces différents
et adoucir les esprits des alliés ; il est même probable que les Athéniens ne se seraient pas
attiré la guerre pour les autres griefs qu'on avait contre eux, si on avait pu les amener à
révoquer leur décret contre les Mégariens, et à faire la paix avec ce peuple. Périclès, qui s'y
opposa de toutes ses forces, et qui excita le peuple à persévérer dans sa haine contre Mégare,
fut regardé comme le seul auteur de cette guerre.
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