Texte grec :
[20] εἰς δὲ τὸν Πόντον εἰσπλεύσας στόλῳ μεγάλῳ καὶ κεκοσμημένῳ
λαμπρῶς ταῖς μὲν Ἑλληνίσι πόλεσιν ὧν ἐδέοντο διεπράξατο καὶ
προσηνέχθη φιλανθρώπως, τοῖς δὲ περιοικοῦσι βαρβάροις ἔθνεσι καὶ
βασιλεῦσιν αὐτῶν καὶ δυνάσταις ἐπεδείξατο μὲν τῆς δυνάμεως τὸ
μέγεθος καὶ τὴν ἄδειαν καὶ τὸ θάρσος ᾗ βούλοιντο πλεόντων καὶ πᾶσαν
ὑφ' αὑτοῖς πεποιημένων τὴν θάλασσαν, Σινωπεῦσι δὲ τρισκαίδεκα ναῦς
ἀπέλιπε μετὰ Λαμάχου καὶ στρατιώτας ἐπὶ Τιμησίεων τύραννον. (2)
ἐκπεσόντος δὲ τούτου καὶ τῶν ἑταίρων ἐψηφίσατο πλεῖν εἰς Σινώπην
Ἀθηναίων ἐθελοντὰς ἑξακοσίους καὶ συγκατοικεῖν Σινωπεῦσι,
νειμαμένους οἰκίας καὶ χώραν ἣν πρότερον οἱ τύραννοι κατεῖχον. τἆλλα δ'
οὐ συνεχώρει ταῖς ὁρμαῖς τῶν πολιτῶν, οὐδὲ συνεξέπιπτεν ὑπὸ ῥώμης καὶ
τύχης τοσαύτης ἐπαιρομένων Αἰγύπτου τε πάλιν ἀντιλαμβάνεσθαι καὶ
κινεῖν τῆς βασιλέως ἀρχῆς τὰ πρὸς θαλάσσῃ. (3) πολλοὺς δὲ καὶ Σικελίας
ὁ δύσερως ἐκεῖνος ἤδη καὶ δύσποτμος ἔρως εἶχεν, ὃν ὕστερον ἐξέκαυσαν
οἱ περὶ τὸν Ἀλκιβιάδην ῥήτορες. ἦν δὲ καὶ Τυρρηνία καὶ Καρχηδὼν ἐνίοις
ὄνειρος οὐκ ἀπ' ἐλπίδος διὰ τὸ μέγεθος τῆς ὑποκειμένης ἡγεμονίας καὶ
τὴν εὔροιαν τῶν πραγμάτων.
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Traduction française :
[20] XX. Depuis il fit voile vers le Pont avec une flotte nombreuse et magnifiquement équipée. Il
accorda aux villes grecques de ce pays tout ce qu'elles lui demandèrent, et les traita avec
beaucoup d'humanité ; en même temps il déploya aux yeux des nations barbares qui les
environnaient, en présence de leurs rois et de leurs princes, la puissance imposante des
Athéniens, et leur fit voir que, maîtres de la mer, ils naviguaient partout avec la plus grande
confiance et une entière sûreté. Il laissa aux Sinopiens treize galères commandées par
Lamachos, et des troupes pour les défendre contre le tyran Timésiléon, qui fut bientôt
chassé de Sinope avec tous ceux de son parti. Périclès fit publier un décret qui permettait à six
cents Athéniens d'aller, s'ils le voulaient, s'établir dans cette ville, et de partager entre eux les
maisons et les terres que les tyrans y avaient possédées.
Mais il avait soin d'ailleurs de réfréner les folles prétentions des Athéniens, et ne se prêtait
pas aux projets téméraires que le sentiment de leurs forces et leurs succès passés leur faisaient
concevoir. Ils voulaient aller reconquérir l'Egypte, attaquer les provinces maritimes du roi de
Perse. Déjà même commençait à s'allumer dans le coeur de la plupart d'entre eux ce fatal
et malheureux désir de subjuguer la Sicile, que les orateurs du parti d'Alcibiade enflammèrent
depuis avec tant de violence. Quelques uns rêvaient la conquête de l'Etrurie et de
Carthage ; et ces projets n'étaient pas sans quelque espoir de succès, fondé sur la grandeur de
leur empire et sur le cours de leurs prospérités.
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