HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Périclès

τὸν



Texte grec :

[16] καίτοι τὴν δύναμιν αὐτοῦ σαφῶς μὲν ὁ Θουκυδίδης διηγεῖται, κακοήθως δὲ παρεμφαίνουσιν οἱ κωμικοί, Πεισιστρατίδας μὲν νέους τοὺς περὶ αὐτὸν ἑταίρους καλοῦντες, αὐτὸν δ' ἀπομόσαι μὴ τυραννήσειν κελεύοντες, ὡς ἀσυμμέτρου πρὸς δημοκρατίαν καὶ βαρυτέρας περὶ αὐτὸν οὔσης ὑπεροχῆς· (2) ὁ δὲ Τηλεκλείδης παραδεδωκέναι φησὶν αὐτῷ τοὺς Ἀθηναίους πόλεών τε φόρους αὐτάς τε πόλεις, τὰς μὲν δεῖν, τὰς δ' ἀναλύειν, λάινα τείχη, τὰ μὲν οἰκοδομεῖν, τὰ δ' ἔπειτα πάλιν καταβάλλειν, σπονδάς, δύναμιν, κράτος, εἰρήνην, πλοῦτόν τ' εὐδαιμονίαν τε. καὶ ταῦτα καιρὸς οὐκ ἦν οὐδ' ἀκμὴ καὶ χάρις ἀνθούσης ἐφ' ὥρᾳ πολιτείας, ἀλλὰ τεσσαράκοντα μὲν ἔτη πρωτεύων ἐν Ἐφιάλταις καὶ Λεωκράταις καὶ Μυρωνίδαις καὶ Κίμωσι καὶ Τολμίδαις καὶ Θουκυδίδαις, (3) μετὰ δὲ τὴν Θουκυδίδου κατάλυσιν καὶ τὸν ὀστρακισμὸν οὐκ ἐλάττω τῶν πεντεκαίδεκα ἐτῶν διηνεκῆ καὶ μίαν οὖσαν ἐν ταῖς ἐνιαυσίοις στρατηγίαις ἀρχὴν καὶ δυναστείαν κτησάμενος, ἐφύλαξεν ἑαυτὸν ἀνάλωτον ὑπὸ χρημάτων, καίπερ οὐ παντάπασιν ἀργῶς ἔχων πρὸς χρηματισμόν, ἀλλὰ τὸν πατρῷον καὶ δίκαιον πλοῦτον, ὡς μήτ' ἀμελούμενος ἐκφύγοι μήτε πολλὰ πράγματα καὶ διατριβὰς ἀσχολουμένῳ παρέχοι, συνέταξεν εἰς οἰκονομίαν ἣν ᾤετο ῥᾴστην καὶ ἀκριβεστάτην εἶναι. (4) τοὺς γὰρ ἐπετείους καρποὺς ἃπαντας ἀθρόους ἐπίπρασκεν, εἶτα τῶν ἀναγκαίων ἕκαστον ἐξ ἀγορᾶς ὠνούμενος διῴκει τὸν βίον καὶ τὰ περὶ τὴν δίαιταν. ὅθεν οὐχ ἡδὺς ἦν ἐνηλίκοις παισὶν οὐδὲ γυναιξὶ δαψιλὴς χορηγός, ἀλλ' ἐμέμφοντο τὴν ἐφήμερον ταύτην καὶ συνηγμένην εἰς τὸ ἀκριβέστατον δαπάνην, οὐδενός, οἷον ἐν οἰκίᾳ μεγάλῃ καὶ πράγμασιν ἀφθόνοις, περιρρέοντος, ἀλλὰ παντὸς μὲν ἀναλώματος, παντὸς δὲ λήμματος δι' ἀριθμοῦ καὶ μέτρου βαδίζοντος. (5) ὁ δὲ πᾶσαν αὐτοῦ τὴν τοιαύτην συνέχων ἀκρίβειαν εἷς ἦν οἰκέτης, Εὐάγγελος, ὡς ἕτερος οὐδεὶς εὖ πεφυκὼς ἢ κατεσκευασμένος ὑπὸ τοῦ Περικλέους πρὸς οἰκονομίαν. ἀπᾴδοντα μὲν οὖν ταῦτα τῆς Ἀναξαγόρου σοφίας, εἴγε καὶ τὴν οἰκίαν ἐκεῖνος ἐξέλιπε καὶ τὴν χώραν ἀφῆκεν ἀργὴν καὶ μηλόβοτον ὑπ' ἐνθουσιασμοῦ καὶ μεγαλοφροσύνης, (6) οὐ ταὐτὸν δ' ἐστίν, οἶμαι, θεωρητικοῦ φιλοσόφου καὶ πολιτικοῦ βίος, ἀλλ' ὁ μὲν ἀνόργανον καὶ ἀπροσδεῆ τῆς ἐκτὸς ὕλης ἐπὶ τοῖς καλοῖς κινεῖ τὴν διάνοιαν, τῷ δ' εἰς ἀνθρωπείας χρείας ἀναμιγνύντι τὴν ἀρετὴν ἔστιν οὗ γένοιτ' ἂν οὐ τῶν ἀναγκαίων μόνον, ἀλλὰ καὶ τῶν καλῶν ὁ πλοῦτος, ὥσπερ ἦν καὶ Περικλεῖ βοηθοῦντι πολλοῖς τῶν πενήτων. (7) καὶ μέντοι γε τὸν Ἀναξαγόραν αὐτὸν λέγουσιν ἀσχολουμένου Περικλέους ἀμελούμενον κεῖσθαι συγκεκαλυμμένον ἤδη γηραιὸν ἀποκαρτεροῦντα· προσπεσόντος δὲ τῷ Περικλεῖ τοῦ πράγματος ἐκπλαγέντα θεῖν εὐθὺς ἐπὶ τὸν ἄνδρα καὶ δεῖσθαι πᾶσαν δέησιν, ὀλοφυρόμενον οὐκ ἐκεῖνον, ἀλλ' ἑαυτόν, εἰ τοιοῦτον ἀπολεῖ τῆς πολιτείας σύμβουλον. ἐκκαλυψάμενον οὖν τὸν Ἀναξαγόραν εἰπεῖν πρὸς αὐτόν· “ὦ Περίκλεις, καὶ οἱ τοῦ λύχνου χρείαν ἔχοντες ἔλαιον ἐπιχέουσιν.”

Traduction française :

[16] XVI. Au reste, il avait acquis cette grande autorité non seulement par son éloquence, mais encore, selon Thucydide, par l'opinion que sa bonne conduite donnait de lui, par la confiance qu'inspiraient son désintéressement et son mépris pour les richesses. Il porta si loin ces deux vertus, qu'après avoir prodigieusement accru la grandeur et l'opulence dont Athènes jouissait avant lui, après avoir surpassé en puissance plusieurs rois et plusieurs tyrans, de ceux même qui transmirent à leurs enfants la possession de leurs états, il n'augmenta pas d'une drachme le bien qu'il avait hérité de son père. Thucydide nous a donné une idée juste de sa puissance ; mais les poètes comiques ont chargé malicieusement le tableau : en appelant ses amis nouveaux Pisistratides, ils demandent qu'on lui fasse jurer qu'il n'aspire pas à la tyrannie, pour faire entendre que son excessive autorité était incompatible avec un gouvernement populaire. Téléclidès, par exemple, dit que les Athéniens lui avaient abandonné Les villes de l'Attique et toutes leurs richesses ; Qu'il pouvait à son gré lier et délier ; Détruire, relever les murs, les forteresses ; Faire la paix, la guerre ; aux peuples s'allier ; Et disposant de tout avec pleine puissance, Jouir de leur grandeur et de leur opulence. Et ce ne fut pas une autorité passagère, un crédit de quelques instants, une faveur populaire qui n'eût eu que l'éclat et la durée d'une fleur : elle se soutint durant quarante ans au milieu des Éphialtès, des Léocrates, des Myronides, des Cimon, des Tolmidas et des Thucydide. Après la chute et le bannissement de ce dernier, il ne conserva pas moins de quinze ans la supériorité sur tous les autres orateurs ; et quoiqu'il eût rendu perpétuel et absolu un pouvoir qui jusqu'à lui n'avait été qu'annuel, il se montra toujours inaccessible à l'amour des richesses. Ce n'est pas qu'il négligeât ses propres affaires ; mais, pour éviter ou que, faute de soin, le bien que ses pères lui avaient laissé et qu'il possédait si légitimement ne vînt à dépérir, ou qu'en y donnant trop d'attention, il ne se détournât d'occupations plus importantes, il avait adopté le plan d'administration qui lui avait paru le plus exact et le plus facile. Il faisait vendre tous les ans, et à la fois, les produits de ses terres ; et chaque jour il envoyait acheter au marché ce qu'il fallait pour l'entretien de sa maison. Ses fils, parvenus à un âge fait, ne goûtèrent pas cette économie ; elle déplut encore davantage à leurs femmes, qui ne se trouvaient pas assez bien entretenues, et qui blâmaient cette dépense, calculée jour par jour avec une telle exactitude, qu'on ne voyait chez lui aucune trace de cette abondance qui règne ordinairement dans les maisons opulentes : la recette et la dépense allaient toujours d'un pas égal, par règle et par mesure. Celui qui conduisait si bien ses affaires intérieures était un domestique nommé Evangelus, homme d'une intelligence rare, soit qu'elle lui fût naturelle, soit que Périclès l'eût formé lui-même à l'économie. Au reste, cette manière de vivre était encore bien loin de la sagesse d'Anaxagore, à qui sa grandeur d'âme, ou plutôt un enthousiasme divin, avait fait quitter sa maison, et abandonner aux troupeaux ses terres incultes. Il est vrai, ce me semble, qu'il faut mettre une grande différence entre la vie d'un philosophe spéculatif et celle d'un homme d'état. Le premier, n'appliquant son esprit qu'à la contemplation des choses honnêtes, peut se passer de tout instrument extérieur qui le seconde ; l'autre, qui fait servir sa vertu à l'utilité commune, a besoin de richesses comme d'un moyen également nécessaire et louable. Périclès employait les siennes à secourir les citoyens pauvres, et Anaxagore lui-même en éprouva les effets. On dit que dans sa vieillesse, se voyant négligé par Périclès, que ses grandes affaires empêchaient de penser à lui, il se coucha, et se couvrit la tête de son manteau, résolu de se laisser mourir de faim. Périclès n'en fut pas plus tôt informé, qu'accablé de cette nouvelle, il courut chez lui, et employa les prières les plus pressantes pour le détourner de son dessein. « Ce n'est pas vous que je pleure, lui disait-il : c'est moi, qui vais perdre un ami dont les conseils me sont si utiles pour le gouvernement de la république. » Alors Anaxagore se découvrant la tête : « Périclès, lui dit-il, ceux qui sont besoin d'une lampe ont soin d'y verser de l'huile. »





Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Bibliotheca Classica Selecta (BCS)

 
UCL |FLTR |Itinera Electronica |Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Responsable académique : Alain Meurant
Analyse, design et réalisation informatiques : B. Maroutaeff - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 14/12/2005